Même après l’annonce du verdict, les trois accusés ont nié avoir tué leurs victimes. Pendant la lecture du verdict, Hamed a placé sa tête entre ses mains avant de se pencher sur lui-même. Quant à la mère, elle a commencé à pleurer. Lorsque le juge Robert Maraguer leur a demandé s’il voulait faire une déclaration, ils ont tour à tour affirmé qu’ils étaient innocents. « Nous ne sommes pas des criminels, nous ne sommes pas des assassins. Nous n’avons pas commis ces meurtres. Ceci est injuste », a dit Mohammad, par l’entreprise d’un interprète. Quant à Tooba, elle a déclaré, elle aussi par l’entremise d’un interprète, que « votre honorable justice est injuste » avant de répéter qu’elle n’était pas une meurtrière mais bien une mère.
Hamed, lui, s’est adressé au juge en anglais pour lui dire qu’il n’avait pas noyé ses soeurs, à nulle part. Mais le juge est demeuré impassible. « Vous avez tous été reconnus coupables du meurtre planifié et délibéré de quatre membres de votre famille. (Ce verdict) est nettement appuyé par la preuve présentée devant ce tribunal », a-t-il dit aux accusés. « Il est difficile de concevoir un crime plus ignoble et plus haineux. La raison apparente de ces honteux meurtres commis de sang-froid est que ces quatre totalement innocentes victimes avaient outragé votre concept complètement tordu de l’honneur, lequel n’a absolument pas sa place dans une société civilisée. » Pendant que le juge parlait, Hamed a remis sa tête entre ses mains tandis que le père et la mère lui ont, à un certain moment, caresser le dos pour le consoler.
À l’extérieur du tribunal, le procureur de la Couronne, Gerard Laarhuis, a déclaré que le verdict reflétait bien les valeurs canadiennes. « Le verdict envoie un message très clair au sujet de nos valeurs canadiennes et des principes de base de la société libre et démocratique que savourent tous les Canadiens et même les visiteurs étrangers. » Le procureur a été interrompu dans sa tirade par Moosa Hadi, un fervent partisan des accusés: « C’est un mensonge, c’est un mensonge absolu, a-t-il crié par-dessus l’épaule de Me Laarhuis avant l’intervention de policiers. « C’est une erreur judiciaire. Honte à vous, M. Gerard. » L’homme qui a dirigé l’enquête policière, le sergent-détective Chris Scott, a loué les procureurs pour avoir permis que la voix des quatre filles tuées puisse se faire entendre.
« Ils ont donné à ces victimes une voix qu’elles n’ont plus. J’ai bien apprécié leur travail. » L’avocat de Shafia, Peter Kemp a dit croire que les enregistrements de son client dans lesquelles on peut l’entendre traiter ses filles de putains et dire que la vie ne vaut rien sans honneur ont pesé davantage dans l’esprit des jurés que les preuves physiques. « Il n’a pas été reconnu coupable pour ce qu’il a fait, il a été reconnu coupable pour ce qu’il a dit. » Patrick McCann, l’avocat de Hamed, a annoncé que son client ira en appel de la décision. Il est persuadé que ses collègues qui défendaient les deux autres accusés l’imiteront. « J’ai encore de la misère à comprendre comment la théorie de la Couronne a pu se concrétiser », a-t-il dit.
Les corps des victimes avaient été retrouvés en juin 2009 dans une auto au fond de l’écluse du canal Rideau à Kingston. La famille montréalaise revenait alors d’un voyage à Niagara Falls. Selon la Couronne, les trois accusés avaient tué les victimes avant de placer les corps dans le véhicule qu’ils ont ensuite poussé dans le canal à l’aide de la deuxième automobile de la famille. La défense arguait plutôt qu’il s’agissait d’un accident. Les victimes seraient parties en balade, Zainab conduisant. La voiture aurait plongé dans le canal sous les yeux de Hamed qui n’a pas appelé les secours. Le juge Robert Maranger avait indiqué, vendredi, aux membres du jury qu’ils pouvaient s’entendre sur trois verdicts différents pour chaque accusé: culpabilité de meurtre au premier degré, culpabilité de meurtre au deuxième degré et non-culpabilité.
Source : LaMetropole.com / PC