En conférence de presse à Montréal,
les dirigeants du plus important syndicat dans le secteur de la construction
ont dit croire que les dés sont pipés et qu’ils n’ont rien à gagner à aller
répéter les mêmes doléances que celles qui avaient été mises de l’avant en
commission parlementaire. « On n’a plus confiance,
aucunement confiance, a déclaré le président de la FTQ-Construction, Arnold
Guérin. Ce comité va encore faire des recommandations à la ministre (du Travail,
Lise Thériault) et c’est la ministre qui va encore décider. »
M. Guérin a rappelé que la centrale
avait déjà eu une fin de non-recevoir en commission parlementaire. « Sur tout ce qu’ils nous
avaient demandé de regarder, nous avions des solutions. On n’est pas parfaits;
on sait qu’il y a des problèmes, il y a des choses qu’on peut régler. Nous
étions prêts à nous asseoir pour les régler. Nous n’avons même pas été écoutés
et il n’y a pas une de nos recommandations qui a été retenue ou même analysée.
Donc, nous n’irons pas nous asseoir là pour faire casser du sucre sur notre
dos », a-t-il déclaré.
La FTQ-Construction réclame des
amendements au projet de loi qui lui permettraient d’avoir un lien direct avec
les employeurs pour la référence syndicale, affirmant que ce lien est essentiel
pour agencer les besoins des entrepreneurs et les qualifications spécialisées
des membres. Bien qu’elle s’engage à respecter la
Loi 33, qui porte sur le « placement syndical », la FTQ-Construction
songe à en contester certaines dispositions devant les instances appropriées,
notamment le Bureau international du travail.
La ministre Thériault n’a pas tardé
à réagir; dans l’heure suivant la conférence de presse de la FTQ-Construction,
elle a dit trouver dommage la décision de la centrale de boycotter les travaux
du comité de transition. Bien qu’elle reconnaisse
qu’idéalement tous les intervenants devraient participer, Mme Thériault a
indiqué que le comité fonctionne tout de même. Puis elle a lancé un appel aux
syndiqués qui se sentiraient lésés par des décisions prises par leur syndicat. « Il y aura une période de vote
pour changer d’allégeance syndicale au printemps, a-t-elle indiqué. Les
travailleurs, à ce moment-là, qui pensent qu’ils peuvent être brimés exerceront
leur droit de vote et s’ils veulent rester avec leur syndicat, ils le feront et
s’ils ne le veulent pas, ils changeront. »
Cette déclaration a fait bondir le
syndicat qui a demandé au premier ministre Jean Charest de ramener sa ministre
du Travail à l’ordre. « Il est totalement inacceptable
que la ministre du Travail tente de dicter aux travailleurs et aux
travailleuses du Québec à quel syndicat ils devraient appartenir », a
déclaré le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, par voie de
communiqué. « Il s’agit ici d’ingérence de
la ministre, d’un parti pris qui n’a pas sa place, d’une tentative de
manipulation, voire d’influence. Émettre ce genre de propos alors que la
période de maraudage syndical approche est simplement inacceptable », a
déclaré le syndicaliste, qualifiant l’intervention de diversion destinée à
semer la bisbille pour éviter d’aborder « les problèmes de collusion et de
corruption et de financement des partis politiques dans l’industrie de la
construction ».
MM. Guérin et Ouellet ont d’autre part
tenté de faire valoir, lors de la conférence de presse, que les modifications
qu’entend apporter le gouvernement Charest au régime de travail dans
l’industrie de la construction ne comportent aucune mesure pour améliorer la
santé et la sécurité sur les chantiers. Il s’agit pourtant, selon eux, d’un
problème beaucoup plus important que celui du placement syndical, qui ne touche
que 15 pour cent de la main-d’oeuvre. M. Ouellet a invoqué le grave
accident survenu récemment sur le chantier du centre de recherche du CHUM pour
faire valoir ses arguments.
« C’est une bagarre qui perdure
depuis des années et des années. Pour citer un seul exemple: l’accident survenu
dernièrement sur un chantier de Montréal, où un morceau de glace est tombé (sur
la tête d’un ouvrier). Il y a 12 ans, nous avions le même problème au Palais
des congrès. Ça veut dire que ça ne s’est pas réglé », a-t-il dit. Il a déploré l’apparente
indifférence du gouvernement face à la nécessité de resserrer les règles en
matière de santé et de sécurité du travail sur les chantiers.
L’INFORMATION REPRODUITE SEMBLE PRÉSENTER UN DEGRÉ POSSIBLE DE MANIPULATION DE L’OPINION PUBLIQUE. ON N’EST JAMAIS ASSEZ PRÉVENU.