Les châteaux brûlaient, les propriétés étaient mises aux enchères par l’État, beaucoup de vignobles laissés à l’abandon. Le marché de l’exportation a suivi les aléas de la politique française. Pendant la Révolution et l’Empire napoléonien, les vins de Bordeaux ont perdu leur traditionnel marché britannique, à cause du blocus continental et de la guerre. Les négociants ont dû imaginer et trouver des nouveaux débouchés. Dès 1800 Salin exporte vers l’Afrique et vers l’Amérique du Sud. Napoléon avait justement imposé son frère Joseph comme roi d’Espagne, mais celui-ci y rencontrait de tels problèmes dans la péninsule qu’il fut incapable de gérer les colonies espagnoles d’outre-mer.
Les pays d’Amérique latine très vite ont cessé d’appliquer les lois contraignantes concernant l’importation de vins et Salin y a trouvé une occasion pour ouvrir des marchés. Pierre Salin Jr., prend la succession de son père en 1828, et établit une dynastie. Son fils Victor lui succède en 1845, Joseph Salin, fils de Victor prend la suite en 1880. En 1920 c’est Maurice Salin qui succède à son père. Après un très long règne de presque 40 ans, en 1960, Daniel Salin prend la succession et gère l’entreprise jusqu’en 1985 date à laquelle son fils, Frédéric Salin devient le PDG de la compagnie, et le demeure jusqu’à aujourd’hui.
Une telle continuité est admirable mais n’est pas si rare dans la région de Bordeaux, où plus que partout ailleurs, les familles vigneronnes forment des dynasties. La continuité familiale et des équipes solides et stables ont permis à la Maison Salin de connaître très intimement les grands terroirs bordelais, les producteurs et les marchés internationaux. Elle distribue actuellement les plus prestigieux Grands Crus Classés autant en France que dans le monde. Plus de 6 millions de bouteilles sont stockées dans leurs entrepôts et connaissent une forte expansion depuis six ans.
Christophe Lillet, son directeur général visitait Montréal il y a quelques jours. C’est un homme aimable et élégant, passionné de son métier, d’ailleurs lui-même issu d’une grande famille de producteurs de vins. Nous avons eu l’occasion de déjeuner ensemble et de goûter à quelques délicieux Bordeaux. J’ai été particulièrement charmé par L’Abeille de Fieuzal rouge, cru classé Fieuzal, millésime 2006. Un vin d’assemblage : 45% de Cabernet Sauvignon, 45% de Merlot, 8% de Cabernet Franc et 2 % de Petit Verdot.
Le millésime 2006 a bénéficié d’un climat contrasté, marqué par une alternance inédite de forte chaleur en juillet et en septembre et de fraîcheur en août. Il a été travaillé pour arriver à obtenir un vin souple et riche, avec toujours cette fraîcheur caractéristique des vins de Pessac-Léognan. La robe est rouge pourpre avec des reflets noirs et une belle intensité. Les arômes se caractérisent par des notes de cerise, de cassis, et de mûre avec de légères notes grillées, voire épicées. Il a une très jolie expression de fruit frais. La bouche est gourmande avec des tanins qui structurent à merveille ce vin.
Un autre vin notable est L’Abeille de Fieuzal 2009, blanc, appellation Pessac Léognan contrôlée. Assemblage : 65% de Sémillon, 30% de Sauvignon blanc et 5% de Muscadelle. L’été 2009 a été très sec et a permis au raisin d’atteindre une belle maturité. La robe est belle, jaune, brillante, avec une agréable vivacité. Des arômes intenses d’agrumes, surtout de pamplemousse et de citron, des notes de pêche, et en deuxième nez de l’aubépine et du tilleul. Une attaque en bouche grasse, et une finale saline qui lui confère une grande élégance. Ce vin se marie remarquablement avec les fruits de mer, et les poissons mais aussi avec des fromages généreux.
DISPONIBLES À LA SAQ EN SPÉCIALITÉ :
Abeille de Fieuzal rouge 2006, code SAQ 10924338, 32,50 $.
Abeille de Fieuzal blanc 2009, Pessac Léognan AOC, code SAQ 10927168, 35,50 $.
Christophe Lillet, directeur général de SALIN
Représenté au Québec par Benoît Lecavalier
Agence Benedictus
Tél. : 450 671-5572
Source : LaMetropole.com