manifestation a aussi donné lieu à quelques incidents entre manifestants et
policiers, mais aussi entre manifestants, journalistes et caméramans. Le
Service de police de la Ville
de Montréal a rapporté quatre arrestations. Certains « pourraient être
accusés d’entrave ou de refus d’obtempérer » aux ordres, a fait valoir le
SPVM en après-midi. Les accès
au Centre de commerce mondial, où la coalition devait manifester à
l’origine, avaient été verrouillés à l’intérieur et à l’extérieur, et étaient
surveillés par les policiers avant même l’arrivée des manifestants à 7 h 30
jeudi matin.
Les
protestataires se sont donc tournés vers la tour de la Bourse, située en face. Les
personnes qui y travaillent ont pu y entrer jusqu’à 7 h 45 environ, mais chaque
porte a ensuite été bloquée par des dizaines de manifestants et une longue
banderole. La Coalition opposée à la tarification et à la
privatisation des services publics dénonce plus particulièrement la hausse des
tarifs d’électricité, la hausse des droits de scolarité universitaires de 325 $
par année pendant cinq ans, et la contribution santé, que chaque citoyen doit
payer dans sa déclaration de revenus _ soit 50 $ en 2010, 100 $ en 2011 et 200
$ en 2012.
Parmi les
manifestants, on reconnaissait des gens du Front d’action populaire en réaménagement
urbain (Frapru), de la
Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), de comités
logement, de la Fédération
étudiante collégiale du Québec, de l’Association pour une solidarité syndicale
étudiante, du syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA-FTQ), de
la Fédération
nationale des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et de la Fédération des femmes
du Québec.
« On
est ici, notamment, pour protester contre l’augmentation des frais de
scolarité, a commenté en entrevue Léo Bureau-Blouin, président de la Fédération étudiante
collégiale. On est inquiet des impacts que ça va avoir, non seulement sur les
étudiants, mais également sur les familles de la classe moyenne qui ont de la
difficulté à joindre les deux bouts. « On a
fait plusieurs manifestations de petite envergure; aujourd’hui on hausse le ton
_ non seulement les étudiants mais aussi les groupes communautaires, les
groupes de femmes, les syndicats. On a décidé de s’unir en équité
intergénérationnelle », a ajouté M. Bureau-Blouin.
Même si
certaines de ces « taxes » ont déjà été implantées, comme la
contribution santé, ces groupes estiment qu’il n’est pas trop tard pour
protester. « Pour moi, il n’y a encore rien de joué. On a encore le temps.
Et le prochain budget de M. Bachand peut réparer tout ça, s’il le veut, en se
tournant vers les contribuables qui ont plus d’argent et vers les entreprises,
aussi, qui doivent faire leur part », a commenté en entrevue François
Saillant, coordonnateur du Frapru.
Les
syndicats d’infirmières disent voir quotidiennement les effets de la pauvreté
sur la santé des gens. « On ne pensait jamais, quand on préparait ça, qu’on
arriverait à bloquer la
Bourse. Et on est arrivé quand même à bloquer les entrées de la Bourse. À chaque fois, on
se dit: c’est l’énergie des vainqueurs, l’énergie des gens qui se disent ‘je
n’ai rien à perdre, mais tout à gagner’. Alors, on va continuer de le faire,
parce que ce n’est pas possible qu’on élise un gouvernement et qu’ensuite, il
ne nous écoute pas », a plaidé la présidente de la FIQ, Régine Laurent.
À Québec,
le ministre Raymond Bachand semblait trouver que les manifestants dépassaient
les bornes. « Les gens ont le droit de manifester et d’exprimer leurs
droits, mais ils n’ont pas le droit d’empêcher les autres de travailler. Tout
le monde a des droits dans la société et ça doit se faire avec respect. Ils ont
le droit de manifester, mais de bloquer le centre-ville, ça, c’est interdit et
c’est inacceptable dans une société », a-t-il objecté.
BOUSCULADES
Les
manifestants n’ont pas bloqué le centre-ville, mais ont certes ralenti la
circulation sur leur passage. Ils se sont mis à marcher dans des rues
achalandées du centre-ville, spontanément, sans itinéraire précis, causant des
maux de tête aux automobilistes entre lesquels ils circulaient. Pendant
que les manifestants de la coalition continuaient de scander des slogans devant
l’entrée principale de la tour de la
Bourse, quelques dizaines d’autres, plus jeunes,
vraisemblablement des étudiants, se sont rendus devant l’hôtel Delta, qui
communique avec la tour de la
Bourse et le Centre de commerce mondial par des tunnels.
Des
dizaines de policiers, casqués et matraque en main, ont dû encercler l’hôtel.
Ils ont utilisé du gaz poivre à quelques reprises. Parfois, les protestataires
empêchaient même les clients de l’hôtel d’entrer. Les policiers ont dû aider
certains clients à franchir des cordons de manifestants qui se tenaient par les
coudes. Les policiers ont demandé aux manifestants de s’éloigner de l’entrée de
l’hôtel et, comme ils restaient sur place, un policier a vaporisé du gaz
poivre. Une
empoignade a aussi eu lieu entre des manifestants et un caméraman qui les
filmait. Ceux-ci criaient aux journalistes et caméramans « Crisse ton
camp! », pendant que ces derniers leur disaient d’enlever leur masque et de
ne pas toucher aux reporters.
À un autre
moment, les policiers ont procédé à l’arrestation de deux jeunes manifestants.
Après qu’ils les aient fait monter à bord du fourgon, les policiers ont tenté
de mettre le véhicule à l’abri, plus loin, dans un stationnement privé.
Quelques dizaines de manifestants se sont alors déplacés pour encercler le
fourgon, et les policiers ont dû utiliser du gaz poivre pour éloigner les
manifestants et laisser le fourgon circule