Avec la notoriété vient un prix quant aux attentes de la clientèle. Nettement, à la lecture des critiques depuis le passage initial du grand Ramsay, il n’y avait pas de quoi s’énerver. Du poulet reste du poulet et à moins de vouloir se réinventer dans une localisation historique de la métropole, valait mieux pas s’aventurer à comprendre des plats qui font partie d’une tradition culturelle profonde. J’avais des questions au sujet du menu car j’avais entendu parler de certains plats avec des appellations typiquement britanniques qui s’étaient ajoutés mais qui ne figuraient plus au menu. Je voulais en vérifier l’authenticité mais, de toute évidence, vaut-il mieux rester fidèle aux papilles de nos compatriotes.
L’ajout du «fish and chips» était un naturel pour chef Ramsay et ça passe quand même bien au Québec. Mais quand un Britannique prête son nom à un resto et ajoute des plats signature de son pays natal, se doit-il de préserver l’intégrité de la recette et servir quelque chose dont la clientèle pourra apprécier à sa juste valeur. J’ai bien peur que cette association était mal calibrée depuis le départ et l’autre soir a été pour moi l’apothéose du résultat du jour. Bien sûr qu’un chef avec un empire aussi important n’a pas le temps de s’occuper d’un petit resto modeste qui a peine à expliquer à la clientèle qu’on ne peut pas ouvrir un vin en importation privée si le client n’est pas certain de l’aimer parce qu’on ne pourra pas le changer.
En plus, quand on met le serveur au défi, on ne peut même pas expliquer le raisonnement derrière. Ce n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais dans le resto de Ramsay. Si on parle poulet, bien c’est comme parler de poutine. Chacun a sa préférence : St-Hub, Laurier, etc. Pour un plat aussi commun et répandu, je n’en ferai pas un débat à finir sur la finesse des assaisonnements de rôtisserie et le secret de la sauce. En ce qui concerne le fish, mis à part les chips qui étaient d’une qualité maison soutenable, on me présente le poisson comme étant de la morue noire. Bien qu’impressionnant, la pâte à cuire autour du poisson, qui lui était cuit à point, blanc et très floconneux, était pâteuse et manquait de cuisson, quel gâchis!
Tout ça pour dire pas de besoin du nom d’un chef célèbre pour continuer à servir ce que la ville reconnaît déjà comme une cuisine de tradition très appréciée. Quand on enlève notre focus sur une formule à succès pour entrer dans l’histoire culinaire avec un échec, on est mieux de prendre des décisions rapides pour renverser la vapeur et reprendre le momentum perdu d’une institution reconnue et appréciée. Il vaut mieux que chef Ramsay s’affaire à des entreprises plus prometteuses où il peut injecter sa formule personnelle au lieu d’essayer de reprendre ce qu’il ne comprend pas. Bravo à l’équipe du Laurier pour avoir tenté l’expérience mais surtout, d’avoir eu la lucidité de reprendre la formule d’origine.
Ce qu’ils ont gagné : un nouveau bar avec un cellier très actuel et une notoriété qui leur aura valu de nouveaux adeptes. Pour ma part, je l’ai vu et je n’y retournerai probablement plus. Ils auront eu leur cinq minutes de gloire internationale mais je mets quiconque au défi de mettre nos grands chefs de la métropole en compétition avec chef Ramsay. Il pourrait alors peut-être même nous envier!
NOTE : On peut maintenant réserver en ligne sur « Open Table »
Ma cote : 3 / $$
Tripant : le nouveau bar
Moche : les banquettes étroites et le poisson pâteux
1 Mauvaise expérience
2 Des croûtes à manger
3 Un certain potentiel
4 Vous avez réussi à m’impressionner
5 Expérience inespérée
$ petit prix
$$ abordable
$$$ faut planifier le budget
$$$$ occasions
Ma classification est basée sur un regroupement d’éléments : qualité de la nourriture, goût, présentation, ambiance, service, sélection de vins et le rapport qualité/prix
LAURIER 1936
381, rue Laurier ouest
Montréal (Québec)
Tél. : 514 273-3671
Source : LaMetropole.com