Le
maire de Montréal, Gérald Tremblay, a fait une sortie en règle, mercredi,
reprochant au gouvernement du Québec de vouloir imposer un modèle qui
désavantagerait la métropole. « Le
projet de loi sur les photo-radars et les caméras aux feux rouges du
gouvernement démontre une fois de plus un manque de compréhension de la réalité
de la métropole du Québec », a déclaré le maire en conférence de presse. M.
Tremblay est allé jusqu’à y voir une forme de paternalisme inacceptable.
« Le
président de l’Union des municipalités du Québec disait: ‘l’autonomie c’est
important, il faut arrêter d’infantiliser le monde municipal’. La
responsabilité des limites de vitesse dans les villes, c’est une responsabilité
de Montréal et des villes. Nous sommes capables de collaborer avec le
gouvernement du Québec, mais (nous ne voulons) pas que le gouvernement du
Québec vienne se substituer et mettre en place ses mécanismes de
contrôle. » M.
Tremblay en a tout à la fois contre la gouvernance, le modèle d’affaires et le
modèle financier proposés par Québec, qui portent atteinte, selon lui, à
l’autonomie de Montréal.
Ainsi,
il n’accepte pas que ce soit le gouvernement provincial qui décide des endroits
où ces appareils seront installés, que les sommes collectées soient envoyées
dans un fonds collectif pour être partagées à l’échelle provinciale, et que la
gestion du projet soit centralisée. « On
voudrait avoir le droit d’installer nos propres photo-radars aux endroits que
nous voulons, et on veut que tous les revenus de Montréal restent à Montréal »,
a martelé le maire, visiblement irrité. M.
Tremblay voudrait que ces revenus soient réinvestis en sécurité routière à
Montréal, ce qui permettrait de libérer des fonds pour les réorienter vers la
sécurité publique.
Par
ailleurs, il ne veut pas laisser Québec implanter le modèle de signalisation à
chaque installation de radars photo. Il propose plutôt une approche qui
obligerait les automobilistes à demeurer sur le qui-vive partout sur l’île.
« Pourquoi
ne pourrait-on pas installer des grands panneaux à l’entrée de Montréal pour
dire: faites attention, si vous circulez à Montréal, vous devez respecter la
réglementation sinon, à ce moment-là, il y a des photo-radars. Le gouvernement
ne veut pas cela. Le gouvernement parle de l’acceptabilité. Ça veut dire qu’il
faut informer d’avance l’automobiliste qu’il est susceptible d’avoir une
infraction. On dit d’avance à la personne: vous allez être sous radar, donc
ralentissez. Le résultat, c’est que la personne est avertie », a expliqué
le maire.
Par
ailleurs, dans une lettre envoyée au ministre des Transports, Pierre Moreau,
les propositions de Montréal démontrent clairement une volonté d’obtenir
davantage de revenus que ce que prévoit le projet provincial. On y retrouve
notamment des demandes pour contrôler non seulement le passage au feu rouge
mais aussi la vitesse aux feux verts et jaunes de même que les vitesses
moyennes sur des tronçons de route, imposer des amendes plus élevées, et
utiliser des opérateurs civils moins coûteux que les policiers pour le traitement
de la preuve.
Quant
au modèle financier, Montréal exige que toutes pertes de revenus engendrées par
le remplacement du contrôle conventionnel par le contrôle automatisé soient
compensées, que les dépenses pour le déploiement et la gestion des appareils
lui soient remboursées, et que les excédents dégagés par l’opération lui soient
versés.