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DÉcÈs de guy boucher

Retiré du monde depuis des années, il est
mort à la suite d’une longue maladie. Guy Boucher, c’est toute une page de la
radio et de la télévision qui s’éteint. Et le plus scandaleux c’est qu’aucun
des deux réseaux de nouvelles n’a accordé hier en soirée la moindre ligne à ce
décès. C’est d’un mauvais goût. On peut comprendre qu’il ait souffert d’une
très grande dépression. Il a vu le jour à Saint-Hyacinthe (où il est décédé d’ailleurs)
le 29 juin 1943. Il était issu d’une famille de 11 enfants.

Le jeune Boucher
adorait écouter des chansons et se plaisait à reproduire ce qu’il écoutait. Et
on l’invitait souvent à chanter dans des mariages. Il fera par la suite des
études de comédien à l’École nationale de théâtre. Mais il sera presque
aussitôt embauché en 1963 pour animer durant quelques années la grande émission
jeunesse de la télévision de Radio-Canada, « Jeunesse oblige ». Ce
qui en fit une immense vedette populaire. Il était beau garçon, sans une once
de prétention et servi par un sourire dévastateur. Côté chanson il connaîtra le
succès en interprétant en duo avec Ginette Sage « Devant le juke-box ».
C’était en 1966. Deux ans plus tard, il anime en compagnie de Françoise Lemieux
« Du feu s.v.p. » de 1968 à 1969.


LES
COQUELUCHES

Mais là où il atteint le zénith en carrière
c’est en coanimant avec Gaston L’Heureux l’émission du midi « Les
Coqueluches » de 1974 à 1980. Un must pour ce qui est des cotes d’écoutes
et qui donne la chance aux artistes au quotidien de défiler, ainsi qu’à la
relève. Le public adorait ce genre de variété. Entretemps Boucher fera de la
radio, notamment à CKVL et tâtera des affaires comme proprio de la discothèque La Balantek au centre-ville
de Montréal. Un volet qui ne s’éternisera pas.

TOUT
S’ÉCROULE
 

Il filait allègrement vers une popularité
sans cesse grandissante quand dans les années 80 il sera mêlé malgré
lui à une sombre histoire judiciaire qui fit tout basculer. Un soir à
Saint-Hyacinthe, en compagnie d’un ami, il s’était rendu voir une maison qui
semblait attirer l’attention en vue d’un futur achat. Mais pour des raisons qui
n’ont jamais été trop éclaircies, l’ami en question, profitant que la résidence
était déserte, a fracassé une fenêtre avec un pied-de-biche, alertant du coup le
voisinage. La police arriva presque sur-le-champ et procéda à l’arrestation de
Guy Boucher. Cette histoire entachera sa réputation à jamais, au point qu’il
perdit tout contrat et la presse artistique en fit ses choux gras. À l’époque
on ne rigolait pas avec la morale des personnalités artistiques.

VIE
MONASTIQUE

Il trouva son salut dans la vie
spirituelle, en dépit d’une dépression tenace. C’est ainsi qu’il entra au
noviciat à l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac. Les fidèles n’en revenaient pas de
voir le célèbre animateur parmi les moines dans la chapelle. L’aventure dura
six mois. Il confessera beaucoup plus tard qu’il gardait dans sa cellule une
bouteille d’alcool à portée de la main. Il a raconté ce pan de sa vie dans un
ouvrage intitulé « Ma vie au monastère ».  En 1990, retour à la télé, alors qu’il coanime
à TQS l’émission culinaire « La Fourchette d’Or » avec pour partenaire Sœur Angèle.

Il sera ensuite durant une dizaine d’année à la barre d’une émission religieuse sur
les ondes du Canal Vox. Puis plus rien. Il terminera son existence en reclus.
Tellement que lors du décès de Gaston L’Heureux en janvier 2011, j’avais tenté
de le joindre pour obtenir une réaction. La voix au téléphone était à peine
audible, comme vieillie prématurément. Et il refusa net toute déclaration. Au
meilleur de sa carrière c’était un chic type, très considéré dans la colonie
artistique. Malheureusement une vie brisée, sans doute car trop de sensibilité.
Lui plus que tout autre trouve enfin le repos éternel.