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Thomas mulcair nouveau chef du npd

Dans une lutte finale
l’opposant au stratège Brian Topp, Thomas Mulcair a remporté l’investiture
néodémocrate avec 57,2 pour cent des voix, devenant ainsi le chef de
l’opposition officielle qui affrontera quotidiennement Stephen Harper au
Parlement. Cela lui aura pris pas moins de quatre tours de scrutin pour venir à bout de
ses six adversaires. Ses détracteurs ont eu beau le dépeindre comme un
centriste au tempérament trop bouillant pour prendre le relais du défunt Jack
Layton, rien n’a été en mesure de stopper l’élan du député d’Outremont.

À l’annonce de sa victoire, un tonnerre d’applaudissements a fait vibrer le
Centre des congrès de Toronto, où plus de 4500 militants s’étaient rassemblés
pour sélectionner leur nouveau leader. Pour montrer que son parti était toujours uni après cette longue course à la
chefferie, le nouveau leader a attrapé la main de son rival Brian Topp afin de
la brandir dans les airs, et a même partagé une poignée de mains avec l’un de
ses principaux opposants, l’ancien chef Ed Broadbent.

L’unité du parti, mais aussi du pays  a d’ailleurs été au coeur du discours
qu’il a immédiatement livré à la foule. «Pour gagner lors de la prochaine élection et former le premier gouvernement
fédéral néodemocrate, notre parti doit aller au-delà de sa base traditionnelle
et unir toutes les forces progressistes sous la bannière du NPD», a déclaré le
chef nouvellement couronné. Il a dénoncé la politique de division qu’exercent à son avis les conservateurs,
en opposant notamment les anglophones et les francophones du pays. «Nous allons nous unir, nous allons unir notre pays, et ensemble, nous bâtirons
un Canada plus juste et un monde meilleur», a assuré M. Mulcair.

Sur la scène où s’était agglutinée sa famille, mais aussi les autres candidats
et une bonne partie du caucus néodémocrate, il s’est rappelé que le message de
Jack Layton était de «donner aux gens une raison de croire qu’ils peuvent voter
pour le changement qu’ils veulent – et l’obtenir». «Notre futur est illimité si nous avons les bonnes priorités», a tranché le
député d’Outremont. Thomas Mulcair était le seul Québécois néodémocrate à siéger aux Communes avant
que la vague orange déferle sur le Québec le 2 mai dernier. Si la personnalité
rayonnante du «bon Jack» est à l’origine de cette percée historique, la place
que cet ancien chef du cabinet Charest a su se tailler dans les médias le
printemps dernier n’y est pas complètement étrangère.

Brian Topp, le candidat de l’establishment du parti que les observateurs
donnaient gagnant sur la ligne de départ, a dû rendre les armes au fil
d’arrivée. Le tour précédent, c’est Nathan Cullen, jeune représentant de la Colombie-Britannique,
d’abord perçu comme un candidat marginal en début de course puis considéré
comme un rival sérieux, qui s’était incliné, récoltant un peu moins de 25 pour
cent des voix. Les résultats du dernier tour de scrutin ont été annoncés uniquement vers 21 h
30 samedi, après d’innombrables retards forcés par des tentatives d’attaques de
pirates informatiques sur le système néodémocrate. La présidente du parti,
Rebecca Blaikie, a assuré que ces tentatives avaient échoué et que la sécurité
des votes des militants n’avait pas été mise en danger.

«D’après ce qu’on voit, c’est sûr que (l’attaque) est organisée. On va enquêter
demain (dimanche)», a-t-elle ajouté. En tout début de journée, trois candidats ont d’emblée été écartés de la
course: Niki Ashton  qui avait obtenu le moins d’appuis au premier tour de
scrutin , mais aussi Paul Dewar et Martin Singh, qui ont choisi volontairement
de se retirer devant des résultats décevants. L’Ontarienne Peggy Nash a été
éliminée au deuxième tour de scrutin. Mêmes déçus, les candidats défaits et leurs partisans se sont rapidement remis.
Car les néodémocrates souhaitent afficher un front uni derrière leur nouveau
chef pour mieux déloger du pouvoir les conservateurs.

«Quand c’est fini, c’est fini», a déclaré un Brian Topp souriant, malgré la
défaite. «On a notre chef, Thomas Mulcair, on est tous derrière lui», a insisté
celui qui s’est battu jusqu’à la fin. Et qui refusait de critiquer son
adversaire après sa victoire. Cela n’a pas empêché les adversaires politiques des néodémocrates de justement
relever certaines dissensions qui sont apparues entre les candidats lors de la
course. Selon le député libéral Denis Coderre, présent lors du congrès, il s’agit d’un
«parti divisé», et le nouveau chef aura fort à faire pour rassembler ses
troupes.

Il a félicité M. Mulcair pour sa victoire, citant certains de ses atouts comme
son expérience politique mais ajoutant du même souffle «qu’il a les qualités de
ses défauts». «Il a la mèche courte. Jack Layton était un guerrier heureux (happy warrior)
mais M. Mulcair, c’est un guerrier tout court», estime-t-il. Quant aux conservateurs, ils ont rapidement donné le ton. «C’est un député qui est très vicieux, très agressif. (…) il est un homme
d’extrême-gauche», a déclaré le ministre du Patrimoine canadien James Moore,
peu avant l’annonce finale, puisqu’il prévoyait déjà la victoire du Québécois.

Le taux de participation aux différents tours n’a jamais dépassé les 50 pour
cent, un chiffre relativement bas. En comparaison, en 2003, lorsque Jack Layton
l’avait emporté au premier tour, il s’était élevé à près de 71 pour cent. Pour gagner, un candidat devait obtenir 50 pour cent des voix. À chaque tour de
scrutin, le candidat arrivant en queue de peloton était éliminé, et ainsi de
suite jusqu’à ce que quelqu’un obtienne la majorité des voix. Environ 56 000 des détenteurs d’une carte de membre avaient déjà scellé leur
vote en se prononçant par anticipation, par la poste ou par internet, en
inscrivant les noms des candidats par ordre de préférence.

Le retour de M. Mulcair à Ottawa aux côtés des candidats défaits siégeant aux
Communes  dont plusieurs sont de parlementaires redoutables promet d’ajouter
du piquant à la période de questions. Prenant la place de la plus discrète chef intérimaire Nycole Turmel, Thomas
Mulcair talonnera le premier ministre avec son style combatif, alors que le
scandale des appels frauduleux des dernières élections continue de semer l’émo