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Cessez «d’ÉcŒurer» nos Étudiants!

D’une certaine manière, je sympathise avec vous.  Cela ne peut être facile de se retrouver dans votre position.  Par contre, là où je sympathise moins, c’est quand vous ne reconnaissez pas votre « juste part » – le slogan de l’heure, n’est-ce pas? – de responsabilité dans ce qui est entrain de se produire. Vous êtes en position de pouvoir.  La légitimité de votre pouvoir vacille. Dans de telles conditions, vous avez toujours le choix : soit vous faites ce qu’il faut pour que le groupe que vous commandez reconnaisse votre autorité, soit vous avez recourt à la force.
 
Vous avez rompu le dialogue.  Vous avez opté pour un rapport de force.  Vous avez donc une part de responsabilité dans chaque coup porté sur nos jeunes.  L’irresponsabilité des étudiants aura entraîné des bouchons de circulation. La vôtre aura coûté un œil et combien d’autres coups? Je n’attends pas de vous que vous cédiez sur demande. Je n’espère ni un gouvernement soumis à sa population, ni une population soumise à son gouvernement.  J’attends de vous que vous répondiez aux étudiants, qui ont des arguments méritant des explications qui vont bien au-delà des seuls deux mots que vous avez trouvé : «juste part».  J’appelle ça de l’infantilisation et une insulte à l’intelligence du bassin le plus éduqué de notre société.
 
Votre stratégie est toujours la même, soit de réduire le débat du financement des services publics à un choix entre l’argent de l’utilisateur de service et les impôts du contribuable de la classe moyenne.  Vous créez deux clans dans les classes moyennes et populaires et vous vous arrangez toujours pour que personne ne remette en question la contribution des classes bourgeoises et des petites bourgeoisies, qui composent 20% de la population dans une économie capitaliste.  Pendant que les deux classes les plus pauvres se déchirent entre elles, personne ne parle de nous, les petits riches, et personne ne parle des multinationales qui viennent s’installer chez nous et repartent avec les profits de nos ressources naturelles. 

Ce n’est pas vrai que les étudiants invitent les contribuables de la classe moyenne à couvrir les coûts en éducation.  Vous êtes ridicules quand vous nous répétez jour après jour que les «pauvres travailleurs» vont devoir payer la facture. Vous évitez le débat auquel vous êtes conviés.  Si vos arguments ne font pas le poids, vous cédez… Vous ne sortez pas les matraques!  Ces étudiants ont toutes les raisons du monde de remettre en question la hausse des frais de scolarité. Soyons clairs. Je préfère vivre dans un pays où les gens bloquent des ponts pour faire valoir leur droit de parole, plutôt que dans un pays où on envoie les forces de l’ordre frapper sur nos enfants. 

Je vous invite à reconnaître votre part de responsabilité dans chaque coup qui sera porté sur nos jeunes grévistes.  Ayez au moins la décence d’admettre que vous n’avez pas les arguments nécessaires pour que ces étudiants rentrent chez eux.  Assumez votre choix de refuser le dialogue et d’avoir recours à la force. Il est de votre devoir de trouver les arguments nécessaires pour résoudre ce conflit.  Vous n’avez pas le droit de vous défiler.  Si vous n’y arrivez pas, vous n’avez pas le droit de faire appel aux forces de l’ordre.  Nous n’avons pas créé la police pour palier aux mots que vous ne trouvez pas.  
 
Il ne s’agit pas que de simples « étudiants ».  Vous vous adressé à l’élite de notre société et aux esprits les plus brillants parmi nous.  Espérons qu’ils n’auront pas le même mépris à notre endroit lorsque viendra le temps de leur léguer les rênes de notre société.  
 
Eric Chiasson, médecin psychiatre

Source : LaMetropole.com

ÉTUDIANTS EN GRÈVE : DE TOUT COEUR DERRIÈRE VOUS!