l’endettement des ménages canadiens représente la principale menace intérieure
à l’économie canadienne mais, dans un même souffle, il craint de nuire à la
reprise s’il augmente les taux d’intérêt pour ralentir les emprunts. Au cours
d’une entrevue accordée à La Presse Canadienne, M.Carney s’est dit prêt à
intervenir si la situation devenait hors de contrôle. « Dans des
circonstances exceptionnelles, si l’endettement des ménages menace la stabilité
financière du pays, par exemple,
la
Banque du Canada peut alors utiliser la politique monétaire
pour rétablir la situation ». Une
entente conclue avec le gouvernement fédéral, l’an dernier, lui permettrait
d’intervenir en ce sens. Mais M.
Carney ne croit pas que la marmite bout encore. Il se dit encouragé par le
récent ralentissement du marché domiciliaire. Le rapport entre l’endettement et
le revenu disponible s’est élevé à près de 150 pour cent à la fin de l’an
dernier. Les experts de la
Banque du Canada prédisent que cette proportion grimpera à
160 pour cent, le chiffre atteint aux États-Unis avant la crise de 2008, d’ici
la fin de l’année.
« Nous
n’avons jamais été individuellement aussi endettés comme nous le sommes
aujourd’hui, a poursuivi M. Carney. Nos analyses démontrent qu’environ 10 pour
cent des Canadiens sont vulnérables si les taux d’intérêt reviennent à la
normale, et les taux d’intérêt vont revenir à la normale ». Les
Canadiens continuent d’emprunter ou d’hypothéquer de nouveau leur maison parce
que la croissance de leurs revenus a si ralenti qu’elle se situe en-dessous du
taux d’inflation. Les
Canadiens ne se croient pas être très endettés, en partie à cause de la
persistance des très faibles taux d’intérêt. De plus, les spécialistes du
secteur privé répètent que la
Banque du Canada n’augmentera pas ses taux cette année malgré
les avertissements de M. Carney.
De tels
propos inquiètent le gouverneur. Si les taux d’intérêt se mettent à grimper et cela arrivera bien un jour en même temps qu’une baisse du prix des
maisons, cette situation risque d’exploser au visage des consommateurs
canadiens. La valeur des actifs des propriétaires baissera, le fardeau des
dettes augmentera alors que la croissance de leur revenu demeurera modeste. Si les
taux d’intérêt augmentent, les experts craignent de voir les ménages couper
leurs dépenses. En conséquence, cela réduirait l’activité économique au pays.
M. Carney
dit avoir parlé directement aux banques pour qu’elles resserrent leur politique
de prêt. Il a
clairement indiqué qu’une hausse des taux d’intérêt visant uniquement à stabiliser le marché immobilier ne sera considérée que s’il y a une
menace à la stabilité financière du pays,
et encore, seulement à titre complémentaire.