En conférence de presse,
dimanche après-midi, elle s’est dit prête à discuter avec la FÉUQ pour mettre sur pied une
commission indépendante et permanente sur la gestion des universités. La ministre maintient toutefois que le gouvernement ira de l’avant avec la
hausse des droits de scolarité. Mme Beauchamp voulait réagir à une proposition, adoptée cette fin de
semaine par les membres de la FÉUQ lors de leur assemblée générale
annuelle, visant à implanter une commission d’évaluation des universités.
«Nous sommes ouverts à nous asseoir autour d’une table pour discuter de cet
enjeu parce que c’est un bon sujet de discussion» a-t-elle déclaré. «Nous restons par ailleurs fermes sur la hausse des droits de scolarité. Mais
si nous demandons un effort supplémentaire aux étudiants, nous sommes d’accord
pour leur faire une place supplémentaire pour qu’ils aient leur mot à dire dans
la gestion des universités.» Même si elle répondait à une résolution de la FÉUQ, Line Beauchamp a fait savoir que sa
proposition de dimanche s’adressait également à la Fédération étudiante
collégiale du Québec (FÉCQ).
«Au cours des derniers jours, la
FÉCQ était aux côtés de la FÉUQ en ce qui concerne la gouvernance des
universités. Notre porte sera donc ouverte aux membres de la FÉCQ s’ils le souhaitent»,
a-t-elle affirmé. Quant à la Coalition
large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSÉ), la
ministre a émis des doutes sur son désir de discuter avec le gouvernement.
«À ma connaissance, la CLASSÉ
n’a jamais soumis aucune base de discussion. Et cette position assez extrême
amène même son porte-parole à être incapable de dénoncer les gestes de
vandalisme et de violence qui sont récemment survenus», a-t-elle noté, faisant
vraisemblablement référence au saccage de son bureau de circonscription à
Montréal-Nord vendredi matin par une quinzaine de manifestants.
UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION
L’invitation lancée par Line Beauchamp a été accueillie avec optimisme par la FÉUQ et la FÉCQ, qui y ont vu un signe
que les pressions exercées par les étudiants depuis février commençaient à
porter fruits. «Avec cette proposition, la ministre reconnaît qu’il y a un problème du côté de
la gestion des universités, ce qui est déjà quelque chose», a déclaré Martine
Desjardins, qui a été réélue à la tête de la FÉUQ ce week-end, en entrevue téléphonique avec
La Presse Canadienne.
«Je le vois comme une ouverture, comme un pas dans la bonne direction», a pour
sa part affirmé Léo Bureau-Blouin, porte-parole de la FÉCQ. «Mais c’est sûr que la crise est loin d’être terminée. Il ne
faut pas oublier que le noeud du problème est la hausse des droits de
scolarité.» Le fait que Line Beauchamp ait insisté sur sa détermination à maintenir la hausse
n’a pas paru inquiéter la présidente de la FÉUQ. «Les droits de scolarité sont intimement liés à la gestion
des universités, alors nous n’aurons pas le choix d’aborder ce sujet au cours
des discussions», a fait valoir Mme Desjardins.
De son côté, le coporte-parole de la
CLASSÉ, Gabriel Nadeau-Dubois s’est indigné que Mme Beauchamp
n’ait pas spécifiquement invité l’organisation à prendre part aux pourparlers. «On a été exclus de la table des négociations par la ministre, pour nous c’est
inacceptable», a-t-il tranché alors que les membres de la CLASSÉ étaient réunis au
Cégep de Drummondville pour discuter de l’offre de Line Beauchamp et de la
suite des choses. «On demande aux autres organisations étudiantes de respecter l’engagement
qu’elles ont pris publiquement il y a deux semaines et de refuser de négocier
en notre absence.»
Selon Martine Desjardins, la FÉUQ
a bien l’intention de tenir parole et de présenter un front uni au
gouvernement. «Il est important que tout un chacun puisse avoir voix au chapitre. En ce sens,
la FÉUQ exige
que la FÉCQ et la CLASSÉ soient invitées à la
table», a-t-elle dit dans un communiqué émis dimanche soir, dans lequel elle
déplore la stratégie «diviser pour mieux régner» que le gouvernement semble
avoir adoptée. Mme Desjardins a précisé que son organisation communiquerait avec le bureau de
Mme Beauchamp dans les prochains jours pour parler des modalités d’une
éventuelle rencontre.
D’ici là, la FÉUQ
entend poursuivre ses moyens de pression, notamment par le biais d’une publicité
radio qui sera diffusée dès lundi et d’une manifestation qui se tiendra
mercredi à Montréal.