Les autorités l’attendaient de pied
ferme à son retour de vacances à Cuba et l’ont emmené au poste de police vers
1 h 30. Cette arrestation est survenue dans le cadre de l’opération
Gravier, visant au démantèlement d’un réseau de partage de contrats municipaux
sur la Rive-Nord
de Montréal. Mardi, l’Unité permanente
anticorruption (UPAC) avait arrêté 14 personnes
dans cette affaire. L’entrepreneur Tony Accurso et l’entrepreneur Normand
Trudel figurent parmi les personnes mises en cause dans ce coup de filet.
Le maire de Mascouche était la
quinzième personne visée par les mandats d’arrestation. Un total de
47 chefs ont été déposés contre les accusés, dont fraude, fraude envers le
gouvernement, abus de confiance, trafic d’influence, actes de corruption,
complot et utilisation de documents contrefaits. Les 14 personnes arrêtées mardi
ont toutes été relâchées et comparaîtront le 19 juin prochain au palais de
justice de Joliette. Le maire de Mascouche se trouve de son côté toujours au
quartier général de la Sûreté
du Québec. Sa femme a elle aussi été interrogée, mais aucune accusation n’a été
déposée contre elle.
SÉRIE DE RÉVÉLATIONS TROUBLANTE
En novembre 2010, le maire Marcotte
avait fait l’objet d’allégations de conflits d’intérêts, après que l’émission Enquête
eut révélé qu’il avait obtenu des avantages personnels auprès de l’entrepreneur
Normand Trudel. Transport et Excavation Mascouche,
qui a obtenu des contrats municipaux d’une valeur de près de 40 millions
de dollars en 2008 et 2009, aurait réalisé gratuitement des travaux de
plusieurs milliers de dollars à la résidence personnelle du maire Marcotte, et
aurait posé pour lui des pancartes électorales lors de sa campagne.
Un autre entrepreneur, Jean-Guy
Ouellet, avait affirmé que le maire Marcotte « lui avait laissé
sous-entendre que, pour travailler à Mascouche, on devrait participer au
financement du parti politique », et lui avait même demandé de lui fournir
« une maison gratuitement ». Quelques semaines plus tard, une
enquête du journal La Presse
avait révélé que Transport & Excavation Mascouche avait reçu plus de 400
000 $ pour déneiger les 617 bornes d’incendie de la ville, ce qui revient à 650
$ l’unité. Ailleurs au Québec, ces déneigements s’effectuent selon un tarif
variant entre 45 $ et 85 $ de l’heure.
Le maire Marcotte siège comme
indépendant depuis qu’il a été expulsé des rangs de son parti, quelques jours
après les premiers reportages d’Enquête. Une coalition de citoyens a
aussi écrit au ministre des Affaires municipales pour exiger qu’il soit
destitué, mais en vain. Le maire Marcotte a toujours nié
avoir mal agi et est demeuré en place, malgré une grogne populaire qui est
demeurée palpable lors des séances publiques du conseil municipal
de Mascouche.
Source: Radio-Canada