La
troisième manifestation en autant de soirs s’est déroulée dans un calme
relatif, surtout en comparaison à ce qui s’est passé mardi et mercredi.
Quelques politiciens, dont Amir Khadir et Françoise David, de Québec solidaire,
ont participé à la manifestation. Mise en
branle vers 21h au parc Émilie-Gamelin, la marche s’est étirée sur près de
quatre heures. Le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) estimait que
la manifestation était terminée, vers 00h45. Passé
minuit, plusieurs centaines de protestataires marchaient encore dans les rues.
Le Service
de police de la ville de Montréal (SPVM) faisait état sur son compte Twitter
d’une seule arrestation, liée à la mise à feu de pièces pyrotechniques. Le
porte-parole de la police Ian Lafrenière a parlé d’un bilan « beaucoup plus
positif », sans méfaits ou casse. Il a fait valoir que la foule s’était
« autorégulée », faisant en sorte que la police a seulement bloqué
certaines rues, sans intervenir directement dans la marche. M.
Lafrenière a dit croire qu’il y avait eu un « mot d’ordre » dans la
journée, un « appel au calme entendu ». Il a aussi parlé de l’aide de
« dame météo ».
Le
leitmotiv « restons pacifiques » a été entendu à maintes reprises parmi
les manifestants durant la soirée. La soirée
avait plutôt mal commencé. À peine une vingtaine de minutes après son départ,
au parc Émilie-Gamelin, le SPVM a déclaré « illégale » la manifestation.
Il a indiqué vers 21h que « des policiers ont reçu des projectiles (et)
l’avis a été donné à la foule ». Mais, vers 21h20, la police reconnaissait
que la « manifestation avait reprise de façon pacifique (et) qu’elle
l’encadrait ». Quelques minutes plus tard, le SPVM affirmait qu’elle
« pouvait continuer » puisque les actes criminels avaient cessé.
Un
manifestant, Louis-Étienne Pratte, étudiant au baccalauréat en génie civil à
l’École Polytechnique, disait croire que le mouvement représentait désormais un
« débat social » plus large. « Je
suis ici pour que les prochaines générations puissent grandir dans une société
juste. C’est rendu un débat social. Je lance un cri du coeur. C’est
inacceptable ce que le gouvernement libéral fait. D’après moi, c’est une
question stratégique d’avoir invité les associations à des négociations avant
d’exclure la CLASSE
(Coalition large de l’ASSÉ) », a-t-il commenté. Colin, du
Collège André-Grasset, disait croire que le mouvement représentait la
« continuité ».
« Le
plus de gens qu’on est, le plus de moments qu’on trouve pour se faire entendre,
ça peut juste être bénéfique pour la société. Il faut combattre le calcul
électoraliste, les inégalités, surtout la logique à court terme. On représente
la continuité, on est ici pour encore 70 ans dans la société, alors que le
gouvernement est là pour un an ou cinq ans dépendant des résultats
électoraux », a fait valoir le jeune étudiant.
Le cortège
s’est à un moment séparé en deux, sur les rues Sherbrooke et René-Lévesque vers
l’Ouest. Vers
21h50, les deux groupes marchaient sur la rue Sherbrooke, séparés par quelques
intersections. La marche
semblait être terminée lorsque les manifestants sont revenus à leur lieu de
départ, le parc Émilie-Gamelin. Mais plusieurs centaines d’entre eux ont
continué à circuler dans les rues. Peu d’incidents ont été rapportés, mis à
part la mise à feu de pièces pyrotechniques.
Les 1500 à
2000 manifestants ont répondu à l’appel de l’Association générale des étudiants
du collège Édouard-Montpetit (AGECEM), malgré le temps peu clément et les
confrontations des deux soirées précédentes. Ils étaient une dizaine de
milliers la veille. Les
manifestants ont quitté le lieu de rassemblement, le parc Émilie-Gamelin, avant
21h. Ils se sont dirigés vers le sud, sur la rue Berri. Ils étaient précédés
d’une voiture du SPVM. Plus tard, il y a eu face-à-face entre manifestants et
forces de l’ordre sur la rue Saint-Denis mais les protestataires ont rebroussé
chemin.
L’AGECEM
avait lancé un avertissement sur sa page Facebook, jeudi, annonçant qu’il y
aurait une manifestation tous les soirs jusqu’à ce que la ministre de
l’Éducation, Line Beauchamp, « cesse ses enfantillages, réinvite la CLASSE et relance les
négociations ». Mardi et
mercredi, des rassemblements similaires se sont soldés par des gestes de
violence et de vandalisme, menant à des affrontements musclés avec les
policiers. Dans son
invitation, l’AGECEM déclare que « la paix sociale est terminée »
puisque la ministre Line Beauchamp, selon l’association, « déclare pratiquement
la guerre civile au Québec » en excluant la Coalition large de
l’association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) de la table des
négociations.
Mercredi,
le centre-ville Montréal a été le théâtre d’importants débordements alors que les
policiers ont procédé à 85 arrestations, dont trois mineurs, lorsqu’une autre
manifestation a mal tourné.