La
majorité des arrestations ont eu lieu après que les autorités eurent décrété le
rassemblement illégal à 18 h 02, soit à peine 30 minutes après le début de la
marche, parce que certains participants lançaient des projectiles sur les
agents. Le sergent
Laurent Gingras, du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), a indiqué
que la police avait commencé à disperser les manifestants dans le secteur du
centre-ville, plus particulièrement autour des rues Sherbrooke et de McGill.
Il
a évoqué une « arrestation de masse » autour des rues Berri et Ontario
durant laquelle « plusieurs dizaines de personnes ont été encerclées ».
Sur la rue Sherbrooke et des artères avoisinantes, des vitres ont été brisées,
des véhicules ont été vandalisés et des balles de peintures ont été projetées. Selon M.
Gingras, 75 manifestants ont été appréhendés pour avoir enfreint des règlements
municipaux. Les autres ont été arrêtés pour avoir commis des infractions au
code criminel, incluant des « méfaits, bris de condition, voies de fait sur
des policiers et agressions armées », un peu partout sur le parcours de la
marche.
Ces 32
manifestants ont été amenés à un centre opérationnel du SPVM. Tard mardi, le
sergent Gringras a précisé que les enquêteurs menaient des interrogatoires, et
que certains pourraient être relâchés alors que d’autres pourraient passer la
nuit en cellules. Des accusations pourraient être déposées mercredi.
Les
groupes avaient convergé à la place Émilie-Gamelin. Certains manifestants
criaient aux policiers de « libérer leurs camarades ». Ce lieu du
centre-ville est le théâtre depuis une semaine de marches nocturnes étudiantes.
Cette nouvelle marche s’est amorcée vers 21h. Les manifestants avaient tardé à
se rendre à la place, mais une foule importante marchait pour une huitième
soirée consécutive dans la mouvance du conflit étudiant. Le SPVM a procédé à
deux arrestations, une femme et une homme, ce dernier pour voies de faits à
l’endroit d’un policier.
Déjà, dans
l’après-midi, les carrés rouges des étudiants opposés à la hausse des droits de
scolarité se mêlaient aux effigies socialistes, anticapitalistes et
anti-impérialistes arborées lors des rassemblements du 1er mai.
DIVERS GROUPES AU CHAMPS-DE-MARS
Des
discours ont été prononcés peu après le rendez-vous donné à 16 h 30 sur la
place derrière l’hôtel de ville de Montréal, dont le « Speak Rich » d’une
manifestante, référence au poème « Speak White » de la poétesse Michèle
Lalonde écrit en 1968. Des
enseignants avaient intégré la foule et déroulé leur banderole faisant état de
leur message de contestation de la hausse des droits de scolarité. La marche
sous haute surveillance policière s’est mise en branle vers 17h30, aux cris de
« assez, c’est assez, la paix est sociale est terminée ». Plusieurs
milliers de manifestants étaient réunis. À un certain moment, le cortège
s’étendait sur Saint-Laurent entre Notre-Dame et René-Lévesque.
Victor,
étudiant en grève du Cégep de Saint-Laurent, saluait le rassemblement de
manifestants de divers horizons, tout en craignant les débordements. « La
cause première, c’est notre message anticapitaliste. Chacun vient pour ses
raisons. C’est ça qui est beau. On espère que ca va bien se passer. Il y a des
extrémistes partout, mais surtout dans ces manifestations anticapitalistes, il
y a des portions un peu plus agressives. Ça devrait bien se passer. On espère,
on espère », confiait-il peu avant que la marche se mette en branle.
Un membre
d’une section locale du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) appelait
à la création d’un « parti de masse des travailleurs ». « Les
élites sont déjà organisés sur une base de classe. Les intérêts du patronat,
des riches et des banquiers sont extrêmement représentés à l’Assemblée
nationale. Il faut un équivalent pour le 99 pour cent restant de la
population », a fait valoir Julien Daigneault, ajoutant croire qu’il
fallait « radicaliser » Québec solidaire, un parti
« intéressant ». « Un
tel parti doit émaner des urnes et de la rue. Il doit tirer sa légitimité de
l’implication dans les luttes étudiantes, écologiques, vers un but commun, soit
renverser le système d’exploitation du gouvernement actuel. »
Également
dans la métropole, une fête s’organisait autour de 18 h, au parc Molson, dans
l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie. Plusieurs syndicats y étaient
représentés. Elle était suivie par un spectacle de Thomas Jensen et son
orchestre au Théâtre Plaza.