En moins
de 24 heures, des dizaines de membres de la communauté artistique, du monde
syndical et de la sphère politique ont signé ce manifeste intitulé « Nous
sommes ensemble ». Ce faisant, ils répondaient à l’appel lancé entre autres
par la militante Laure Waridel, la jeune étudiante Léa Clermont-Dion et le
metteur en scène Dominic Champagne. « Nous
affirmons (…) notre pleine solidarité avec le mouvement étudiant et les
idéaux qui l’inspirent. Parce que nous croyons que l’éducation engendre la
richesse,
que l’éducation est la richesse, que l’éducation est le moteur de la
transmission de notre mémoire collective et que nous devons investir
massivement dans l’éducation, cette garantie de survivance », a exposé la
comédienne Guylaine Tremblay, qui a pris part à la lecture publique du texte. Une
cinquantaine des personnalités qui ont adhéré à la déclaration se sont massées
à l’Espace libre, mardi, afin de témoigner de leur indignation face à la
gestion des affaires de l’État.
Le
sentiment d’urgence était palpable dans la petite salle montréalaise. Les
discours ont été interrompus à quelques reprises par des salves
d’applaudissements et par les prises de parole spontanées de la comédienne
Nathalie Gascon et de l’ancien leader syndical Gérald Larose. « Moratoire!
Moratoire! » a également scandé l’assistance à un certain moment. Les piques
à l’endroit du gouvernement Charest se sont multipliées au cours de
l’événement.
Dominic
Champagne a affirmé sans détour que le conflit étudiant est en fait une crise
que tente d’exploiter à son avantage le gouvernement libéral pour dissimuler un
bilan politique marqué par la corruption endémique, l’exploitation débridée des
ressources naturelles du Québec et les cafouillages d’ordre financier. « Je
vois à quel point le spectacle de ça (le conflit) sert aussi
d’écran de fumée, (sert) à polariser la situation. Mais c’est pas vrai qu’on va
s’en aller en élections sur une question de droits de scolarité », a lancé
celui qui est monté aux barricades pour s’opposer à l’exploitation du gaz de
schiste.
Même si, en
proposant un moratoire sur la hausse des droits de scolarité, le mouvement met
de l’avant une piste de solution préconisée par le Parti québécois, sa démarche
est apolitique. « C’est
politique, mais ce n’est pas partisan », a précisé Léa Clermont-Dion,
étudiante en science politique, qui dit avoir suivi « un cours pratique en
accéléré » ces dernières semaines. Les six
orateurs qui ont pris la parole mardi ont d’ailleurs catégoriquement refusé
d’appuyer l’une ou l’autre des formations politiques à Québec.
L’objectif
de cette sortie médiatique était surtout d’élargir le débat, mais également de
mobiliser les troupes derrière les étudiants québécois, dont la détermination,
la solidarité et la fougue ont suscité les commentaires admiratifs de plusieurs,
dont le député indépendant Pierre Curzi. « On
va pouvoir compter sur une bonne partie de cette génération-là pour avoir du
courage, pour avoir de l’imagination, pour avoir un discours cohérent, un
discours de justice sociale, économique et humaine », a fait valoir
l’ancien acteur.
La
déclaration compte comme signataires une flopée de personnalités, dont les
réalisateurs Philippe Falardeau, Jean-Marc Vallée et Ariane Barbeau-Lavallette,
les comédiens Luc Picard et Catherine De Léan ainsi que les musiciens Ariane
Moffatt et Daniel Boucher, qui étaient tous présents mardi matin.