Une
première manifestation a regroupé environ un millier d’opposants à la hausse de
droits de scolarité. Comme à l’accoutumée depuis deux semaines, ils se sont
rassemblés au parc Émilie-Gamelin, près de l’UQÀM. Il s’agit d’une 14e
manifestation en autant de soirs. Le mouvement ne s’est pas estompé depuis le
premier événement du genre, le mardi 24 avril, à la suite de l’exclusion de la CLASSE (Coalition large de
l’ASSÉ) des premières tentatives de négociations dans ce conflit.
Les
manifestants opposés à la hausse des droits de scolarité semblaient vouloir
rejoindre les « verts », militant contre la grève. Mais le rendez-vous
semblait peu probable en fin de soirée. Plusieurs messages sur les réseaux
sociaux demandaient aux opposants de « rester civilisés ». En effet,
pour la première fois depuis le début du conflit, une centaine de partisans de
la hausse sont également descendus dans la rue en même temps que les opposants.
Ils sont partis du métro Papineau situé à environ un kilomètre du parc
Émilie-Gamelin. Sur son compte twitter, le Service de police de Montréal a
indiqué que les organisateurs de cette manifestation lui avaient donné leur
itinéraire.
Le
porte-parole de la SPVM,
Yannick Ouimet a dit que la stratégie policière n’avait pas vraiment été
modifiée en raison des deux manifestations mais que tout était fait pour éviter
une confrontation entre les deux cortèges. Réuni
derrière une bannière portant le slogan « Bloquons la grève », le petit
cortège s’est ébranlé vers 21h, sous l’oeil bienveillant des policiers. Parmi
les manifestants, on retrouvait bien sûr des étudiants, mais aussi des parents
dont les enfants sont aux prises avec le conflit actuel. L’un d’entre eux, Claudine
Lachapelle, affirmait être présente pour venir dénoncer le « manque de
légitimité des associations étudiantes ».
« Comment
cela se fait-il que seulement 30 pour cent des étudiants peuvent se réclamer de
l’ensemble de la population pour exiger de traiter avec le gouvernement pour
demander des réformes? », a-t-elle déclaré. Pour Jean
Boutin, étudiant du cégep de Valleyfield, l’entente conclue la fin de semaine
dernière entre les fédérations étudiantes et le ministère de l’Éducation était
un « compromis d’enfants-rois qui ont tout cuit dans le bec, et [la]
refuser ne fait que prouver à la société qu’ils ne sont que des enfants gâtés
qui veulent la gratuité et qu’on leur paie tout ».
Du côté du
Mouvement des étudiants socialement responsables (MESRQ), le visage public des
étudiants favorables à la hausse, le porte-parole Carlos Godoy précise que la
manifestation n’avait pas été organisée par le mouvement. « Il s’agit d’un
événement spontané et indépendant », a-t-il expliqué par téléphone,
ajoutant que les membres du MESRQ prenaient malgré tout « acte » de la
marche.
Quant à la
manifestation des opposants, il y a eu des échanges verbaux entre eux et les
policiers, notamment pour les empêcher de poursuivre leur marche sur la rue
Sainte-Catherine vers l’est. Du côté des policiers casqués, on disait craindre
que ces manifestants tentent d’aller sur le pont Jacques-Cartier. Mais cette
intervention visait peut-être surtout à éviter une confrontation entre les deux
groupes. Autre incident habituel: des pièces pyrotechniques ont été lancées
mais aucun autre incident n’était à déplorer à la conclusion de la
manifestation, vers minuit 30, selon Raphaël Bergeron
du SPVM.
Dans la
foule, les slogans tels que « Charest: entente à rabais » et « Le
diable est dans les détails » faisaient référence à l’entente de principe
négociée en fin de semaine, qui fait l’objet de beaucoup de contestation. « Ce
n’est pas grand-chose pour toutes ces semaines de manifestation. Il n’y a pas
d’engagement formel. Le 31 décembre, la ministre pourrait très bien balayer les
recommandations du conseil provisoire. On souhaite fortement un rejet », a
exprimé Jules, étudiant en grève.
« C’est
un piège pour forcer les étudiants à retourner en classe, pour déclencher des
élections à un moment clé où les étudiants ne seront plus autant
mobilisés », a renchéri Francis, également en grève. Des
professeurs du Cégep régional de Lanaudière à Terrebonne souhaitaient aussi
apporter leur « soutien moral », alors qu’un vote doit s’y tenir mardi.
« Tout est très hypothétique (dans cette entente) », a fait valoir
Jean-Sébastien Ricard. Emmanuelle
Bénart disait avoir encore espoir de faire plier le gouvernement.
« Le
gouvernement Charest a souvent attendu à la dernière minute pour changer
d’idée, pour la privatisation du parc du mont Orford, la commission sur la
construction. Je crois qu’il va finir par céder », a argué la jeune
étudiante. Bien
qu’elles ne soient pas organisées par la CLASSE, les manifestations nocturnes des
opposants figurent depuis le début sur le calendrier libre du site du
regroupement. Lundi, les inscriptions sous la simple désignation « Manif
chaque soir, jusqu’à la victoire! » s’étendaient… jusqu’au vendredi 2 mai
2014.