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La 26e manifestation vire À l’Émeute

Soixante
arrestations ont été effectuées. La plupart des personnes appréhendées ont été
remises en liberté avec des constats d’infraction. Mais neuf individus seront
accusés en vertu du code criminel, soit 5 pour agressions armées, trois pour
voies de fait sur des policiers, et un pour incendie criminel. D’abord
marquée par des affrontements entre un groupuscule de participants et policiers
et de nouvelles arrestations, la manifestation a frôlé l’émeute dans le
Quartier latin, peu après 1 h 00.

Selon
l’agent Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM, un noyau dur parmi les quelque
3000 marcheurs a lancé des irritants chimiques en direction des policiers au
moment où le groupe se trouvait non loin du campus de l’université McGill, dans
le secteur des rues Du Parc et Milton, entre 22 h 15 et 22 h 30. C’est
après que la situation se soit détériorée que les policiers du SPVM, appuyés
par leurs collègues de la
Sûreté du Québec, ont demandé que prenne fin la manifestation
considérée alors comme illégale.

Une
vingtaine de casseurs ont alors été appréhendés dans le cadre d’une arrestation
en bloc, à l’angle des rues Saint-Dominique et Prince-Arthur, pour avoir refusé
d’obtempéré aux ordres de dispersion. Et pendant
ce temps, d’autres manifestants mettaient le feu à des barricades et des cônes
de signalisation routière au coin des rues Saint-Denis et Ontario. Des témoins
ont applaudi à la scène mais ont rapidement pris conscience de la gravité de la
situation. Pris dans la cohue, d’autres badauds, craignant de se retrouver au
centre d’une émeute, ont dû se réfugier dans des bars et des cafés du Quartier
Latin lorsque la situation a dégénéré, peu après 1 h 00.

Au moins
un autre incendie ayant été allumé rue Saint-Denis, les policiers ont dû
boucler le secteur afin de permettre aux pompiers d’accomplir leur travail. La
police antiémeute est également intervenue pour tenter de disperser la foule. Les terrasses
étant bondées, le tout s’est déroulé sous les yeux de nombreux témoins. Les
policiers ont d’ailleurs lancé plusieurs avertissements, sommant les gens de
reculer sous peine d’arrestation. Outre les
incendies, des dégâts importants étaient à signaler rue Saint-Denis tandis que
les policiers étaient nargués par de nombreux individus. Certains clients de
terrasses auraient même lancé des verres dans leur direction.

Ces
incidents ont été les faits marquants d’une manifestation qui avait été
décrétée illégale dès son commencement, soit peu après 21 h, entre autres parce
que les organisateurs n’en avaient pas remis l’itinéraire. Aussi, des
participants ont décidé de marcher en sens contraire de la circulation sur la
rue Sainte-Catherine et certains objets ont été lancés en direction des
policiers, a expliqué M. Lafrenière. Malgré ces infractions et la présence de
marcheurs masqués, les policiers du SPVM avaient permis que la manifestation se
poursuive sans arrêter qui que ce soit et la première heure s’est passée sans
problème.

DISCERNEMENT

Dans un
communiqué émis plus tôt samedi, le SPVM avait fait part de son intention
d’agir dans le respect, la transparence et le discernement, et qu’il
continuerait de cibler les perturbateurs et d’adapter ses processus
d’intervention dans ce sens. Néanmoins,
le SPVM tentait samedi de déterminer la meilleure façon d’interpréter la loi
spéciale adoptée vendredi par l’Assemblée nationale, tout en tâchant d’éviter
d’accroître les tensions lors des manifestations nocturnes dans la métropole.

M.
Lafrenière a indiqué que les autorités examinaient encore leurs options. Lors
d’une entrevue avec La
Presse Canadienne, samedi, il a toutefois précisé que
plusieurs personnes du SPVM travaillaient sur la question, et que la police
désirait éviter une commotion plutôt que d’en créer une. Selon M.
Lafrenière, la police mettra vraisemblablement sur pied un site Internet ou une
adresse courriel où les organisateurs de manifestations pourront soumettre leur
itinéraire.

Le projet
de loi 78 établit des normes strictes pour encadrer les manifestations
rassemblant plus de 50 personnes, incluant l’obligation de fournir à la police,
à huit heures de préavis, des détails tels que le trajet de la manifestation,
sa durée et l’heure de son commencement. Le
non-respect de la nouvelle loi pourrait mener à l’imposition d’amendes sévères
pour les organisateurs, mais la législation pourrait être difficile à faire
respecter. Cette loi
précise également que les associations étudiantes qui n’encouragent pas leurs
membres à respecter la législation pourraient recevoir des amendes salées,
variant de 7000 $ à 35 000 $ pour les leaders étudiants, et de 25 000 $ à 125
000 $ pour les associations ou les fédérations étudiantes.

Vendredi,
des milliers de manifestants ont défilé dans les rues du centre-ville de
Montréal. La marche
se déroulait dans le calme jusqu’à ce qu’un cocktail molotov soit lancé en
direction des policiers. La manifestation a alors été déclarée illégale, vers
22h. Les
policiers ont répliqué avec des grenades assourdissantes et des bombes
fumigènes. La
manifestation s’est par la suite poursuivie pacifiquement, et les policiers
l’ont tolérée. Elle s’est démantelée vers 3h30 dans la nuit de vendredi à
samedi. Le SPVM a rapporté quatre arresstations.

La loi 78
n’est par ailleurs pas la seule nouvelle législation dont disposent les
autorités. Comme l’écrivait le SPVM dans un communiqué envoyé en fin
d’après-midi, samedi, la Ville
de Montréal a adopté vendredi le règlement P-6, qui interdit de participer à
une manifestation en ayant le visage couvert, et qui réitère l’obligation de
fournir l’itinéraire d’une manifestation à la police, en plus de hausser le
montant des amendes, de 100 $ à 500 $. Après
avoir fait face à de vives critiques de la part d’experts en droits et de
groupes de défense des droits de la personne, le gouvernement du Québec a
acheté de pleines pages de publicité dans les éditions de samedi des différents
quotidiens de la province afin de défendre la loi controversée.

La publicité
est titrée : « Au nom du respect des citoyens et de la démocratie. » Un sondage
publié samedi porte à croire qu’une majorité de Québécois appuient les
nouvelles mesures. Le coup de sonde a toutefois été réalisé avant que les
détails du projet de loi ne soient révélés. Samedi,
toujours, le site web du ministère de l’Éducation était inaccessible en raison
d’une présumée attaque cybernétique. Bien que
personne n’ait revendiqué le geste, le groupe de militants numériques Anonymous
a porté attention à la loi provinciale. Le groupe a écrit sur Twitter que le
projet de loi 78 « doit mourir ».

MANIFESTATION NOCTURNE 69 ARRESTATIONS

Mise à jour le 20 mai 6:47

Malgré la loi spéciale 78,
la 26e manifestation nocturne consécutive dans les rues de Montréal a tourné à
l’émeute samedi soir. Soixante-neuf arrestations
ont été effectuées, notamment pour agressions armées, voies de fait sur des
policiers, et incendie criminel. La plupart des personnes appréhendées ont été
remises en liberté avec des constats d’infraction. Des manifestants ont lancé
des projectiles et des irritants chimiques en direction des policiers. D’autres
protestataires ont mis le feu à des barricades et des cônes de signalisation
routière. Des pare-brise de véhicules de patrouille ont été fracassés.

La police de Montréal a dû
appeler la Sureté
du Québec en renfort, après avoir déclaré la manifestation illégale, tôt samedi
soir, les protestaires improvisant et défilant dans plusieurs rues. Les policiers ont lancé de
nombreux avertissements aux manifestants avant d’intervenir. Pris dans la cohue, des
badauds et des clients de bars et cafés du Quartier Latin ont tenté de se
réfugier dans des endroits plus sécuritaires lorsque la situation a dégénéré,
vers 1h du matin. Deux policiers et un
manifestant ont subi des blessures mineures.