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Une 30e manif nocturne originale

Vers 23 h
50, des pierres et des objets enflammés auraient été lancés en direction des
policiers à l’angle des rues Saint-Denis et Sherbrooke, selon Daniel Fortier,
relationniste au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Les policiers ont alors
encerclé un groupe important d’individus. Peu avant
1 h, son collègue Daniel Lacoursière a précisé, lors d’un point de presse,
qu’environ 400 manifestants ont été arrêtés lors de cette opération. Ils ont
été embarqués dans des autobus pour identification au poste de police.

Selon M.
Lacoursière, les personnes appréhendées devaient majoritairement être relâchées
par la suite. L’agent
Fortier a indiqué que ces manifestants auraient contrevenu à un règlement
municipal pour attroupement illégal. À cela devait s’ajouter, pour certains,
des accusations relatives à des actes criminels, selon M. Fortier.

UN BILAN COMPLET DEVRAIT ÊTRE RENDU

Ces
incidents sont venus entachés ce qui, jusque là, avait été une manifestation
des plus pacifiques, marquée par seulement deux arrestations et beaucoup
d’originalité. Des
manifestations se sont aussi tenues à Sherbrooke et Québec mercredi soir.
Différents médias laissaient entendre que de nombreuses arrestations avaient
aussi été effectuées au sein de la Vieille-Capitale. Il
était impossible de le faire confirmer par le Service de police de Québec. En début
de soirée, mercredi, l’atmosphère était plutôt lourde. Plus tôt en journée, des
rumeurs avaient commencé à circuler à l’effet que le SPVM allait appliquer avec
plus de mordant les dispositions de la controversée loi 78, adoptée vendredi
dernier à l’Assemblée nationale. Puis, à 20 h 30, soit bien avant que ne
s’amorce la marche, le SPVM a annoncé que la manifestation était déjà illégale.

Quelques
centaines de personnes se trouvaient au parc Émilie-Gamelin lorsque
l’inspecteur Alain Simoneau a fait part de cette décision, parce que les
responsables du rassemblement n’avaient pas fourni leur itinéraire aux
policiers, en vertu du règlement de la
Ville de Montréal, et non de la loi 78. Dans le
but d’éviter les ennuis et de se soumettre à la réglementation, des
manifestants ont alors voulu remettre leur itinéraire à l’inspecteur Simoneau,
sans succès. Mais
l’inspecteur Simoneau a avisé les participants que la manifestation serait
tolérée à condition qu’aucun acte criminel ne soit commis. Il a aussi demandé
aux participants de marcher dans le sens de la circulation sans quoi des avis
de dispersion seront émis.

C’est donc
sous forte présence policière que la manifestation s’est mise en marche, peu
avant 21 h. La première heure s’est déroulée dans un climat festif et même sous
le signe de l’humour, alors que quelques groupes de 49 marcheurs, soit une
personne de moins que le nombre requis en vertu de la loi 78, ont sillonné les
rues du centre-ville. Parallèlement,
plusieurs centaines de personnes, équipées de casseroles, ont tenu leur propre
rassemblement à partir de la rue Mont-Royal et jusque sur la rue Saint-Denis,
en direction sud. Le vacarme était au rendez-vous, mais là encore, tout se
passait sans la moindre anicroche.

Ces
manifestants ont éventuellement rejoint le principal groupe de marcheurs et,
vers 22 h 30, ils formaient un large peloton circulant sur la rue Viger en
direction Est. Pendant un certain temps, on a craint que les marcheurs
veuillent entrer dans le tunnel Ville-Marie, mais ce ne fut pas le cas. Malgré le
côté bon enfant de la manifestation, les policiers ont procédé à l’arrestation
de deux personnes. Vers 22 h, une femme a été appréhendée pour voies de fait à
l’endroit d’un policier. Un peu plus tard, un homme a été arrêté pour avoir
transgressé un règlement municipal.

La tension
entre manifestants et policiers, à Montréal, s’est grandement accrue depuis
l’adoption de la Loi
78 par l’Assemblée nationale, vendredi, et d’un règlement municipal interdisant
le port d’un masque lors de manifestations, le même jour. Depuis, les policiers
montréalais ont arrêté plus de 500 manifestants dont quelque 300 samedi soir et
dans la nuit de dimanche. Une centaine d’autres ont été appréhendés mardi soir,
dont plusieurs lors d’arrestations de masse.