porte-parole du Centre d’éducation et d’action des femmes de Montréal,
Christine Drolet, a fait part de son « malaise » en recevant le prix. « Nous
trouvons paradoxal que le maire de Montréal puisse d’une main offrir un prix à
la démocratie et de l’autre empêcher celle-ci de s’exprimer par les
modifications au règlement sur la prévention des troubles de la paix de la
sécurité et de l’ordre public. Aujourd’hui, nous mettons en pratique ce que
nous prônons auprès des femmes et dénonçons publiquement ce règlement qui
contribue à envenimer la situation », a-t-elle déclaré, déclenchant les
applaudissements de l’auditoire.
De son
côté, la porte-parole du Groupe de travail en agriculture urbaine, Marie-Ève
Julien-Denis, a aussi été applaudie lorsqu’elle a lancé l’invitation suivante
au maire Tremblay: « Dans le contexte actuel, où les citoyens
et citoyennes de Montréal choisissent massivement et courageusement de faire
usage du droit de manifester, nous nous attendons également qu’en vertu du rôle
de gardien de la démocratie que ces citoyens vous ont accordé, que non
seulement vous respectiez ce droit mais que vous le protégiez. »
Le
président du Chantier sur la démocratie, Dimitri Roussopoulos, a pour sa part
fait valoir que la capitale grecque, Athènes, avait été le théâtre de violentes
manifestations et d’émeutes impliquant des gens masqués et que la paix sociale
y était revenue après une élection. « L’assemblée
nationale de la Grèce
n’a pas adopté une loi d’urgence dans le genre de la loi 78. Et la ville
d’Athènes n’a pas adopté un règlement contre les masques », a-t-il laissé
tomber sous un tonnerre d’applaudissements.
Lors des
audiences publiques précédant son adoption, M. Roussopoulos s’était prononcé
contre le règlement sur l’obligation de fournir un itinéraire et l’interdiction
de porter le masque. Le maire
Tremblay, qui avait été le premier à prendre la parole pour vanter la
démocratie montréalaise, est demeuré stoïque tout au long de ces allocutions. »La
démocratie c’est la liberté d’expression et on l’a vue à son meilleur tout à
l’heure », a indiqué le maire en point de presse par la suite.
Il a
cependant défendu son règlement sur les masques et l’itinéraire obligatoire,
faisant valoir que la paix sociale devait revenir à Montréal dans les plus
brefs délais. Il a répété que le règlement ne visait qu’à donner les outils
nécessaires pour permettre aux policiers de rétablir l’ordre avant que
quelqu’un ne soit tué en marge de ces manifestations.Il a
vigoureusement dénoncé le fait que Montréal soit pris en otage par un conflit
qui ne concerne pas la ville. »C’est
un conflit entre des étudiants et le gouvernement du Québec. Là, on est en
train d’affecter la métropole du Québec. Il me semble qu’il y a quelqu’un qui
devrait commencer à se réveiller et dire: ‘est-ce que c’est ça qu’on
veut? »‘
« L’ensemble
de la société est ‘tanné’ et je suis certain que c’est la même chose pour les
étudiants. Les gens sont tannés. Ils veulent un règlement de conflit le plus
rapidement possible », s’est emporté le maire. La chef de
l’opposition, Louise Harel, a pour sa part qualifié d’excessif le
nombre de 518 arrestations et s’est dite d’avis que le maire aurait d reporter
l’octroi de ses prix en démocratie non seulement dans le contexte de
perturbation sociale actuel mais aussi à la suite de l’arrestation de son
ancien bras droit, Frank Zampino, et de son ancien chef de cabinet Martial
Fillion, pour fraude et abus de confiance, notamment.
« Je
pense qu’il aurait dû le reporter. Il y a une vraie crise de confiance, c’est
bien évident. Et lui-même n’a pas de leçon à donner avec les arrestations de la
semaine dernière de ses hommes de confiance. La confiance c’est le pilier de la
démocratie. »