tintamarre semble avoir apaisé autant les manifestants que les policiers
puisque, à l’exception d’incidents isolés, le tout s’est déroulé dans une
ambiance de fête dans de nombreuses villes de la province. L’une des plus
importantes foules des manifestations nocturnes montréalaises a d’ailleurs
marché pendant environ cinq heures, soit jusqu’à près 2 h vendredi matin, alors
que la police n’a procédé qu’à quatre arrestations isolées. Ainsi,
plusieurs dizaines de personnes étaient aussi rassemblées au coin du chemin
Chambly et de la rue de Gentilly dans le Vieux-Longueuil pour frapper dans des
casseroles et faire du bruit.
Le compte
Twitter #casserolesencours, où de nombreuses invitations à taper dans des
casseroles dès 20h pour protester contre la loi spéciale 78 visant, notamment,
à réprimer les manifestations au Québec, avaient été lancées, notait des
manifestations dans des villes peu connues pour être contestataires comme
Saint-Jérôme, La Prairie,
Saint-Basile-le-Grand ou Saint-Eustache. Mais là ou
le phénomène commence à ressembler à un mouvement de masse demeure Montréal.
Comme la veille, plusieurs invitations ont été lancées dans divers quartiers de
Montréal comme Villeray, Ahuntsic ou le Plateau-Mont Royal.
Ainsi,
dans la Petite-Patrie,
plusieurs personnes de tous âges se sont rassemblées aux quatre coins de
l’intersection des rues d’Iberville et Beaubien. Une foule encore importante
participait à la manifestation sur la rue Masson, dans Rosemont. On a aussi
noté des rassemblements à Côte-des-Neiges et à Verdun. Dans Villeray, plus d’un
millier de manifestants ont bloqué l’intersection St-Denis/Jarry. Autant de
gens, sinon plus, marchaient sur le Plateau-Mont-Royal. Le
tintamarre à Villeray a même attiré un des porte-parole de la CLASSE, Gabriel
Nadeau-Dubois. Là aussi, le nombre de participant se chiffrait dans les quatre
chiffres.
Il était
toutefois impossible de dénombrer les rassemblements tant ils semblaient
nombreux. Parfois, notait-on sur les chaînes d’information, des manifestations
se croisaient, se saluant avec vigueur. A
l’extérieur de la région montréalaise, le défi à la loi 78 semblait avoir le
vent dans les voiles. À Sherbrooke, où de nombreuses interpellations ont été
faites au cours des derniers jours, une vingtaine de groupes de 20 personnes se
sont disséminés dans la ville, ustensiles et casseroles à la main. À
Trois-Rivières, une centaines de personnes, plus qu’à l’accoutumée ont descendu
dans les rues; ils avaient donné leur itinéraire aux autorités.
À Gatineau
aussi, une centaine de personnes marchaient. À Granby, où le cégep n’était pas
en grève, 500 personnes se sont mobilisées. Dans le secteur Jonquière de
Saguenay, un tintamarre à attiré entre 200 et 300 personnes. Et, avant
20h, plusieurs personnes étaient en quête d’un endroit pour participer au
charivari. Le
mouvement commence à agacer les autorités municipales. Pour un, le maire de
Montréal, Gérald Tremblay, a invité en après-midi les gens à frapper des
casseroles tout en restant sur leur balcon. En réaction, des gens sont allés
faire du bruit à Outremont, quartier où réside le maire. Ils étaient au moins
1000, selon lapresse.ca.
Les
concerts de casserole font écho à différents mouvements de protestations en
Amérique du Sud, notamment au Chili alors qu’ils permettaient d’exprimer contre
la dictature du général Pinochet qui avait interdit les rassemblements de plus
de quatre personnes dans les rues. On peut
penser au tintamarre acadien. Selon le site CyberAcadie, « dans toutes les
communautés acadiennes de l’Atlantique le 15 août à 18h00, les Acadiens
manifestent dans les rues par un défilé de gens ou automobiles en faisant le
plus de bruit possible avec des instruments que seule l’imagination peut
décrire ».
A
Montréal, plusieurs des manifestations bruyantes ont convergé vers la rue
Saint-Denis pour se diriger vers le sud. Par
ailleurs, une 31e manifestation nocturne consécutive était toujours prévue.
Comme à l’accoutumé, le point de rassemblement était le parc Émilie-Gamelin,
près de l’UQÀM. Avant même le début de l’événement, la manifestation a été
déclarée illégale. Le SPVM a affirmé ne pas avoir reçu un itinéraire comme
l’oblige le récent règlement P-6. L’avis n’a
pas semblé attirer l’attention des manifestants plutôt occupés
à écouter
un groupe de percussionnistes. Les policiers ont toutefois indiqué qu’ils
déclencheraient les sirènes 10 secondes avant de lancer l’ordre de dispersion. Une
personne qui dansait sur les rythmes des tambours s’est blessée et les
secouristes ont dû lui venir en aide. Au fur et
à mesure de la soirée, la manifestation se gonflait de nouveaux arrivants,
plusieurs venant des très nombreux rassemblements de quartier. L’atmosphère
était festive, joyeuse. Même à 23h15, le mouvenement ne s’essouflait pas, les
gens continuant de marquer le rythme à coup de bâtons ou de cueillières sur des
casseroles.
Les
policiers ont suivi la marche, tentant de régler la circulation. Mercredi,
la marche a été déclarée illégale avant même son départ mais les autorités
l’ont tolérée jusqu’en fin de soirée alors qu’elles ont piégé plus de 400
personnes avant de les interpeller et leur remettre une contravention
« poivrée ». A Québec,
la répression policière de la veille n’a pas empêché un millier de personnes à
se rassembler devant l’Assemblée nationale non plus. Un itinéraire a été remis
aux policiers. Quelques heures après le début de la marche, de retour devant le
Parlement, les gens ont commencé à se disperser. Certains, par l’entreprise de
leur compte Twitter, ont mentionné qu’au moins deux arrestations avaient été
effectuées dans la capitale.