à une
rencontre à huis clos, dimanche soir, alors que les craintes d’un débordement
des manifestations de rue sur les activités touristiques estivales sont de plus
en plus vives. Le maire
de Montréal, Gérald Tremblay, et le ministre des Finances, Raymond Bachand, ont
accepté l’invitation in-extremis du président et chef de la direction du CCMM,
Michel Leblanc, à l’instar d’autres représentants des secteurs du tourisme, de
grands événements montréalais et du quartier des spectacles, entre autres.
La
rencontre, qui a duré environ une heure, était l’occasion de dresser un état
des lieux de la situation au centre-ville et de se partager l’information. Un
appel à l’ouverture a aussi été lancé au gouvernement Charest. À la
veille de la reprise des négociations entre les leaders étudiants et la
ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, M. Leblanc a soutenu que Québec
devait accorder tout le temps nécessaire à la résolution du conflit et éviter
de fermer la porte après quelques heures ou journées de discussions.
Le pdg de la
CCMM a également mentionné que les petits commerçants étaient les plus touchés
par le contexte actuel, ajoutant qu’il faudrait éventuellement plancher sur une
reconstruction de la réputation de Montréal, à
l’international mais aussi à l’échelle locale. Il n’est pas exclu qu’une autre
réunion du genre soit tenue ultérieurement. Le mois de
juin sera particulièrement fertile en événements d’envergure à Montréal, avec
la tenue du Grand Prix de Formule 1 du Canada, les 8, 9 et 10 juin, les
FrancoFolies, du 7 au 16 juin, et le Festival de jazz, qui s’ébranlera le 28
juin pour se terminer le 7 juillet. Moins d’une semaine plus tard, soit le 12
juillet, ce sera le début du Festival Juste pour Rire, jusqu’au 28 juillet.
Mais
malgré la notoriété de ces événements et leur importance pour Montréal, des
manifestants rassemblés au parc Émilie-Gamelin pour une autre marche nocturne,
dimanche soir, voyaient plutôt d’un bon oeil la poursuite des manifestations
pendant la haute saison touristique. Les touristes reviendront l’an prochain, assure-t-on. « Un
certain type de touristes [seront échaudés], mais je me dis que cela va en
attirer d’autres, estime Nicolas Montpetit. Peut-être des touristes un peu plus
militants, un peu plus socialement engagés, plutôt que la faune habituelle de la Formule 1. »
M.
Montpetit croit aussi que les conséquences seront peu importantes à long terme. Pour
Jean-Pierre Lord, un croire que le conflit social aura des retombées négatives
sur l’industrie touristique montréalaise relève d’une « pensée à courte
vue ». « Avec
la couverture mondiale que nous avons eue dans le cadre du conflit étudiant,
c’est un peu, pour moi, l’équivalent du Mur de Berlin qui s’effondre; il n’y a
rien de plus positif que cela », a-t-il lancé. « Je ne crois pas
vraiment à cette tentative de peur voulant que l’économie va s’effondrer. » En fait,
M. Lord a annoncé sa participation à d’éventuelles actions de perturbation de
la fin de semaine du Grand Prix de Formule 1, parlant d’un « fossé abyssal
entre l’humanisme et le capitalisme qui s’affrontent ».
Aux yeux
de deux jeunes manifestantes, dont l’une dit craindre pour son emploi si elle
s’identifie, les citoyens n’ont pas à changer leurs opinions si des touristes
risquent de ne pas venir à Montréal cet été. « Cela
risque d’avoir encore plus d’impact si [les manifestations] bloquent plusieurs
activités comme des festivals. Tant mieux si toutes les festivités estivales
montréalaises se transforment en manifestations! », lancent-elles. « Le
peuple se réunit… tant mieux si les gens se rassemblent pour
s’exprimer », et ce même si des retombées économiques majeures sont à
risque, croient-elles.
Geneviève
Labrie, enfin, se dit attristée de constater qu’un « petit groupe de
personnes responsables des festivals se mobilisent » en craignant pour
leurs revenus, alors que « le problème, en ce moment, c’est la grève, c’est
la loi 78. Lorsque ces problèmes seront réglés, il sera alors possible de
régler les problèmes du secteur touristique. Nous pourrons mettre notre énergie
ailleurs. » Interrogé
en marge de la reprise des négociations lundi à Québec, le président de la Fédération étudiante
collégiale du Québec (FECQ), Léo Bureau-Blouin a rappelé que l’organisme qu’il
représente « cherche l’intérêt du plus grand nombre » et que le combat
de la fédération n’était pas contre l’industrie touristique montréalaise.
« C’est
une bataille pour préserver l’accessibilité aux études, et je crois que le cri
du coeur qu’envoie l’industrie touristique est une raison de plus, pour le
gouvernement, de régler [la crise]. » Environ
500 personnes ont pris le départ de la 34e manifestation nocturne, qui est
partie du parc Émilie-Gamelin au centre-ville de Montréal. Une manifestation
qui, à l’instar de celles tenues au cours des derniers jours, a été déclarée
illégale par le SPVM avant même qu’elle ne commence, soit peu après 20 h 30,
parce que l’itinéraire n’avait pas été fourni aux policiers.
Malgré
cela, le rassemblement s’est déroulé dans une atmosphère festive et pacifique,
et à la fin de la manifestation, à minuit, le SPVM ne rapportait qu’une seule
arrestation. Le suspect
est un homme de 48 ans qui devait passer la nuit derrière les barreaux en
attendant de comparaître, lundi, pour faire face à une accusation d’agression
armée et de méfait après avoir lancé une casserole en direction d’un autobus de
la STM, en
fracassant une vitre. L’incident est survenu vers 20 h 45 sur la rue
Mont-Royal, près de Montana.
Une
manifestation légale, car l’itinéraire avait été fourni aux policiers, s’est
également tenue dans le calme et l’ordre à Québec.