La soirée
s’est déroulée sans incident sauf à Québec où 84 manifestants ont été
interpellés après avoir été pris en souricière alors qu’ils marchaient
pacifiquement devant l’immeuble où se déroulaient les négociations. Ils ont été
interpellés pour avoir contrevenu à l’article 500.1 du Code de la sécurité
routière, selon Marie-Ève Painchaud, du Service de police de la ville de
Québec. Ils ont été amenés un à un dans des autobus du Réseau de transport de la
Capitale. Aucun acte de violence n’avait été commis par des manifestants.
Le premier
à être interpellé est un homme qui semblait ne vouloir que parler au président
de la FECQ, Léo Bureau-Blouin, qui sortait de l’édifice à ce moment-là.
D’ailleurs, M. Bureau-Blouin, qui a été accueilli comme un véritable héros par
les manifestants, a tenté de venir à leur rescousse. Mais, alors qu’il tentait
de persuader des manifestants de se disperser en disant que les policiers les
laisseraient s’en aller, les agents procédaient
à d’autres
interpellations. Après s’être excusé auprès des gens, il s’est dit déçu de ne
pas avoir pu les aider. Deux
négociateurs de la CLASSE, Philippe Lapointe et Justin Arcand, figureraient
parmi les personnes interpellées, a confirmé l’association, sur son compte
twitter. M. Lapointe a été relâché mais pas M. Arcand, selon la CLASSE. Une
autre source laissait croire que seul un des négociateurs avait été interpellé. Les 84
personnes qui sont passées par le poste de police recevront, par la poste, une
contravention de 494 $, incluant les frais, a précisé l’agente Painchaud.
En début
de soirée, lundi, plusieurs manifestations étaient annoncées sur le compte
twitter #casserolesencours, particulièrement dans la région métropolitaine.
Mais, on faisait état d’invitations dans des villes plus éloignées comme
Rimouski, Gatineau ou Joliette.
A
Montréal, certaines manifestations ressemblaient aux précédentes. Les gens se
rassemblent, entreprennent leur concert avant de marcher dans les rues. Et la
marée humaine semble se gonfler au fur et à mesure que les minutes s’égrènent.
Les marcheurs s’assoient parfois dans la voie publique. Ainsi dans le quartier
Villeray à l’intersection des rues Jarry/Saint-Denis. Ainsi dans le quartier
Rosemont, sur la rue Masson. Ainsi sur le Plateau Mont-Royal. Ainsi dans
l’arrondissement Verdun. Ainsi dans Hochelaga-Maisonneuve.
Plusieurs
milliers de personnes ont entrepris la 35e manifestation nocturne consécutive à
partir du parc Émilie-Gamelin. Comme à l’accoutumée, le Service de police de la
ville de Montréal a déclaré la manifestation illégale avant son départ parce
qu’aucun itinéraire avait été remis aux autorités, contrevenant au règlement
municipal P-6. La foule a applaudi l’annonce en dérision. Les gens, très
bruyants, marchaient parfois à contre-sens de la circulation, déambulant au
hasard des rues.
En
banlieue de Montréal, on faisait état de manifestations dans plusieurs dizaines
de villes, dont Repentigny, Beloeil, Longueuil et Laval. A Québec,
plusieurs manifestations se sont déroulées dans le quartier Saint-Sauveur, à
Sillery, à Limoilou et devant l’Assemblée nationale. Celle qui est partie de
l’Assemblée nationale a été déclarée illégale parce que les quelque 250
participants ont refusé de donner l’itinéraire à la suite d’un vote à main
levée. On
rapportait aussi des tintamarres dans les quatre coins du Québec, de Matane à
Gatineau, de Sherbrooke à Trois-Rivières et à Sept-Iles.
Il était
impossible de déterminer le nombre de protestataires dans les rues de la
province puisqu’il était impossible de déterminer le nombre de manifestations. Le
mouvement des casseroles pourrait s’étendre au Canada au cours des prochains
jours. Un site Internet, rabble.ca, a appelé les Canadiens à montrer « leur
solidarité en faisant entendre un tintamarre de casseroles. » S’il est fait
mention de la loi 78 et de la hausse de frais de scolarité, les organisateurs
espèrent que le mouvement pourrait également s’en prendre au gouvernement
fédéral.
Quelque
300 juristes sans affiliation particulière _ notaires et avocats _ ont lancé la
soirée de protestations dès 18 h 30 en quittant le palais de justice de
Montréal pour une marche silencieuse qui les a menés à la place Émilie-Gamelin.
Plusieurs des manifestants portaient leur toge. Certains avaient accroché un
carré rouge à leur vêtement. Ils ont été applaudis par de nombreux badauds qui
les remerciaient. Et ils ont été ovationnés par les centaines de personnes à
leur arrivée au parc Émilie-Gamelin.
L’un des
participants à la manifestation, Bruno Grenier, a raconté qu’il marchait contre
la loi 78 parce qu’elle était « injuste et probablement
inconstitutionnelle ». Celui qui exerce le droit depuis presque 30 ans a
ajouté que c’était sans doute la première fois qu’il voyait des juristes
protester en public.