Un groupe
de juristes sans affiliation particulière notaires et avocats a quitté le
palais de justice de Montréal en début de soirée pour une marche silencieuse
devant les mener à la place Émilie-Gamelin. Les
juristes portaient la toge afin, ont-ils dit, « de rappeler la dignité
inhérente à (leur) profession, et au système de justice fondé sur la primauté
du droit et le respect des libertés fondamentales. » Ils ont
dit vouloir ainsi exprimer leur « désarroi » face à cette loi spéciale
qu’ils estiment être « une atteinte disproportionnée aux libertés
d’expression, d’association et de manifestation pacifique ».
L’un des organisateurs,
Me François Desroches, a souligné que les sources de malaise des juristes face
à la loi spéciale sont multiples. « Par
rapport au droit de manifestation, comment l’exercice de manifestations est
encadré, cela peut être problématique aux yeux de certains. Beaucoup de
personnes m’ont fait part aussi que les amendes qui peuvent être imposées sont
préoccupantes. La délégation de pouvoirs semble aussi problématique pour
plusieurs. » Les
juristes ont aussi voulu signifier leur préoccupation devant la perte de
confiance prévisible d’un nombre croissant de citoyens envers les institutions
judiciaires suite à l’adoption de cette loi.
En tant
que juristes, les protestataires ont dit vouloir observer strictement la loi:
ainsi, leur itinéraire a été remis aux policiers montréalais plus de huit
heures à l’avance. Par
ailleurs, en tant qu’officiers de justice, certains promettent de se loger aux
premières lignes du combat pour faire invalider les dispositions de la Loi 78 qui leur semblent
incompatibles avec la
Constitution et les chartes des droits. L’appel
avait été lancé à tous les acteurs du milieu juridique mais il était déjà
acquis que certains n’y répondraient pas, au premier chef les juges. « Ce
serait assez inhabituel parce que les juges, normalement, ont un très grand
devoir de réserve », a fait valoir Me Desroches.
Il croit
également que les juristes de l’État, qu’il s’agisse de ceux qui sont à
l’emploi du gouvernement ou encore des procureurs de la Couronne, pourraient
avoir des réserves assez importantes. « Les
avocats qui travaillent dans des organismes gouvernementaux ne voudront pas
nécessairement s’afficher. (…) Je peux comprendre la question éthique
derrière cela et c’est tout à fait logique », a-t-il fait valoir.