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Grande manif tout nu pour le grand prix

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C’est une de mes connaissances, Lorraine,
liée à l’organisation de la manifestation, qui m’a raconté comment le tout
allait se dérouler. Quelle ne fut ma surprise, elle qui s’excitait à l’idée de
cette nudité collective, de la voir surgir enrubanné jusqu’au cou avec des
lunettes de soleil. Franchement. Et pour répondre aux voyeurs qui se seraient mordus
les doigts de n’avoir pas pus y être, vous n’avez rien manqué. Sur une échelle
de dix côté excitation j’accorde une note de 1,5.

Vous savez, il ne faut pas s’attendre à des miracles
corporels côté grain de peau quand vous passez de long mois d’hiver habillé
jusque là. Des peaux blanches il y en avait en majorité, et des chairs flasques
aussi. Rien pour exciter les sens. Et sur les cinq cent manifestants, tous ne
se sont pas mis totalement à poils. Le look des filles était d’avoir les seins
nus avec des carrés rouges adhésifs qui cachaient les mamelons et elles
gardaient leurs petites culottes. Pas des strings.

« NOUNE NE RECULERONS PAS »

On a distribué un trac sur
lequel on pouvait lire avec amusement « noune ne reculerons pas ». Il
y avait quelques gars audacieux qui ont tout enlevé et c’est à la surprise des
badauds qu’on a pu voir des membres virils au repos, rassurez-vous. Le
rassemblement avait lieu à 19h. 30 au Square Dorchester. Deux leaders ont
d’abord harangué la foule présente et ont commencé le décompte pour que les
gens se dévêtent, donnant l’exemple eux-mêmes en s’exhibant dans leur tenue de
naissance, sous les applaudissements de la foule en joie. Puis tous ces joyeux
lurons se sont mis en marche en direction de la rue Peel. Mais ils ont vite été
refoulés avant de pouvoir arriver rue Sainte-Catherine. Car le mot d’ordre des
forces de l’ordre était d’empêcher que les chahuteurs viennent semer le trouble
sur la rue Crescent.

TOURNER
EN ROND

Je n’entrerai pas dans le détail du circuit
emprunté, mais ils ont beaucoup tourné en rond au centre-ville. Car les
policiers faisaient souvent barrage. Et je me suis surpris à apostropher le
teneur du drapeau rouge qui ouvrait la marche en lui disant à un moment donné
de se diriger à gauche plutôt qu’à droite, de sorte de gagner du terrain vers
l’Ouest de la ville. Car les militants, ai-je pu observer, avaient plus de
mobilité que les policiers qui attendent toujours un ordre avant d’emprunter
une direction donnée. Et ça marché!

On a réussi à semer les agents sur un bon
bout de parcours. Mais ça n’a pas pris de temps que vous avez vu surgir
d’autres renforts au pas de course. Je vous dirai que je commençais à m’ennuyer
un peu. Rendu sur la rue Saint-Urbain il y a eu une échauffourée entre
manifestants et policiers. Et si dans l’ensemble les policiers se sont assez
bien comportés, il y a eu deux moments où je puis dire que ce sont les membres
de l’anti-émeute qui ont été les provocateurs. A un moment donné ils ont plaqué
au sol un manifestant court-vêtu et l’ont immobilisé avec quatre genoux dans le
dos. Et durant cinq longues minutes ils ont vraiment rudoyé leur prise. De
vrais malades.

Et aussi lorsque le défilé a emprunté McGill College pour
s’arrêter devant le portail du campus de l’université McGill sur Sherbrooke, là
ça brassé. Les policiers ont foncé sur les manifestants. Une fille membre des
Black Blocks, très gentille, sentant la soupe chaude, m’a invité à me
soustraire au groupe, car elle m’a dit que je risquais d’être pris dans une
souricière. Et effectivement sur Sainte-Catherine, les agents ont attaqué avec
des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes. Leur but était de
fractionner la masse des contestataires de sorte de les disperser. Je note au
passage que les manifestants ont eu le loisir de pénétrer par la bande sur le
site des Francofolies, perturbant le public qui écoutait un groupe.

Les maNufestants ont été rejoints bien
avant par un autre groupe venant de la place Émilie-Gamelin. Selon les
estimations approximatives, il devait bien y avoir au plus fort de la soirée
d’hier entre 4 ou 5 mille manifestants. C’est la dispersion réussie par les
autorités policières, et la pluie, qui ont refroidi l’ardeur des participants.
Au retour à la maison j’ai vu le reportage sur l’arrivée des invités à la
soirée prestige du Grand Prix. Et Gilbert Rozon plus fendant que jamais. Il en
coûtait 1000$ le couvert, tandis que les étudiants sont couverts de dettes.
Rozon ne s’est toujours mis en  tête
pourquoi tout ce beau monde manifestait.

Et autre citation du trac de tantôt, les
jeunes ont exprimé aussi leur indifférence aux partis politiques traditionnels,
et je cite « Les seuls bons partis, sont nos parties génitales ».
Qu’on se le tienne pour dit.