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Grand prix : plus de trente arrestations

Des dizaines de personnes, surtout des jeunes portant le carré rouge, se sont plaintes d’avoir été victimes de profilage social dans le métro et sur le site du Grand Prix de Formule un, qui se déroulait sous haute surveillance policière. La
relationniste du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Anie Lemieux, a reconnu
que le carré rouge, symbole du mouvement étudiant, « attirait l’oeil des
policiers », mais a précisé que ces derniers n’avaient pas reçu de consigne
précise à cet égard.

Il s’agissait pour eux « de surveiller ceux qui
pourraient représenter une menace quelconque » ou qui faisaient montre d’un
« comportement X », a-t-elle exposé. En tout,
les forces de l’ordre ont effectué 34 « arrestations préventives » en
vertu de l’article 31 du Code criminel selon lequel « un agent de la paix
qui est témoin d’une violation de la paix, comme toute personne qui lui prête
légalement main-forte, est fondé à arrêter un individu qu’il trouve en train de
commettre la violation de la paix ou qu’il croit, pour des motifs raisonnables,
être sur le point d’y prendre part ou de la renouveler ».

Ces
individus ont été emmenés « dans un endroit sûr » avant d’être libérés
quelques heures plus tard, a affirmé l’inspecteur Alain Simoneau, du SPVM, lors
d’un point de presse qui s’est tenu en milieu d’après-midi. Deux personnes ont
cependant été transférées vers un centre d’enquête, où l’on déterminera si des
accusations criminelles pourraient être déposées, a précisé Anie Lemieux en
début de soirée. Le SPVM a
par ailleurs indiqué que neuf autres personnes avaient été arrêtées dimanche en
marge des événements du Grand Prix. Cinq seront accusées d’avoir commis des
actes criminels voies de fait, menaces à l’endroit des policiers et entrave
au travail des policiers, entre autres tandis que les quatre autres écoperont
d’un constat d’infraction en vertu des règlements municipaux.

La
multiplication de ces « arrestations préventives » préoccupe vivement
les groupes étudiants, dont la
Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). « On
est hautement inquiets de voir que plusieurs arrestations ou fouilles ont
encore été faits sous des prétextes faibles, comme le fait de simplement porter
un carré rouge ou encore d’être habillé en noir. Je trouve qu’on a franchi une
ligne », a affirmé la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.Éliane
Laberge, présidente de la
Fédération étudiante collégiale (FECQ), a abondé dans le même
sens, parlant de façons de faire « complètement démesurées ».

« C’est
normal qu’il y ait une présence policière, mais des arrestations préventives
contre des personnes portant le carré rouge ou qui semblent être des
manifestants, cela me semble excessif. On devrait se sentir à l’aise et
confortable de manifester et d’exprimer son opinion », a-t-elle commenté. En soirée,
quelques centaines de personnes sont parties du parc Émilie-Gamelin, au
centre-ville de Montréal, pour la désormais traditionnelle marche nocturne, une
48e en autant de soirs. Celle-ci a été déclarée illégale dès son amorce peu
avant 21h, puisque l’itinéraire n’avait pas été fourni aux policiers.

Certains
actes de vandalisme étaient signalés environ une heure après le début de la
marche. Des vitrines des édifices de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la Banque Nationale
et d’une autre institution financière ont été brisées au centre-ville. La police
indiquait vers 22h30 qu’un avis de dispersion avait été suivi par la plupart
des manifestants. Neuf personnes ont alors été interpellées en fonction de
règlements municipaux alors que trois autres ont été arrêtées en vertu du Code
criminel pour agression armée et entrave.

MÉTRO SOUS HAUTE SURVEILLANCE

Les
amateurs de Formule Un ayant opté pour le métro comme moyen de transport ont
été très étroitement encadrés par les policiers, qui redoutaient un coup
d’éclat de groupuscules anticapitalistes. Ces derniers, dont la Convergence des luttes
anticapitalistes (CLAC), s’étaient tournés vers les médias sociaux pour inviter
leurs militants à se rendre sur le quai de la ligne jaune, à la station Berri-UQÀM,
et d’attendre « un signal » à 10h30. Vers
10h35, l’alarme incendie a retenti dans la station. Les policiers ont réagi au
quart de tour en procédant à plusieurs interpellations, tandis que leurs
collègues dirigeaient le flux de passagers d’une main de fer. Aucune flânerie
n’était tolérée.

À la
station Jean-Drapeau, les visiteurs étaient accueillis par un imposant cordon
policier. Entre 11h et 12h, des dizaines de personnes, surtout des jeunes, ont
été interpellées, puis escortées jusqu’à un autobus. De nombreuses personnes,
dont un journaliste de La
Presse Canadienne en couverture et détenant une carte de
presse, ont été refoulées vers le métro parce qu’elles n’avaient pas de billets
pour le Grand Prix.

Certains,
dont un jeune employé du restaurant du Casino qui se rendait au boulot,
conserveront un goût amer du traitement auquel ils ont eu droit. « Ils (les
policiers) ont pris mon sac, me l’ont confisqué et m’ont dit que je n’avais
rien à dire », a dénoncé Jonathan, tremblant comme une feuille. D’autres
ont été arrêtées avec des sacs remplis de roches, de lunettes de skis et de
divers objets comme des banderoles, ont indiqué des policiers interrogés sur
place.

Pendant ce
temps, les revendeurs de billets s’en donnaient à coeur joie sous le regard
désintéressé des policiers. L’un d’entre eux, Joshua Tuck, a expliqué que les
policiers les toléraient « parce que la seule chose qui les préoccupe, ce
sont les manifestants ». « Ce
qui s’est passé hier (les affrontements dans le centre-ville, samedi), c’est la
meilleure chose qui pouvait nous arriver », a lancé, l’air ravi, un autre
revendeur. L’omniprésence
des policiers et le rigoureux contrôle exercé aux divers points de contrôle
n’ont pas semblé déranger outre mesure la plupart des touristes interrogés sur
le site du Grand Prix.

« Écoutez,
je n’ai rien à cacher, alors s’ils veulent regarder ce qu’il y a dans mon sac,
ça m’est égal. Si quelqu’un veut y cacher quelque chose, ça devient son
problème, c’est tout », a lancé Adrian, un touriste qui a fait le chemin
depuis le Maine pour assister au triomphe de Lewis Hamilton.