était vendu dans les pharmacies comme un remède contre le stress, et après la
prohibition il a littéralement conquis les États-Unis et a déferlé sur le Canada et le Québec. Qui
n’a pas apprécié un bon Ruffino Chianti dans les repas de famille et dans les
grandes occasions? Après presque 40 ans de règne de la
famille Ruffino, le grand vignoble est passée aux mains des Folonari, une autre
grande famille du Nord de l’Italie impliquée elle aussi dans la production et
le commerce du vin dans plusieurs régions de la péninsule.
J’ai eu la chance de rencontrer Adolfo
Folonari, héritier et directeur du Domaine Ruffino, de passage à Montréal qui a
bien voulu répondre à mes questions.
RH
– Votre famille est impliquée dans le
vin depuis le Dix-huitième siècle. Comment est-elle venue à s’identifier au
domaine de Ruffino, Monsieur Folonari?
AF
– Ruffino s’est retrouvé sans héritier
et avec des problèmes d’argent, ce qui a amené ma famille en 1913 à acheter le domaine dont le savoir-faire
et les vins étaient reconnus partout. Figurez-vous que Ruffino a été le premier
vin italien à recevoir une médaille d’or à Bordeaux en 1905.
RH
– Dès 1930 la Maison Ruffino était la
plus importante de la Toscane et avec les domaines Folonari que vous conserviez
alors vous étiez également la plus grande maison vinicole familiale de
l’Italie. Est-ce que la Deuxième guerre mondiale a affecté les affaires de la
maison Ruffino.
AF
– Certainement, le village de Pontassieve
fut rasé et nos celliers détruits. Nous avons dû reconstruire notre domaine et
après la guerre nous avons acheté d’autres domaines dans le Chianti Classico,
mais aussi à Brunello di Montalcino, à Montepulciano, à Orvieto, au Frioul et dans
la Vénétie. Dans les Années soixante nous exportions déjà dans plus de cent
pays.
RH
– Est-ce que c’est alors que vous vous êtes
départis du domaine Folonari?
AF
– Conscients de l’importance de Ruffino,
et de son potentiel nous avons vendu le domaine Folonari dans les années 70
pour nous consacrer entièrement aux terroirs de Ruffino.
RH
– Qu’est-ce qui a fait que les vins de
Ruffino aient acquis une telle notoriété?
AF
– Une série de facteurs ont joué en
faveur de Ruffino. Tout d’abord le fait d’avoir des vignobles sur les meilleurs
terroirs de la Toscane, à une certaine altitude, ensuite d’employer des
techniques de culture et de vinification sans compromis. Ruffino a réussi à
faire des vins qui étaient capables de plaire aux palais les plus exigeants
comme à ceux des néophytes. Entendons-nous nos vins sont excellents, et à la
fois accessibles à tous les goûts.
RH
– Vous êtes né en 1959 et vous êtes la
troisième génération de Folonari sur les terres de Ruffino. Avez-vous passé
votre enfance dans les vignes?
AF
– Oui j’ai passé mon enfance dans le
vignoble et j’ai joué dans les vignes et dans le chai. C’est là que j’ai appris
à aimer la vigne et le vin, avec mon père qui travaillait si fort pour faire le
meilleur vin.
RH
– Vous avez reçu une excellente formation
en économie, qui vous permet aujourd’hui de gérer ce grand domaine.
AF
– Ma famille ne me m’obligeait pas à
faire des grandes études, mais je ressentais que l’importance de notre domaine
demandait des qualités que je ne pouvais acquérir que dans une bonne école.
C’est pourquoi j’ai décroché un diplôme d’économie et des affaires de
l’Université de Parme. J’ai aussi obtenu une formation et un entrainement très
poussés avec le groupe d’œnologues de Ruffino.
RH
– En quelle année avez-vous rejoint
l’entreprise familiale?
AF
– Officiellement en 1990, mais je n’ai
jamais cessé de travailler pour Ruffino, en vérité.
RH
– On dit que vous travaillez pour
l’avenir. Est-ce que les vins que vous produisez aujourd’hui sont différents de
ceux que produisaient votre père et votre grand-père?
AF
– Pour nos Chianti Ruffino, nous devons
avant tout conserver la qualité héritée du passé. Il y a certes quelques
techniques de pointe qui nous permettent de faire de petites améliorations,
mais le plus important c’est de maintenir cette perfection héritée de la
tradition. Nous sommes soucieux de maintenir la Maison Ruffino comme la
référence de marque pour les vins italiens.
RH
– Vous produisez des vins blancs dans
l’Orvieto, dans le Frioul et la Vénétie, mais en faites-vous aussi dans le
Chianti?
AF
– Nous en faisons un peu, des blancs et
des rosés mais c’est pour la consommation locale. Autrement en Toscane, nous
nous consacrons aux rouges. Nous produisons environ vingt-cinq vins.
RH
– Si le Chianti DOCG Ruffino est un vin qui
a cent cinquante ans d’existence et auquel vous êtes particulièrement attachés,
votre Riserva Ducale est un emblème.
AF
– L’histoire remonte au tout début de la
Maison Ruffino, en 1877. Les frères Ruffino décident de créer une sélection
spéciale, un Chianti Stravecchio pour les occasions spéciales, avec les
meilleurs cépages de la région. La réputation de ce vin remarquable parvient
aux oreilles du Duc d’Aoste, grand connaisseur et grand amateur, qui se déplace
pour venir le goûter. Conquis par lui, Ruffino devient fournisseur officiel du
Duc et de la famille royale italienne et à partir de 1927, l’étiquette porte la
dénomination de Riserva Ducale. En 1966 il est reconnu comme Riserva Ducale
Chianti Classico et à partir de 1984 il adopte les normes de production Riserva
DOCG.
RH
– Vous produisez maintenant le nec plus
ultra des Riserva Ducale, qui est le Riserva Ducale Oro
AF
– Le Riserva Ducale était une réaction
normale de la part d’un producteur de grands vins, pour se surpasser. Le
Riserva Ducale Oro est un autre processus semblable. C’est le fruit d’une
sélection encore plus minutieuse des meilleurs raisins Sangiovese et des
contrôles de qualité encore plus poussés. Le Riserva Ducale Oro n’est produit
naturellement que lors des millésimes exceptionnels. Il contient au minimum 80%
de Sangiovese, du Cabernet Sauvignon et du Merlot. Ce sont des vins de très longue garde et
pendant ce siècle nous avons eu la chance d’avoir quatre Riserva Ducale Oro, en
2001, 2004, 2006 et 2007.
RH
– Vous avez aussi un Super toscan, le
Modus, qui est digne de mention.
AF
– Dans les années 90, nous avons lancé un super
toscan, plus adaptée au goût des jeunes, que nous avons appelée Modus qui en
latin veut dire méthode ou chemin. C’est la voie de Ruffino pour exprimer la
Toscane avec un assemblage de trois cépages.
Le Sangiovese à 50%, le Cabernet Sauvignon à 25% et de Merlot à 25% également. Le premier apporte l’élégance, avec
des arômes de cerise et de baies rouges, le deuxième la structure et le troisième la
finesse avec des notes délicates de menthe et de baies rouges.
RH
– L’étiquette est magnifique. Elle
représente une étoile à huit pointes sur fond bleu.
AF – Elle symbolise
la vigne, la vie, le soleil, le sol, les fruits, le temps, le vin et la méthode
de culture.
RH
– Est-ce que le goût des consommateurs a
changé dans les dernières années?
AF
– Le style de vie a changé dans les
dernières années en Italie. Les consommateurs sont devenus plus exigeants. Ils
aiment les vins plus concentrés et moins acides, plus complexes également. La
consommation de vin a par contre, beaucoup baissé en Italie. Avant le vin
faisait partie de l’alimentation. On parlait d’une consommation de 120 litres
par personne et par an, aujourd’hui on ne parle que de 50 litres par personne
et par an.
RH
– Que représente le marché du Québec et
du Canada pour votre maison?
AF
– C’est certainement un des marchés
externes les plus importants pour nous, un marché, avec d’autres, qui nous
permet de voir l’avenir avec optimisme.
RH
– En plus du vin, on connait votre amour
pour l’histoire et particulièrement pour celle de la Toscane. Avec votre père
vous restaurez un château du Onzième siècle sur la colline de Montemasso.
AF
– Nous avons parachevé la restauration
du château du Onzième siècle à Montemasso. Cela nous a pris dix ans et des
moyens importants, mais c’est de toute beauté. Mon père y habite dans une tour
d’ailleurs, et nous recevons nos représentants et nos clients de marque dans
l’autre aile du château qui est doté naturellement de toutes les commodités.
RH
– Vous avez la réputation d’être un homme
de goût et aussi un gourmet. Le bonheur de vivre ne dure souvent qu’un instant
mais son souvenir demeure. Comment définiriez-vous cet instant d’éternité.
AF
– Certainement assis sur la terrasse, au
crépuscule, avec un steak florentin grésillant sur le gril, ma femme Yasmine
tournant et retournant une salade à l’huile d’olive extra-vierge Ruffino et une
bouteille de Ruffino Riserva Ducale, Gold Label 1985, n’attendant qu’à être dégustée.
Nous
nous sommes quittés sur cette joyeuse note gourmande, pour nous retrouver plus
tard pour une mémorable dégustation verticale des meilleurs Ruffino Riserva
Ducale Chianti Classico DOCG.
VINS
RUFFINO DISPONIBLES AU QUÉBEC
Orvieto Classico (format 750 ml), code SAQ 31062, produit régulier, 13,50 $
Orvieto Classico (format 1,5 l), code SAQ 10969991, produit de spécialité, 23,90 $
Libaio Chardonnay, code
SAQ 211441, produit régulier, 14,95 $
Chianti (format
750 ml), code SAQ 1743, produit régulier, 15,95 $
Chianti (format 375 ml), code SAQ 4069, produit
régulier, 9,95 $
Chianti (format 1,5 l), code SAQ 10832572, produit de spécialité, 30,50 $
Il Ducale, code
SAQ 11133204, produit régulier, 18,95 $
Ducale Riserva, code
SAQ 45195, produit régulier, 24,95 $
Riserva Ducale Oro, code
SAQ 11517380, produit régulier, 46,25 $
Modus, code
SAQ 11442664, produit de spécialité, 29,60 $
Lodola Nuova, code
SAQ 10254055, produit de spécialité, 24,95 $
Fonte al Sole, code
SAQ 458356, SAQ Dépôt seulement, 14,15 $
Robert Ghezzo, ambassadeur de la
marque Ruffino
Représentés au Québec par VINCOR CANADA
Robert Farèse directeur du développement
Doris Dallaire, directrice des Comptes
majeurs
Louise Tousignant, coordonnatrice fournisseurs
Source : LaMetropole.com