la chef de l’opposition à l’Assemblée nationale et chef du Parti québécois,
Pauline Marois, estime que le premier ministre du Canada a bien raison de
prendre son parti au sérieux. C’est la possibilité de voir le PQ reprendre le pouvoir aux prochaines
élections provinciales qui a provoqué une rencontre, la semaine dernière à
Montréal, entre Stephen Harper et Brian Mulroney qui ne s’étaient pas parlé
depuis cinq ans, ayant eu un différent important en raison des liens entre le
deuxième homme et le lobbyiste allemand Karlheinz Schreiber.
Mme Marois se réjouit de l’intérêt de M. Harper pour la Belle Province, car
le gouvernement actuel, qui est «anti-Québec» selon elle, ne cesse de faire des
choix qui vont à l’encontre des valeurs et des intérêts des Québécois. Elle a
dénoncé les décisions du fédéral d’abolir le registre des armes à feu, mais
également la nouvelle loi sur les contrevenants et l’adoption du projet de loi
C-38, qui modifie le programme d’assurance-emploi et certaines dispositions
environnementales.
Quant au chef du Nouveau parti démocratique, Thomas Mulcair, qui était de
passage au Québec pour assister à l’inauguration d’un parc en l’honneur de son
prédécesseur Jack Layton, il a semblé douter de la réelle volonté de M. Harper
de s’intéresser au Québec. Il a indiqué qu’à «chaque fois» que le premier ministre canadien a eu la chance
de faire des gestes qui témoignent de la reconnaissance du Québec comme nation,
«il a dit non». M. Mulcair a déclaré qu’il laisserait «M. Harper prendre des conseils où il
peut» mais a ajouté que le premier ministre «devra désormais vivre avec les
conséquences de ses gestes, car il a non seulement dit non au Québec, mais
aussi à l’ensemble des francophones du Canada».
Mais selon Mme Marois, prendre le pouls de Brian Mulroney sur la situation est
un bon choix car l’ex-premier ministre «connaît très bien le Québec.» Elle a
rappelé que M. Mulroney «a probablement été le plus loin possible pour
reconnaître le Québec concrètement (mais) ses efforts ont échoué». Elle a
ajouté que même si (le PQ) n’était pas d’accord avec lui, «il a tout de même
fait un effort honnête pour ramener le Québec dans le giron constitutionnel,
(étant) même capable d’aller chercher une majorité au Québec, c’est sûrement
mieux que M. Harper».
La rencontre entre les deux hommes est survenue quelques jours avant la tenue
ce week-end d’un rassemblement conservateur au Québec au cours duquel Stephen
Harper tentera de redorer le blason de son parti dans la province. Les efforts de M. Harper pour séduire le Québec ne visent pas seulement à
augmenter le nombre de députés conservateurs en sol québécois, qui s’élève
actuellement à cinq. La victoire du Parti québécois dans la circonscription d’Argenteuil, qui était
un château-fort libéral depuis 46 ans, lors des récentes élections partielles,
laisse entendre que la formation politique de Pauline Marois gagne en
popularité aux dépends de celle de M. Charest, mise à mal par le conflit
étudiant.
Si le Parti québécois remporte les prochaines élections provinciales et lance
un nouveau débat sur l’indépendance de la province, Stephen Harper serait en
mauvaise posture pour défendre l’unité nationale. Les conservateurs sont au plus bas dans les sondages au Québec et le
gouvernement libéral provincial n’a aucun porte-parole pouvant parler
efficacement au nom des forces fédéralistes.