M. Trudeau sillonnait la
file d’attente des amateurs de crêpes lors d’un petit-déjeuner libéral,
s’arrêtant auprès de chaque personne pour échanger quelques mots et se prêtant
au jeu des photos. Il a toutefois affirmé aux journalistes que c’était là quelque chose qu’il
faisait lors de chaque événement public et qu’il ne fallait pas y voir un aveu
de son prochain plongeon dans la mêlée libérale. «Si vous m’aviez vu dans les autres petits-déjeuners du Stampede dans les
dernières années,
vous auriez constaté que je fais exactement la même chose,
parce que pour moi, quelqu’un qui choisit d’être libéral à Calgary ne le fait
certainement pas pour être populaire», a-t-il lancé en rigolant. «Ils le sont parce qu’ils y croient. Et pour moi, de reconnaître ça et de
féliciter les gens pour ça, c’est important», a poursuivi Justin Trudeau. Le député de Papineau et fils aîné de l’ancien premier ministre libéral Pierre
Elliott Trudeau reconnaît toutefois que la course au leadership accapare
largement ses pensées ces derniers temps.
«Je dois m’assurer que j’ai ce qu’il faut, et vous saurez vers la fin de l’été
et le début de l’automne si j’ai décidé, mais pas avant», a-t-il affirmé. Le mois dernier, un sondage La Presse Canadienne-Harris-Decima
révélait que 33 pour cent des Canadiens seraient enclins ou certains de voter
pour le Parti libéral s’il était mené par M. Trudeau. «Je suis conscient qu’il y a une certaine dose de popularité dans tout ça, mais
ce n’est pas du tout au coeur de la décision que j’ai à prendre», a soutenu le
député.
«Ce que je dois décider est de nature très personnelle. Est-ce que je pourrai
être un bon père et possiblement un bon premier ministre, et surtout, suis-je
la bonne personne pour remplir cette fonction?» M. Trudeau a déclaré que l’essentiel du processus de renouveau au Parti libéral
visait à rappeler aux Canadiens que les libéraux ont la capacité de se
positionner et parler au nom de tous. Il a accusé le leader du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, d’être
«l’autre face» («flipside») du premier ministre Stephen Harper, soutenant que
tous deux avaient polarisé le pays et s’affairaient à monter les provinces les
unes contre les autres.
Le chef intérimaire du parti, Bob Rae, a quant à lui affirmé être satisfait de
sa décision de ne pas se présenter à la chefferie. «Lorsque j’ai accepté d’être leader intérimaire, j’avais dit que je ne me
présenterais pas et après réflexion, je crois que c’était la meilleure voie à
adopter. C’était important pour le parti de se renouveler, d’avancer et de se
tourner vers les autres pour trouver quelqu’un pour assumer le poste à long
terme», a-t-il expliqué.
Les libéraux devront se choisir un nouveau chef dans les premiers six mois de 2013. M. Rae n’a pas prévu
endosser quelque candidat que ce soit. «Le parti doit prendre sa propre décision et le faire de manière complètement
indépendante de moi», a-t-il fait valoir. «Je crois que ce qui donne une certaine intégrité au processus, c’est que nous
ignorons qui se portera candidat, et nous ignorons qui en sortira vainqueur.»