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 » camion  » remporte de grands honneurs

Selon son réalisateur Rafaël Ouellet, qui a décroché samedi les prix de la meilleure réalisation et du jury oecuménique en République tchèque. L’angoisse
qui rongeait le cinéaste de 38 ans dans l’attente de la remise des prix est
ainsi tombée pour de bon, laissant place à la fierté, la joie et la surprise. En
entrevue à La Presse Canadienne depuis Karlovy Vary, Rafaël Ouellet a d’abord
rendu hommage au travail de son équipe avant d’ajouter qu’il était « juste
heureux » et qu’il se croisait désormais les doigts en prévision de la
sortie en salles de son film au Québec, le 17 août.

L’espérance
qui transparaît dans son oeuvre a d’après lui permis à « Camion » de se
distinguer des autres films, qui ont « souvent des fins
négatives ou cyniques », pour reprendre ses observations. Le film
de Rafaël Ouellet est une chronique familiale inspirée du vécu et du métier de
son père, un camionneur originaire de Dégelis, une ville québécoise d’environ
3500 habitants située non loin de la frontière avec le Nouveau-Brunswick. L’oeuvre
met en vedette Julien Poulin dans le rôle de Germain ainsi que Patrice Dubois
et Stéphane Breton, qui campent ses deux fils.

« Camion »
avait été très bien accueilli par le millier de personnes ayant assisté à la
première mondiale dimanche dernier. Mais les
deux prix récoltés samedi permettront au long métrage de véritablement prendre
son envol, et à son réalisateur, de s’en détacher, a plaidé Rafaël Ouellet. « On
écrit un film, on le tourne et ensuite on doit le faire vivre pour
le public, suggère-t-il. C’est peut-être l’étape la plus difficile, celle sur
laquelle on a le moins le contrôle. Or un prix vient donner une aura, une
curiosité pour le projet. »

Assez tôt
dans « Camion », un accident de la route propulse le personnage de
Germain dans une dépression qui l’amènera à se rendre compte que ses deux fils
souffrent. À ce
sujet, le cinéaste avance timidement qu’il aimerait bien que le message
rassembleur de son oeuvre touche les Québécois. « Dans
le récit, les personnages réalisent qu’ils viennent de la même place, qu’ils
vont à la même place, qu’ils ont le même sang », explique le créateur
engagé, qui a fièrement arboré le carré rouge à Karlovy Vary.

« En
ce moment, on vit une crise sociale au Québec. Les idées et les opinions sont
polarisées, les gens se retranchent dans leur coin. Le film
appelle plutôt à la réunion. C’est en se réunissant qu’on peut triompher. » Les
récompenses tchèques en poche, Rafaël Ouellet monte son prochain film
et planche sur l’écriture d’un autre. Il garde les yeux rivés sur le Festival
international des films de Toronto _ où il espère que son film
sera projeté _, la sortie en salles de « Camion » et de sa bande sonore
au Québec, mais également sur les impératifs de la vie quotidienne.

« Je
travaille sur divers projets, notamment celui de me trouver un gagne-pain pour
payer le loyer cet automne! », lance-t-il, terre à terre. Rafaël
Ouellet en était à sa deuxième présence au festival de Karlovy Vary. « Camion »
est son quatrième long métrage, après « Le Cèdre Penché » (2007),
« Derrière-moi » (2008) et « New Denmark » (2009).