Elle réserve aux membres de certains ordres professionnels, en
exclusivité ou en partage, des activités comprenant un risque de préjudice. En
confiant ces activités uniquement aux professionnels compétents et habilités à
les exercer, elle assure la protection du public. Outre les
psychologues, les autres professionnels visés par une ou plusieurs des
dispositions de la loi sont les conseillers d’orientation, les ergothérapeutes,
les infirmières, les médecins, les psychoéducateurs, les travailleurs sociaux
et les thérapeutes conjugaux et familiaux.
PROJET DE LOI 21
Au nombre des
changements il y a l’encadrement de la psychothérapie. En définissant ce
qu’elle est et en réservant sa pratique et le titre de psychothérapeute, la loi
a mis un terme à l’ambiguïté qui entourait la psychothérapie. C’est ainsi que
seuls les psychologues, les médecins et les détenteurs d’un permis de
psychothérapeute sont autorisés à l’exercer. La gestion du permis de
psychothérapeute est assurée par l’Ordre des psychologues du Québec, qui
délivre ce permis en appliquant le règlement de l’Office des professions du
Québec.
CHAUFFEURS DE TAXI PSYCHANALISTE
Le gouvernement du
Québec avec juste raison a décidé de légiférer sur les psychothérapies. En effet, certains titres pouvaient être reconnus
du public comme étant des titres officiels comme par exemple, le titre de psychanalyste
ou le titre de psychothérapeute. Mais en fait il n’y avait rien d’officiel. N’importe
qui pouvait s’intituler psychanalyste ou psychothérapeute. Donc la population
confondait ces individus autoproclamés avec de vrais psychanalystes qui avaient
fait leurs études de médecine et de psychiatrie, 5 ans d’analyse personnelle
plus plusieurs autres années de formation.
Par exemple des chauffeurs de taxi trouvaient qu’ils comprenaient les
êtres humains en les écoutant. Ils ont
donc ouvert des bureaux sous le nom de psychanalyste.
Puis, par la suite,
la psychanalyse devient de moins en moins à la mode. En effet, cela demandait
au client d’aller en thérapie au moins 3 fois par semaine. Ce n’était pas payé
par aucune agence gouvernementale. De plus les psychanalystes insistaient pour
que les personnes soient intelligentes pour comprendre les arcanes complexes de
la psychanalyse. Donc le choix des personnes était très réduit et cela
demandait des conditions financières exceptionnelles.
De plus, il était
très difficile de faire de la recherche poussée avec placebo pour des patients
qui étaient en psychanalyse. Cela donc a mis du temps avant qu’on réalise que,
finalement, les résultats n’étaient pas aussi positifs qu’on pouvait penser
surtout si on comparait avec toute l’énergie qui avait été dépensée.
Par contre, en ce
qui me concerne, j’aimais beaucoup lire et m’intéresser aux arts. La
psychanalyse était, pour moi et pour beaucoup d’autres futurs psychiatres, un
monde merveilleux. Freud pouvait tout
expliquer. Il analyse un rêve de Léonard
de Vinci décrit dans son carnet. Il explique le rêve par son tableau : La Mère et l’enfant. Il voit
dans les plis de sa robe un vautour qui symbolisait la mère castrante de
Léonard De Vinci. Tout était expliqué et toute explication paraissait logique
dans les cadres de la psychanalyse.
Essayez
de voir ce vautour qui nourrit l’enfant!
Je me souviens
toujours de ce tableau de Van Gogh : on voit sa chaise et une poche de
tabac molle avec une pipe le tuyau pendant vers le bas. Il avait aussi peint la chaise de Gauguin. On
y voit une bougie plantée bien droit avec une flamme en santé symbolisant la
force mâle et une érection contrairement aux complexes et à la timidité de Van
Gogh. Ce dernier se voyant comme inférieur à son collègue peintre. Une
explication psychanalytique vraiment passionnante qui m’avait fortement
intéressé comme tant d’autres.
Je trouvais cela
merveilleux qu’on puisse analyser autant de détails dans tout ce qui était de
l’art. Donc, comme beaucoup de médecins
qui allaient en psychiatrie, comme moi-même, la psychanalyse offrait un monde
extraordinaire d’interprétation de tout ce qui se passait dans la vie. Ces interprétations ont passé également dans
les médias et on pouvait comprendre presque n’importe quel film en l’analysant
d’une manière analytique.
On pouvait aussi comprendre
les civilisations antérieures. D’ailleurs dans « La
Métamorphose De
L’âme Et De Ses Symboles », le psychanalyste Carl Young avait également
fait des interprétations intéressantes sur les mythes anciens. Donc, ce domaine
était extrêmement fascinant et nous poussait à étudier l’art ou même l’histoire
comme dans le texte de Freud sur « Moïse et le monothéisme ». Néanmoins, plus on
avançait dans la recherche psychiatrique plus on a réalisé que ce type de
thérapie n’était pas très efficace.
Pendant ce temps-là,
alors que j’étais aux études, j’entendais parler des théories psychologiques
qui étaient faites à cette époque par des behavioristes étudiant uniquement
sur des rats. Je trouvais que devant les merveilleuses explications
psychanalytiques ces travaux sur les rats étaient totalement inutiles et
inefficaces. Je considérais que l’être
humain était beaucoup plus complexe pour être simplement le sujet de récompenses
et de punitions. Les premiers travaux de
Pavlov semblaient
frustrants et peu prometteurs.
Néanmoins, le behaviorisme s’est amélioré avec la notion de behaviorisme
opérant. Par la suite, il y a eu des
behavioristes qui utilisaient l’imagination des clients et on s’est aperçu
qu’il y avait une possibilité de régler relativement rapidement des problèmes
psychiatriques ou psychologiques avec ces techniques.
Mais mon propos d’aujourd’hui
est de vous dire combien la plupart des techniques utilisées en psychiatrie et
en psychologie ont commencé par paraître des anormalités et parfois même de la
fraude. Je me souviens qu’à la belle
époque de la psychanalyse on se moquait d’un psychiatre, chef du département de
psychiatrie, qui, lorsqu’un patient était anxieux, il lui apprenait à
respirer.
Néanmoins par la
suite on s’est aperçu avec les travaux du sud-africain Wolpee, que certains
traitements comme certaines relaxations basées sur la respiration ont pu être
utilisées à bon escient pour traiter efficacement plusieurs problèmes
psychologiques. Moi-même j’avais
été très intéressé par le bouddhisme zen qui enseignait des techniques de
relaxation basées sur la respiration. Cela paraissait assez illogique et un peu
fantaisiste.
Mais quel ne fut
pas l’étonnement des chercheurs, travaillant en biofeedback, de s’apercevoir, avec
leurs appareils portatifs, que la méditation avait des effets mesurables sur le cerveau humain. En allant dans un monastère zen ils se sont
aperçus que les novices durant leur méditation produisaient des ondes alpha
alors que des personnes qui n’étaient pas en méditation montraient des ondes
bêta. Les ondes alpha étaient entre 8 et
13 à la seconde. Des moines plus entraînés, habituellement plus hauts dans la
hiérarchie, produisaient des zones thêta c’est-à-dire de 4 à 8 à la seconde.
Certains
moines extrêmement avancés pouvaient faire des méditations en ondes delta de 2
à 4 à la seconde où ils auraient dû être totalement presqu’inconscients dans
cet état là alors qu’ils restaient conscients.
Donc la science a
réalisé que certaines techniques de relaxation méditative des religions
orientales avaient un effet biologique prouvé.
De là à ce que l’effet soit thérapeutique, on n’en n’était pas là mais
on réalisait qu’il y avait un effet prouvé. Ce que je veux
souligner ici, c’est que la plupart des techniques efficaces ont commencé par
des techniques qui paraissaient futiles ou superficielles. J’ai déjà parlé de techniques de respiration
qui paraissaient enfantines. Quand Wolpe a montré que la relaxation pouvait
aider des crises de panique, cela paraissait assez ésotérique et peu crédible
et non supporté par toutes les théories psychologiques de l’époque.
Par contre, il a
bien expliqué que, quand on a une crise de panique, on est dans l’état
sympathique de l’organisme c’est-à-dire que notre adrénaline est très
active. Par contre, durant la
relaxation, quand on relâche ses muscles, il est prouvé qu’on tombe dans un
état parasympathique qui est l’opposé du phénomène sympathique où l’adrénaline
est active et que le seul fait de changer son état physiologique changeait
aussi notre état psychologique.
Puis, le
behaviorisme a commencé à devenir plus axé sur les fantasmes et on commençait à
demander aux personnes de faire ce qu’on appelait des fantasmes dirigés et, en
état de relaxation, ils étaient plus réceptifs et cela pouvait ressembler à des
techniques religieuses de St-François d’Assise.
C’était presque le contraire de la psychanalyse où on demandait aux clients
de ne pas se cacher des émotions négatives et de les faire sortir. Mais finalement, on s’est aperçu que le
contraire soit d’imaginer du positif pouvait avoir des effets très bénéfiques
en plus d’entraîner l’imagination de personnes qui n’en n’avait pas assez pour
se sortir de leurs problèmes.
Il faut savoir
qu’en psychiatrie et en psychologie, il y a des problèmes extrêmement
difficiles à résoudre et à traiter. Ce
sont les troubles de personnalité. On
entend par trouble de personnalité un trouble qui s’est tellement enraciné dans
la personne très tôt dans la vie qu’il est difficile ou impossible de changer
cela. Les troubles de personnalité les
plus nuisibles sont les troubles qu’on appelle en anglais borderline et en français
trouble de personnalité limite.
Ces clients avaient
subi des stress très intenses dans la vie comme par exemple des abus sexuels ou
des abus physiques en bas âge. En fait, ils
souffraient d’un trouble post-traumatique qui était mal diagnostiqué à
l’époque, avec ce qu’on appelle des troubles dissociatifs. C’est que de temps en temps, pour fuir la
douleur qui leur était imposée, soit qu’ils oubliaient ce qui s’était passé
soit qu’il l’oblitérait sous forme de dissociation et parfois même il y avait
comme une bataille avec des voix dans leur tête. Donc on s’est aperçu que ça pouvait
ressembler à la psychose mais ce n’était pas vraiment de la psychose c’est pour
cela qu’on a appelé ça prépsychotique ou borderline ou en français un état
limite.
Comme ces personnes
ont une tendance à réagir très violemment à des événements peu graves, ils sont
très difficiles à traiter et ils ont de la difficulté à établir un bon
transfert avec les personnes qui les aident. En effet à la moindre petite
différence de comportement du thérapeute, ils peuvent faire des crises énormes.
Ils ont malheureusement beaucoup de
tendances suicidaires ce qui complique le tout. Parfois aussi ils en arrivent
même à des mutilations répétitives parce qu’ils ont tellement souffert de leur
psychisme; que pour se changer les idées ils se brûlent avec une cigarette ou se
coupent avec un couteau. La douleur physique leur est moins intense que la
douleur psychologique.
Quelle ne fut pas
mon étonnement quand je me suis aperçu que le seul traitement jugé efficace
pour diminuer les tentatives suicidaires et les crises c’était le traitement de
madame Lineham, c’est-à-dire la thérapie comportementale dialectique. Mais ce qui était le plus étonnant dans cette
thérapie dialectique c’est qu’il y avait quelques éléments de behaviorisme mais
aussi il y avait ce qui était appelé en anglais « Mind Fullness » qui
est une espèce de paradoxe comme nom puisque « mind » veut dire
esprit, « full » veut dire esprit entier, et « ness » peut
vouloir dire vide. Donc c’est comme une
espèce d’état qui est à la fois un état actif mais à la fois un état de vide. Finalement on s’aperçoit que ce sont des
techniques inspirées du bouddhisme zen et de la méditation zen qui ont été
utilisées pour traiter ces personnes là.
Donc, finalement la technique la plus utile pour les personnalités
borderline contient des éléments du bouddhisme zen ce qui n’était pas tout à
fait prévu au départ.
Plus on avance dans
les thérapies utiles, plus on s’aperçoit que tout d’abord elles n’ont jamais
été prévues dans l’ensemble des théories psychologiques traditionnelles et
qu’elles ne correspondent à aucun grand cadre psychologique qui existait
auparavant. Lorsqu’elles apparaissent ces techniques peuvent paraître de la
foutaise ou tout simplement de la fraude.
Par la suite, il y
a d’autres techniques étonnantes qui ont été utilisées pour les stress
post-traumatiques. Elles ont été utilisées en temps de guerre au Kosovo par le
regretté docteur David Servan-Schreiber qui avait traité des enfants qui
avaient des gros chocs post-traumatiques de guerre, avec ces techniques là avec
des résultats étonnants. Cette technique
consistait à faire suivre des yeux, des mouvements de la main. Cette technique qui a été appelée E.M.D.R.
(Eye Movement Desenstization Reprocessing) a été trouvée très efficace. Mais encore une fois, elle ne correspondait à
aucun grand cadre psychologique des manuels.
Cette technique est
de plus en plus utilisée au Québec et en France et évidemment aux États-Unis
avec des résultats très intéressants pour des traitements à court terme. J’ai moi-même suivi des patients qui avaient
été traités par cette technique qui, après avoir été battus sauvagement,
pouvaient rétablir leur fonction habituelle au bout de quelques semaines au
lieu de prendre des mois ou des années dans comme d’autres cas traités
autrement.
Là encore les
premières fois que des spécialistes ont entendu parler de ces techniques, ils
ont vu cela comme une espèce de fraude ou une chose pas sérieuse. Je me souviens d’avoir lu une expertise qui
signalait : « Cette personne
est très hystérique parce qu’elle prétend que la seule chose qui l’a améliorée
c’est qu’on fasse des mouvements de la main devant elle. » Évidemment que c’était une manière très
réductrice de parler d’une technique très poussée et très étudiée.
Cependant, ce qui a
été le déclencheur de cet article, c’est un article récent dans le domaine
médical où effectivement un médecin avouait avoir déjà jeté à la poubelle un
article sur le E.M.D.R. Mais, par la suite, il a réalisé qu’il y avait là une
thérapie scientifique. L’article de ce médecin s’intitulait : « The fix (le regard) illusion ou réalité
scientifique » Il est allé
fouiller les références dans ce domaine pour réaliser qu’il y avait plusieurs
recherches scientifiques de cette technique qui est inspirée de madame Shapiro,
et qui prouvant son efficacité.
En d’autres termes,
au moment où le gouvernement met un peu d’ordre dans les personnes qui s’appellent
psychothérapeutes, ce qui est très souhaitable, il faut faire attention de bien
séparer l’ivraie du bon grain et de savoir que des techniques qui semblent
simplistes et banales peuvent parfois être appuyées par de la recherche
sérieuse. Donc, il faut savoir chercher
une perle dans une botte de foin.