Le maire
de Saguenay, Jean Tremblay, a ouvert le bal en matinée, laissant entendre, dans
une entrevue radiophonique à l’animateur Paul Arcand, que la candidate du Parti
québécois dans Trois-Rivières, Djemila Benhabib, n’était pas vraiment
québécoise et qu’elle n’avait pas à imposer ses vues sur la place de la
religion au Québec. « Je
n’aime pas que ces gens-là viennent ici pour établir leurs règles », a
laissé tomber sèchement le maire Tremblay,
se défendant bien d’être xénophobe.
M. Tremblay est un défenseur de la prière
en ouverture des séances du conseil de sa municipalité. La chef
péquiste, Pauline Marois, qui avait annoncé la veille son projet de Charte de
la laïcité, en compagnie de sa candidate dans Trois-Rivières, n’a pas tardé à
réagir pour réclamer des excuses du maire de Saguenay, jugeant ses propos
inacceptables. Auteure
d’origine algérienne vivant au Québec depuis 1997, Mme Benhabib se bat contre
l’intégrisme musulman et prône la laïcité de l’État. Mardi, elle avait laissé
entendre qu’elle aimerait voir disparaître le crucifix de l’Assemblée
nationale, tout en disant se ranger derrière la position de son parti, qui
favorise plutôt le statu quo sous prétexte de respecter le passé religieux du
Québec.
Invitée à
commenter la sortie du maire Tremblay, Mme Benhabib a refusé de
croiser le fer avec lui. En ce 15e
jour de campagne électorale, le chef libéral Jean Charest avait d’autres chats
à fouetter, se présentant pour la troisième fois depuis deux semaines dans sa
circonscription de Sherbrooke, qui pourrait bien lui échapper le 4 septembre,
si on se fie aux derniers sondages. « Il y
a une longue liste de gens qui ont fait des prédictions sur mon avenir et la
liste va simplement s’allonger », a-t-il dit aux journalistes de la région
qui lui demandaient ce qu’il entendait faire pour renverser la vapeur.
S’il est
réélu pour un quatrième mandat, son gouvernement imposerait 10 heures de
bénévolat par année aux jeunes du 5e secondaire. Il compte aussi faire en sorte
de faciliter les rencontres avec des entrepreneurs pour favoriser la transmission
de valeurs de passion et d’entrepreneuriat. De son
côté, à Saint-Jérôme, le Parti québécois a annoncé son intention d’électrifier
les transports collectifs. La Coalition avenir Québec (CAQ) de François
Legault propose quant à elle un nouveau régime volontaire d’épargne retraite,
qui serait administré par la
Régie des rentes du Québec (RRQ).
Selon lui,
les citoyens sont devenus méfiants envers les firmes qui s’engagent à faire
fructifier l’épargne des contribuables. « Quand on sait au Québec ce qui
est arrivé avec les Vincent Lacroix, les Earl Jones et compagnie, je pense
qu’on n’est pas prêts à retrouver la confiance de la population à l’égard des
entreprises qui investissent les fonds des citoyens », a expliqué M.
Legault. Ce dernier
s’est fait traiter d’arriviste par l’ex-premier ministre Bernard Landry, qui
lui reproche de céder à ses ambitions personnelles et de renier ses engagements
passés envers la souveraineté du Québec, dans l’espoir de prendre le pouvoir.
Le chef de
la CAQ,
auparavant fougueux défenseur de la souveraineté, a dit la semaine dernière
qu’il voterait pour le camp du non, s’il y avait un nouveau référendum. « Je
suis vraiment bouleversé par l’attitude de François Legault », qui était à
l’époque « un indépendantiste ardent », a confié M. Landry à La Presse Canadienne.
Frustré de
ne pas avoir été invité à participer aux débats des chefs, le chef d’Option
nationale, Jean-Martin Aussant, a dit espérer mercredi avoir accès à un temps
d’antenne équivalent aux autres chefs par un autre moyen. M.
Aussant, seul représentant de son parti à l’Assemblée nationale et candidat
dans Nicolet-Bécancour, a déposé une requête en injonction pour obtenir le
droit de participer aux débats des chefs dans le cadre de la présente campagne
électoral
PAULINE MAROIS ESTIME QUE LE MAIRE
DE SAGUENAY DEVRAIT S’EXCUSER
Saguenay, Jean Tremblay, mercredi, en raison des propos cinglants envers une
candidate péquiste à Trois-Rivières. Mme Marois
a estimé que M. Tremblay s’est exprimé d’une manière inacceptable lorsqu’il
s’est offusqué des positions favorables à la laïcité exprimée par la péquiste
Djemila Benhabib. « Ce
sont des propos complètement inacceptables et irresponsables, a-t-elle dit. Il
devrait s’en excuser et il démontre qu’il a une complète méconnaissance du
cheminement de Djemila Benhabib, qui est probablement exemplaire quant à son
intégration à la société québécoise. »
En
entrevue à la radio, mercredi matin, le maire Tremblay a été
cinglant envers Mme Benhabib, affirmant qu’il ne laissera pas une personne
d’origine étrangère, dont il dit être incapable de prononcer le nom, dicter la
position des Québécois sur la place de la religion. Selon Mme
Marois, l’opinion de M. Tremblay ne représente pas celle des Québécois. La chef
péquiste a appuyé son propos sur l’accueil réservé à Mme Benhabib lors d’un
rassemblement de 250 militants à Shawinigan, mardi soir.
« Ils
se sont levés spontanément et ils ont littéralement acclamé l’arrivée de
Djemila Benhabib sur la scène et quant à moi, c’est significatif de ce que sont
les Québécois: généreux, ouverts et tolérants », a-t-elle dit. Sur les
ondes de la station de radio montréalaise 98,5 FM, M. Tremblay s’est inquiété
que Mme Benhabib soit favorable à une neutralité de l’État, en matière de
religion, ce qui l’inciterait à vouloir retirer le crucifix du Salon bleu, à
l’Assemblée nationale. « Nous,
les mous canadiens français, on va se faire dicter comment se comporter,
comment respecter notre culture, par une personne qui arrive d’Algérie »,
a-t-il dit.
Mme
Benhabib, établie au Québec depuis 1997, a affirmé qu’en décidant d’être candidate
aux prochaines élections du 4 septembre, elle s’était ralliée à la position du
PQ, qui s’est prononcé en faveur du maintien du crucifix, parce qu’il symbolise
le patrimoine historique du Québec. La
candidate a apporté cette précision mardi, alors que Mme Marois dévoilait les
grands principes qui guideront l’élaboration d’une Charte de la laïcité dans
les services publics, qui pourrait avoir pour effet d’empêcher M. Tremblay de
réciter une prière avant chaque conseil municipal, une pratique qu’il a
défendue jusque devant les tribunaux.
Durant
l’entrevue radio, M. Tremblay s’est défendu de tenir des propos xénophobes ou
racistes. « Pas
du tout, a-t-il dit. Je n’aime pas que ces gens-là viennent ici pour établir
leurs règles. » En
campagne dans la circonscription de Saint-Jérôme, où se présente la vedette
caquiste Jacques Duchesneau, Mme Marois a défendu sa décision d’aborder la
question délicate des accommodements raisonnables. La chef
péquiste a plutôt accusé son adversaire libéral Jean Charest d’être responsable
des divisions dans la société québécoise sur ces questions.
Mme Marois
a jugé que toutes les initiatives du gouvernement Charest, de la commission
Bouchard-Taylor en passant par deux projets de lois sur les accommodements
raisonnables, n’ont rien réglé. « C’est
parce que le gouvernement n’a pas pris de décisions, n’a pas clarifié certains
aspects de ses politiques, qu’il crée la division », a-t-elle dit. À
Saint-Jérôme, Mme Marois a détaillé son programme en matière de transport. Le
PQ fait une bonne place à l’électrification des transports en commun.