successivement un Sushi shop, un Amir libanais, un Subway, un delicatessen, un
Starbuck, deux pizzeria, et quatre comptoirs à café. Et la liste s’allonge à
l’infini. Et on ne parle pas des petits restaurants de quartier et d’autres
plus prestigieux. C’est le délire. Curieusement on fait des histoires sans fins
à la Ville pour
des questions de zonage en habitation, mais c’est totalement le bordel du côté
de l’attribution des permis de restaurants. À croire que tout ce qui intéresse la Ville, c’est d’arracher de
nouvelles taxes.
Mais au final, l’administration n’est pas si gagnante que ça.
Car combien de faillites chaque année dans ce secteur. À telle enseigne que
depuis longtemps les banques ne prêtent plus à ceux qui veulent se lancer dans
l’aventure. Trop risqué. Les banques ont cette sagesse, mais pas le conseil
municipal. Tu veux t’ouvrir « Le Roi du pogo »? C’est parfait mon
ami, tiens voici le permis. Et des permis, il y en a pour tout. C’est
l’acharnement. Permis d’affichage, selon si tu colles un
« sticker » devant la porte vitrée ou derrière, permis de terrasse,
permis de ci et de ça. Approbation de l’enseigne par l’urbanisme. L’aménagement
intérieur à être aux normes, quand ils ne vous exigent pas une porte de
toilettes pour les chaises roulantes. La
liste est longue. On arnaque littéralement le restaurateur.
SURCAPACITÉ
Montréal n’a pas le volume de population,
ni de touristes pour absorber tous ces endroits où vous pouvez bouffer. Je
m’étais laissé dire que côté bars, il y en avait 700 à New York et 2000 à
Montréal. Avec dix fois moins de population chez nous. Dans beaucoup de cas,
chez les restaurants branchés, on sait fort bien que la mafia s’en sert pour
blanchir de l’argent. C’est normal, un mafieux doit bien avoir une profession
officielle. Eux ça ne les dérange pas. Si le restaurant ne décolle pas, paf on
réinvestit 250 000$ (pris où?), on change de nom, on fait une soirée
bling bling avec des bimbos sur échasses et des mecs qui roulent les
mécaniques. Et le tour est joué. On espère juste qu’il n’y aura pas de
fusillade à l’intérieur.
On les reconnaît, ces restaurants, par leur décoration
tape-à-l’œil. Mais surtout leurs « serveuses », de vraies pitounes
qui se signalent par leur décolleté généreux. Mais ne leur demandez jamais un
ballon de vin. Elles ne savent pas. Il faut dire tout simplement, un verre de
vin svp. À ce propos, un chroniqueur mondain et homosexuel me racontait cette
anecdote savoureuse. Il se trouvait justement dans un de ces établissements à
la mode quand au moment de présenter le plat principal, un sein de la serveuse
est sorti de sa robe. Et lui de crier au gérant : « Eh bien moi je ne paie
pas ».
RESTAURATION
RAPIDE
Dans ce domaine, c’est proprement l’anarchie.
Tout ce qui se mange trouve son comptoir, y compris les queues de castor, que le
président Obama avait découvert lors de son premier voyage à Ottawa. Des
succursales de la Belle Province aux géants McDo et Burger King, en passant par les buffets Vichy et la chaîne
de sandwiches vietnamiens Vu, il y a de tout et en trop, comme je le répète.
Moi aussi je suis adepte d’une bonne cochonnerie de temps à autre. Vous pensiez
que je me postais pour saisir l’occasion d’un sein qui sort? Voyons donc! Mon
repaire c’est le Bingo, dans l’arrondissement Verdun. Trois hot-dogs steamés,
une frite et un Diet Pepsi pour 5,49$. Vraiment! Même le cure-dent est fourni.
Mais c’est un repaire d’Irlandais assez antifrancophones. Mais j’adore m’y
rendre, surtout l’automne, quand j’arbore… mon béret. C’est comme si je débarquais
dans un saloon du Dakota. Si vous voyiez les faces de ces rougeauds!
Mais pourquoi je vous parle de tout ça? C’est que les restaurateurs, pour beaucoup, attendent le client. Sauf au Bingo,
c’est le line up du matin au soir. Pour le reste ça râle. Dans le cas des bons
petits restaurants de quartiers, ils ont la ferveur pour la gastronomie mais
aucun talent pour la gestion. Ils ont tout mis sur les murs et dans le menu.
Mais quand vous leur demandez s’ils ont prévu un budget pour la publicité, ils
répondent par la négative, parce qu’ils ont tout mis sur les murs mais rien en
marketing. Ils capitalisent sur le bouche-à-oreille ou que Marie-Claude Lortie,
la critique de La Presse,
les encense. À condition qu’elle ne soit pas dans ses crottes. Car alors vous
allez amèrement regretter le petit commentaire du samedi. Justement, parce que
la restauration est une vocation risquée et qu’il y a surenchère sur le
marché, on devrait désormais, à la
Ville, se montrer très restrictif. Quand tu as vingt lieux de
bouffe entre deux coins de rues, pourquoi en ajouter un vingt et unième?