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Exclusif: entrevue avec le nouveau ministre de l’environnement

Mon éditeur m’avait proposé un peu plus tôt de faire un portrait du nouveau titulaire de l’Environnement, sans trop
savoir si j’aurais une chance de pouvoir le harponner, ne serait-ce que
quelques minutes, en cette journée forte en émotions et tourbillonnante. Je lui
ai donc laissé un message en début de soirée, en ne me faisant pas trop
d’illusions. Mais voilà que peu après 21 h 30 la sonnerie du téléphone retentit
et c’est lui au bout du fil! Un homme heureux comme il se doit.

Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques se fait fort de rappeler que sa nomination est une
première. « Vous rendez-vous compte que c’est la première fois qu’un
ministre de l’Environnement provient de ce monde là? C’est certain que
j’ambitionnais cette fonction, car j’ai passé tellement d’années là-dedans. » Effectivement, sa feuille de route est assez éloquente, que vous
pourrez lire en annexe. Il a appris la nouvelle seulement qu’hier soir.
« Et c’est très émotionnant. » Mais avant, il s’est soumis au rituel
du confessionnal, à savoir si des événements troubles du passé pourraient
éventuellement surgir et nuire à son mandat.

« Là-dessus il n’y avait
aucun problème. » Et est-ce vrai qu’aussitôt confirmé dans son ministère
on lui présente aussitôt son équipe de collaborateurs attachée à son ministère
de tutelle? « Non, pas vraiment. En réalité, je vais devoir me familiariser
avec ça au cours des prochains jours. »

PAS
D’ENGAGEMENTS POUR L’INSTANT

C’est aujourd’hui jeudi qu’il participera à
son premier conseil des ministres. A-t-il déjà des priorités? « Écoutez,
il y a une foule de dossiers qui m’attendent, c’est certain. Vous me demandez si
ce sera tolérance zéro envers les industries polluantes? Je ne veux pas me
prononcer aujourd’hui. J’aurai certainement des réponses à vous donner un peu
plus tard. » Et est-ce qu’un ministère de l’Environnement peut faire
quelque chose pour stimuler le développement et l’utilisation de la voiture
électrique? Là encore, il préfère attendre quelques jours pour formuler un
énoncé. Pour l’instant, il était tout à sa joie de vivre sa nomination.


NOMINATION
BIEN REÇUE

Sur les ondes du Téléjournal de 22 h hier
soir, Liza Frulla a salué l’arrivée de Daniel Breton, qu’elle connaît bien. Les
commentateurs politiques se sont rendus compte que ce sera un gouvernement
« vert » et qu’à ce titre, le ministre de l’Environnement sera très
attendu. Les milieux environnementalistes ont également apprécié le choix de
Madame Marois. Durant la campagne électorale, j’ai eu le loisir d’échanger avec
elle en présence de Daniel Breton. Et je lui avais dit en boutade qu’elle avait
sans doute à côté d’elle le futur ministre de l’Environnement.

Et elle avait
répondu qu’elle n’était pas comme François Legault, qui choisissait déjà ses
ministres avant même d’être le parti victorieux. Mais compte tenu du passé
militant de Breton pour la cause environnementale, ç’aurait été très mal
indiqué de choisir un autre candidat. Elle a le meilleur entre les mains. Et il
va réjouir les journalistes et le public par un certain côté populiste qui le
range du côté de politiciens comme Jean Garon. Il est bon tribun, possède à
fond ses dossiers et c’est un passionné de la protection de l’environnement.

Il
ne sera pas l’homme de la langue de bois. Vous pourrez lire aussi en annexe la
première entrevue qu’il nous a accordée trois jours après sa victoire comme
député. C’est un homme simple, sans aucune prétention et qui sera capable de
vous regarder droit dans les yeux, vous disant le fond de sa pensée. On dit que
la fonction fait l’homme. Mais je serais très surpris qu’il perde de son
naturel. Regardez-le aller, il pourrait nous surprendre grandement.

BEAUCOUP DE PAIN SUR LA PLANCHE POUR LE NOUVEAU

DÉPUTÉ DE SAINTE-MARIE-SANT-JACQUES

C’est
en toute simplicité que le nouvel élu péquiste Daniel Breton a bien voulu
prendre le temps de nous rencontrer pour nous faire partager les sentiments qui
l’habitent au lendemain de sa victoire.


(LM)
Vous êtes reconnu comme un spécialiste en environnement. Comment vous est venue
cette vocation? J’imagine que ce n’est pas a ça que vous pensiez lorsque
vous étiez adolescent ?

(DB) Non, bien sûr. Au contraire,
je me passionnais pour la politique internationale. À dix-sept ans, je lisais
le Monde diplomatique. Je suis né dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. Ma
mère travaillait pour Macdonald Tobacco
et mon père chez Mabe, le fabricant d’électroménagers. Je n’ai donc pas à dire
que je suis près du peuple, je suis issu du milieu ouvrier. Nous avons ensuite déménagé
dans le quartier Tétreaultville, près des raffineries, et j’ai assisté à des
événements incroyables, dont des incendies majeurs, mais surtout un incident
plus marquant.

(LM)
Lequel ? Qui a marqué votre
conscientisation de la protection de l’environnement?

Oui, j’avais environ neuf ou dix ans quand j’ai été témoin d’un camion-citerne
qui s’était renversé sur la chaussée. Le pétrole coulait vers les égouts. Ç’a
créé une pression telle que les couvercles des égouts se sont mis à sauter et
il y eut ensuite un incendie. Plus tard j’ai œuvré dans les médias comme
chroniqueur, mais j’avais envie d’une contribution plus significative pour la
société. 


(LM) Vous avez été candidat pour le NPD en 2008. Donc de l’expérience d’une campagne
électorale. Mais comment avez-vous vécu en comparaison cette dernière où vous
avez été vainqueur?

Pour cette dernière campagne, je bénéficiais d’une machine infiniment
plus importante. Ce que j’ai trouvé difficile, c’est ce que disaient de moi mes
adversaires dans les médias sociaux. Québec Solidaire se voyait déjà vainqueur,
au point de se demander ce que je faisais là. Puis, au soir de l’élection, je
me trouvais dans les coulisses du Métropolis, tout juste quelques minutes avant
que le fou ne surgisse. Ma mère, qui était à l’avant-scène, venait d’être
opérée. Elle a été prise d’un choc nerveux et se sent encore très mal. Je ne suis
pas près de l’oublier cette soirée électorale.


(LM) Les dossiers ne vont pas manquer. Voyons-en
quelques-uns. L’itinérance, qui est un véritable fléau dans le Village.

(DB) 

Écoutez, je pense que le problème vient du fait qu’il n’y a aucune
politique. Je vais vous surprendre. Un jour, on m’a rapporté qu’un résidant de la Rive-Sud s’était plaint
d’un itinérant qui rôdait dans les rues. La police est allée le cueillir, pour
traverser le pont et aller le « dumper » dans le Village! Il faut
mettre des mécanismes en place c’est certain.

(LM) Côté environnement, votre domaine de prédilection. À quoi pensez-vous?

(DB) Prenez le pont
Jacques-Cartier. C’est aberrant. La majorité des automobilistes sont seuls à
bord de leur voiture. Il faut faire comme dans bien des endroits en Europe et aux
États-Unis, les obliger à être deux à bord. Immédiatement vous venez de réduire
l’achalandage. Et ça ne demande pas des infrastructures complexes. Juste une
loi.

BIOGRAPHIE DE DANIEL BRETON

LE DÉPUTÉ PÉQUISTE DANIEL BRETON EXPULSÉ D’UN CAFÉ DÉPÔT

SUITE À L’AFFAIRE DANIEL BRETON

ATTENTAT CONTRE PAULINE MAROIS : UN MORT