Je ne suis pas
une habituée des concerts. Les puristes diront que je ne suis pas une vraie fan
de musique. Pour moi, écouter une chanson, c’est un peu comme lire un livre:
j’aime être dans ma bulle pour m’y plonger. Mais une invitation au Festival international de la chanson de Granby, ça ne se refuse pas.
D’abord, parce que c’est un incroyable tremplin pour la relève francophone de
talent et qu’on y fait forcément des découvertes fantastiques. Ensuite, parce
qu’une escapade dans les Cantons de l’Est promet toujours un accueil
sympathique et des endroits charmants à visiter.
Arrivée le
vendredi soir, pleine d’espoirs. On se dirige vers les chapiteaux Desjardins
sur la rue principale. Excellent concept d’ailleurs que d’avoir deux chapiteaux
collés, accessibles gratuitement et situés au cœur de Granby. On entendra les
organisateurs dire plus tard « la culture se doit d’être accessible à
tous ». Oui, rendre la culture accessible, c’est la meilleure façon de
pousser les gens à s’y intéresser et d’en être fier. Aujourd’hui, alors que la
culture américaine a envahi le monde, Dieu sait que ce n’est pas tâche facile.
Départ en
force: Alex Nevsky. Je me souviens
de l’avoir entrevu et écouté à demi-oreille. Le concert est déjà commencé et
bien entamé. Tout le monde semble absorbé par la musique autour de nous. Après quelques minutes je
comprends pourquoi. Sa musique est puissante. On sent une énergie, parfois condensée,
qui monte magnifiquement à travers sa musique. Mon seul regret est d’être
arrivée pour les trois dernières chansons. Je suis restée sur ma faim. À la
sortie, j’achète son disque « De Lune à l’aube ». Depuis, il joue en
boucle dans l’auto, c’est pour dire.
On se dirige
vers la sortie pour repérer le reste du site. Quelqu’un nous dit :
«Quoi ? Vous ne restez pas pour HK
et les Saltimbanks? Le chanteur faisait partie du groupe Le Ministère
des Affaires populaires, une musique hip hop engagée. Maintenant, c’est un mélange de ska, reggae, blues. Ça
promet! » On est sceptiques car on a tellement faim. On commence à
s’éloigner, quand la musique commence. Une musique entraînante, hyper festive,
avec accordéon, mandole, guitare et batterie. On fait demi-tour, la faim
attendra! Tout le monde tape des mains, on a envie de sauter et de rire. C’est
une sorte mélange parfait de fanfare balkanique et de La Rue Kétanou. HK est
plus qu’un chanteur, c’est un animateur. Le terme « spectacle » prend
tout son sens. Même son acolyte chanteur Toufik Benladik semble si emporté par
la musique qu’il danse comme s’il était seul dans son monde. On le croisera
plus tard au spectacle de Lisa Portelli, aussi sympathique que sur scène et
doté d’un grand sens de l’humour. On rêve de faire la fête avec eux, ça doit
être mémorable.
Puis, d’un
tout autre registre, on découvre MelissMell.
Elle présente une musique rock avec des textes forts en revendications. Des
revendications certes sociales, mais aussi de la vie, qui forcément, n’est pas
toujours parfaite. Elle est très gestuelle, elle s’emporte. Elle est essoufflée quand elle nous parle entre deux
chansons, on sent qu’elle nous livre sa musique avec toute son énergie. Et de
l’énergie, elle en a. C’est une femme forte, la puissance de sa voix, un peu
écorchée, m’impressionne.
Dans
l’ambiance intime du bar à vin Le Cent 50, éclairés à la lumière des bougies
posées sur des petites tables, on attend Lisa
Portelli. Elle se fait désirer, mais elle a raison d’attendre. Lorsque Radio Radio joue sur une autre scène en
même temps, il attire les foules. Finalement, elle arrive sur scène. C’est une
jeune fille aux cheveux longs, avec un petit air de Vanessa Paradis. Elle commence
à chanter. Sa voix est douce et enivrante, avec une pointe de mélancolie. Mais
chez elle, douceur ne veut pas dire absence d’intensité, comme chez d’autres
chanteuses. On sent qu’elle est passionnée. Ses textes sont forts en images et
en poésie.
On parle un
peu avec elle à la sortie du bar à vin. Elle fume. Peut-être nerveusement, peut-être par
soulagement. Je me demande si elle est satisfaite de sa
performance. Pour nous, elle a été une révélation. Oui, sans hésiter, Lisa Portelli est mon coup de cœur du Festival
international de la chanson de Granby, qui pourtant ne manque pas de jeunes talents. C’est sa première apparition au Québec, elle
aimerait bien revenir si un producteur lui en donne l’occasion. Lisa, on ne
demande que ça. Découvrez-la,
écoutez-la, sans modération.
Le lendemain,
on se balade dans la ville. La rue principale de Granby est fort sympathique.
Charmées par la façade des Délices d’Elliot
la veille, on y retourne. C’est une
boutique colorée où l’on a envie de regarder partout pour trouver le petit
produit qu’on aurait manqué: chocolats, pâtes de fruits de Charlevoix, petits
sablés de France, cupcakes, gelati, bonbons et objets faits à la main par des
artistes québécois. Nathalie Hudon, la propriétaire, nous dit que les gens
viennent de loin pour acheter son caramel. Après y avoir goûté, on veut bien la
croire. À la fois onctueux et léger, avec une touche de vanille, c’est un vrai
petit bonheur. Petit coup de cœur tout de même pour les chocolats,
particulièrement celui à l’érable et celui aux amandes. Heureusement que l’on
devait s’en aller. Cet endroit est délicieusement dangereux pour la ligne. Adresse : 142, rue Principale, Granby.
C’est le sourire aux lèvres qu’on part voir Créason. C’est un duo de « patenteux », comme on dit en bon québécois, formé par Alain Grenier et Sylvain Quirion, deux personnages un peu
loufoques et très ingénieux. Leur but est de conscientiser les
gens et particulièrement les jeunes, au recyclage par le biais de la musique. Alors que
je m’attendais à une sorte de spectacle pour enfants, je suis restée bouche bée
par leur talent. Tous leurs instruments sont faits à base d’objets
recyclés: bouteilles, bâtons de hockey, dinosaures en plastique,
chariot d’épicerie, boîte en carton ou raquettes avec des clefs, une
« raclef » comme ils l’ont surnommée. Avec humour, ils animent,
expliquent comment les instruments sont construits, et performent
admirablement. Puis, vient le duo de batterie, faits à partir de pots de
chlore. On les fixe en se demandant comment ils arrivent à être si synchronisés
et rapides. Autant que l’écologie, ils ont définitivement la musique dans le
sang.
Granbyens, Granbyennes, vous avez de quoi être fiers de votre ville !
Source: LaMetropole.com
FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA CHANSON DE GRANBY
TOUTE UNE FINALE AU FESTIVAL DE LA CHANSON DE GRANBY!