Quiconque a entendu, en tout ou en partie,
son premier album, « la Nuit, le Jour » sait d’office que l’on se
trouve en face d’un chanteur d’une classe à part. S’il a été dans le sillage de
Gage et Corneille, participé à des spectacles musicaux comme Notre-Dame de
Paris, Rent ou Big Bazar, ses inspirations viennent de loin. « Jeune, j’écoutais beaucoup de musique à la maison, comme du Bob Marley. J’étais trop
précoce pour tirer des conclusions, mais les musiques que j’aimais, le groove,
entre autres, venaient me chercher étrangement. »
« C’est de la musique black, et je me rendais compte après coup qu’elle correspondait à mon
identité. »
UN
SÉDUCTEUR PAR DÉFAUT
Il ne le fait pas exprès et est d’une
fidélité à sa douce depuis l’âge de 19 ans, mais Gardy Fury a une bonne dose
d’animalité en lui, qui fait en sorte que toute résistance est vaine au chapitre
de la séduction. Et il n’en abuse jamais. Il est ce beau mélange, rarissime, de
plastique sexy et pétri d’une soif de connaissance. J’ai eu l’opportunité de
souper en sa compagnie. Nous avons été à table plus de cinq heures. On n’a pas
vu le temps passer. Et tous les sujets ont été à l’ordre du jour, dont
l’économie mondiale et l’Histoire, deux thèmes qui le passionnent. C’est comme
si Charlize Theron se mettait soudainement à vous parler de chant grégorien. C’est à peine imaginable.
Eh bien c’est ce qui se passe avec Gardy Fury qui
parle, oui, et bien, mais qui écoute aussi. Comme ces gens à la culture
autodidacte, qui en savent plus que bien des gens. J’ai parlé de séduction.
C’est nécessaire dans sa profession, où le marketing joue une part importante.
Mais s’il veut que l’on retienne de lui quelque chose de séduisant c’est sa
musique, un mélange de groove rock.
VIVRE
DE SA MUSIQUE SANS CÉLÉBRITÉ
« Si j’avais la chance de vivre de la
musique sans être une vedette, ce serait merveilleux », ajoute-t-il d’emblée.
Mais il sait qu’il faut ferrailler pour se faire connaître et durer.
« Mais la notoriété, c’est un couteau à deux tranchants », balance-t-il, réaliste. Haïtien d’origine, il ne vit que pour la musique. « C’est un
trait de notre culture. La musique nous accompagne continuellement, dans nos
joies comme dans nos peines. » Il le répétera en cours de conversation, à
quel point elle lui est viscérale. Gardy ne compte plus les heures qu’il passe
en studio à faire de la « chimie » des sons.
Le temps file sans qu’il
ne s’en rende compte. Mais tous ces longs préparatifs nous donnent un album
sensuel comme son titre l’indique : « la Nuit, le Jour ». Titre
subliminal, voire un tantinet cochon. Peut-être veut-il dire aussi que son
album peut être entendu la nuit comme le jour. Ça aussi. Tout comme la
cigarette, le danger à l’écoute de la musique de Gardy Fury s’accroît avec
l’usage. Vous aurez été prévenu, vous risquez de développer une dépendance.
Rassurez-vous, on n’en meurt pas; on vibre.