Nouveau serment d’hippocrate

Un article de l’Actualité Médicale a attiré mon attention. On parlait d’un nouveau serment d’Hippocrate. Ce document sur le changement du serment
d’Hippocrate a été préparé par le docteur Vincent Aurora, doyen adjoint et
professeur associé de médecine au Pritzker School de l’Université de Chicago et de ceux qui
soutiennent cette idée.

EST CE QU’UNE NOUVELLE PHILOSOPHIE MÉDICALE APPARAÎT?

Je trouvais
qu’effectivement, pouvoir mettre à l’ordre du jour le serment des médecins
était intéressant et posait des problèmes philosophiques et moraux. En particulier la phrase qui respecterait la
vie dès sa naissance qui pose la question de l’avortement. Beaucoup se dispute sur cette question
là. Je m’étais dit qu’avec l’avancée de
la science, toute la question du sperme congelé qu’on pouvait réveiller
plusieurs années après pouvait poser des questions éthiques intéressantes.

Quant aux cellules souches, c’est un domaine
capital. Quelle ne fut pas mon étonnement
en lisant cette proposition de nouveau serment d’Hippocrate quand j’en ai lu le
contenu. Il est important de faire un
rappel à ceux qui ne le sauraient pas que, théoriquement, le médecin aurait à
jurer de se conformer à ce serment en prenant son diplôme de médecine.

Le texte d’Hippocrate
ce médecin des anciens temps est plein de considérations morales. Il recommande de continuer à suivre son
maitre et de l’aider si un jour il a des difficultés. Les fils de son maitre
peuvent gratuitement recevoir un cour de médecine. Les soins au nécessiteux devraient êtres
gratuits. On ne fait pas payer ses
confères médecins. Il faut garder secret ce qu’on apprend d’une famille lors
d’une visite à domicile. On doit ne pas séduire aucune personne qui fait partie
de la famille de son patient. En fait ce serment
est plein de moralité et de sagesse.

SERMENT D’HIPPOCRATE DE MONTPELLIER

En voici la version
moderne de l’université de Montpellier qui est tout à fait en lien avec
la philosophie d’Hippocrate:

En présence des Maîtres de cette École, de
mes chers condisciples et devant l’effigie d’Hippocrate, je promets et je jure,
au nom de l’Être suprême, d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité
dans l’exercice de la médecine. Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent et
n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail. Admis dans l’intérieur
des maisons, mes yeux n’y verront pas ce qui s’y passe ; ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas à corrompre les
mœurs ni à favoriser le crime. Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,
je rendrai à leurs enfants l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.

Que les hommes m’accordent leur estime si je
suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes
confrères si j’y manque. »

SERMENT D’HIPPOCRATE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

En usage au
Québec depuis le 15 décembre 1999 :

J’affirme solennellement que :

Je remplirai mes devoirs de médecin envers tous les patients
avec conscience, loyauté et intégrité ;

Je donnerai au patient les informations pertinentes et je
respecterai ses droits et son autonomie ;

Je respecterai le secret professionnel et ne révèlerai à
personne ce qui est venu à ma connaissance dans l’exercice de la profession à
moins que le patient ou la loi ne m’y autorise ;

J’exercerai la médecine selon les règles de la science et de
l’art et je maintiendrai ma compétence ;

Je conformerai ma conduite professionnelle aux principes du Code
de déontologie ;

Je serai loyal à ma profession et je porterai respect à mes
collègues ;

Je me comporterai toujours selon l’honneur et la dignité de la
profession.

SERMENT D’HIPPOCRATE AMÉRICAIN :

NE PAS FAIRE DÉPENSER EXAGÉRÉMENT LE PATIENT ET L’ÉTAT

Pour moi lors de
cette lecture mon choc fut grand. Au
lieu de débattre de questions morales, éthiques et philosophiques, les bons
américains sont allés droit au but. La
première chose qu’ils proposent : qu’un médecin jure de toujours faire
attention à ne pas dépasser le budget en prescrivant des tests couteux. Quel naïf ais-je été de penser que les
questions morales, éthiques et philosophiques allaient être réglées. J’avais oublié que les États-Unis se donnent
beaucoup plus au Dieu du veau d’or et de l’argent que n’importe quelle question
morale et philosophique.

Donc dans ce
serment proposé, on propose que le médecin soit conscient des dépenses qu’il va
engendrer par ses traitements. Chose
louable mais delà à en faire un serment officiel, ça me parait un peu tiré par
les cheveux.

LE MÉDECIN DOIT FAIRE SERMENT DE SE GARDER EN SANTÉ

Puis, cela continue
et le médecin doit faire serment de se garder en santé. Je trouve cela louable qu’un médecin de
préférence soit en santé. Mais certaines personnes qui ont changé le monde
comme par exemple Churchill, n’était pas forcément en santé. Pourtant dans son
livre récent : Le déni Français, Sophie Pedler nous dit : « Les français ont aujourd’hui besoin
d’un Churchill les invitant par son parler vrai et sa détermination à
participer au redressement de leur pays. » Donc si un individu qui a des maladie peut
redresser un pays pourquoi un médecin malade ne peut pas aider un malade? Il y
a bien des médecins qui ont certaines maladies et qui sont quand même
extrêmement utiles pour leurs patients.
Donc, de faire un effort dans ce sens, on n’a même pas besoin d’en faire
un serment.

Au fur et à mesure
de la lecture de cette proposition, je passais d’étonnement en étonnement et
plus j’avançais, plus ce serment me paraissait irréel et me rappelait le
serment solennel que madame Pauline Marois venait de faire, de prêter
allégeance à la reine d’Angleterre.

GAÉTAN BARRETTE

Mes pensées ont
continué. Est-ce qu’on devrait envoyer
en politique des médecins comme Gaétan Barrette, qui ont un surpoids évident?

Ah, ces américains,
ils ne manquent pas d’imagination ni de stimuler notre imagination. Mais le plus fort dans toute l’affaire, c’est
qu’ils ont osé appeler cela « Nouveau serment d’Hippocrate ».

UN SERMENT AU GOÛT DU JOUR : SOIGNER LES FINANCES

Qu’à la rigueur ils
avouent que ce nouveau serment est voué
au veau d’or qu’on propose dans les universités américaines. Mais oser
mêler Hippocrate à une aberration semblable est vraiment peu respectueux envers
un individu qui avait un sens moral, un sens philosophique et qui avait pu
prévoir un grand nombre de situations dans lesquelles le médecin pouvait se
trouver. Ce n’est pas que je
trouve que les finances ne sont pas importantes. De toute façon on disait que l’argent était le
nerf de la guerre, puis c’est devenu le nerf de l’attribution des contrats,
finalement le nerf des campagnes politiques mais je ne savais pas que ce serait
le nerf des décisions médicales!

Il vaut mieux en
rire!

DR ÉDOUARD BELTRAMI