conférence de presse à Montréal, la présidente de la section québécoise du
Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Lucie Levasseur, s’est dite
surprise de l’empressement du nouveau gouvernement dans ce dossier. Elle a dit
ne pas comprendre que le Parti québécois n’ait pas consulté les syndicats et
les différents intervenants économiques de la Mauricie et du Centre-du-Québec
avant de trancher. « On a
l’impression que le PQ, malheureusement, tourne le dos à la région de la Mauricie,
qui est déjà
durement touchée (par le chômage) », a déploré Ginette Paul,
vice-présidente du SCFP-Québec, jugeant insuffisant le fonds de diversification
économique de 200 millions $ promis par la première ministre Pauline Marois. « Est-ce
que ça va combler la perte d’activité économique qui est liée à la fermeture de
la centrale? Poser la question, c’est y répondre », a lancé Mme Paul. Les
syndicats estiment à 220 millions $ par année les retombées économiques de
Gentilly-2.
Richard
Perreault, président du Syndicat des employés de métiers d’Hydro-Québec, a
soutenu qu’en raison du gouvernement, quelque 200 employés temporaires
travaillant à Gentilly-2 allaient être remerciés d’ici la fin de l’année. Il a
ajouté que la « presque totalité » des 800 employés permanents de la
centrale allaient voir leur poste supprimé d’ici 18 mois. Une
porte-parole d’Hydro, Marie-Élaine Deveault, n’a pas voulu confirmer ou
infirmer ces informations.
Se disant
préoccupés par l’incertitude entourant la façon de procéder à la fermeture
sécuritaire de la centrale (un processus appelé déclassement), les
représentants syndicaux demandent à rencontrer Mme Marois et la nouvelle
ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, dans les plus brefs
délais. « Notre
argument, ce n’est pas qu’on doit garder la technologie nucléaire au Québec, a
assuré Michel Bibeault, directeur québécois du SCFP et ancien employé
d’Hydro-Québec. Notre argument, c’est de dire qu’on ne sait pas où on s’en va.
Ça devrait être une décision économique. »
Les
syndicats ont aussi avancé que la réfection était préférable au démantèlement
du point de vue de la sûreté, notamment pour la gestion des déchets nucléaires
et la surveillance de la centrale. « Le
meilleur moyen de s’assurer de la sécurité (des installations), c’est que ça
continue », a insisté M. Bibeault.
3 MILLIARDS$ POUR LA RÉFECTION ?
Depuis
plusieurs mois, Hydro-Québec préparait une analyse des coûts du projet de réfection
de Gentilly-2, qui oscilleraient entre 2 et 3 milliards $. Or jeudi, Pauline
Marois a demandé à la société d’État de fournir au gouvernement un
« rapport complet sur les différentes implications et conditions dans
lesquelles » pourrait se faire un déclassement de la centrale. On estime à
1 milliard $ les coûts de tels travaux.
Michel
Bibeault n’a pas manqué de souligner vendredi que les travaux de démantèlement
de plusieurs centrales nucléaires dans le monde ont pris beaucoup plus de temps
que prévu et ont connu des dépassements de coûts importants. Il a cité le
déclassement de la centrale de Brennilis, en France, qui s’est amorcé en 1985
et qui pourrait s’étirer jusqu’en 2023. La facture actuelle est 20 fois plus
élevée que les prévisions initiales.
LA FERMETURE SERAIT PLUS RENTABLE
Mais pour
Christian Simard, directeur général de Nature Québec, le déclassement de
Gentilly-2 serait plus rentable pour la province qu’une réfection. « Je
suis persuadé qu’un déclassement ordonné sur un certain nombre d’années va
créer des emplois très rémunérateurs, très intéressants, et va permettre de
mieux maîtriser les coûts qu’avec une reconstruction », a-t-il indiqué au
cours d’un entretien téléphonique. Il évalue à 400 le nombre de personnes qui
pourraient travailler au démantèlement de Gentilly-2.
M. Simard
a noté que Québec pourrait avoir droit à des fonds fédéraux pour le
déclassement de Gentilly-1 (qui n’est plus en fonction) et que les employés de
Gentilly-2 sont protégés par la sécurité d’emploi. « C’est
pas une usine de chaussures qui ferme dans l’Est de Montréal », a-t-il
illustré. À l’instar
du gouvernement péquiste et d’autres environnementalistes, Christian Simard
croit qu’en démantelant Gentilly-2, le Québec pourrait se doter d’un
savoir-faire de pointe en matière de déclassement de centrales nucléaires, un
marché évalué à plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le monde.
M.
Bibeault s’est montré sceptique à cet égard. « On
ne développe pas une expertise avec une seule centrale, a-t-il martelé. On va
être à la merci des autres (pays), c’est ça qui va arriver. » Inaugurée
en 1983, la centrale Gentilly-2 arrivera bientôt au terme de sa vie utile. Elle
génère actuellement environ trois pour cent de l’électricité produite par
Hydro-Québec et joue un rôle important dans la stabilité du réseau.
HYDRO S’ALIGNE AVEC LA POSITION DU GOUVERNEMENT
Mise à jour le 4 Octobre 2012 – 7:07
centrale nucléaire de Gentilly II, à Bécancour, cessera définitivement ses
activités à la fin de cette année. Il en
coûtera 1,8 milliard $ pour la déclasser sur une période de 50 ans, plutôt que
4,3 milliards $ pour la rénover. L’annonce
est opportune, une fois la campagne électorale terminée, même si la société
d’État disposait de données dès la fin du printemps pour appuyer cette
conclusion, mais il semble que le précédent gouvernement libéral, qui avait
plutôt un préjugé favorable à la réfection de la centrale, n’ait pas cherché à
en faire état.
La hausse
des coûts de réfection et la baisse du prix de l’électricité sur le marché
amènent Hydro-Québec à renoncer à son projet de rénover la centrale, en vertu
du rapport rendu public mercredi. Incidemment,
cela correspond au voeu de la première ministre Pauline Marois, qui, au terme
de la première réunion de son cabinet, à la mi-septembre, avait annoncé la
fermeture de la centrale, provoquant ainsi un tollé dans la région de la Mauricie-Centre-du-Québec.
« Le
projet n’est plus justifié sur le plan financier », a déclaré le pdg
d’Hydro, Thierry Vandal, en conférence de presse mercredi après-midi, avec la
ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet. La
décision conforte le PQ, qui exigeait la fermeture de la centrale depuis 2009,
même sans avoir en main toutes les données d’Hydro. Mme Ouellet soutient que
cette position avait été adoptée en fonction de certains indicateurs, problèmes
de réfection dans d’autres centrales, vente d’Énergie atomique du Canada et catastrophe
de Fukushima au Japon.
« Les
conclusions du rapport (d’Hydro), c’est un peu ce qu’on pressentait »,
a-t-elle dit durant la conférence de presse. La société
d’État se défend pour sa part d’avoir caché le rapport pendant la campagne
électorale. Thierry Vandal affirme que les données les plus récentes ont été
colligées pendant les dernières semaines. Toutefois il était de notoriété
publique déjà depuis plusieurs mois que la réfection coûterait bien au-delà de
3 milliards $, a-t-il ajouté.
« Hydro-Québec
ne fait pas de politique », a pourtant dit M. Vandal en conférence de
presse, prenant ses distances du gouvernement pour affirmer que le scénario de
la fermeture circulait chez Hydro depuis mars 2011. Donc, au
terme de son permis d’exploitation auprès de la Commission canadienne
de sûreté nucléaire, Gentilly II, après 30 ans d’activité, ne produira plus
d’électricité, à compter du 28 décembre 2012. « Aucun
prolongement n’est possible sans réfection majeure de la centrale », a
justifié M. Vandal.
Il en
coûterait 4,3 milliards $ pour rénover la centrale, selon les estimations
rendues possibles par les réfections similaires effectuées à Pointe Lepreau, au
Nouveau-Brunswick, et en Corée du Sud. Si on ajoute les coûts de fermeture au
terme de la vie utile, qui doivent être tenus en compte, la facture monte à 6,3
milliards $. La
centrale produirait de l’électricité au coût de 12,3 cents le kilowattheure,
soit beaucoup plus cher que le prix sur le marché. C’est donc « nettement
plus avantageux » pour Hydro-Québec de renoncer à la rénover, a déclaré M.
Vandal.
Il a
expliqué pourquoi l’estimation de réfection est passée de 1,9 milliard $ en
2008 à 4,3 milliards $ en 2012. Le projet de Pointe Lepreau a permis de réaliser
qu’il faut beaucoup plus d’effectifs pour réaliser le projet. Pour Gentilly, il
aurait fallu 1400 travailleurs de plus que les 736 employés de la centrale. La
période des travaux a aussi été prolongée. Enfin, les coûts des infrastructures
temporaires ont augmenté. En
revanche, le déclassement coûtera 1,8 milliard $ et s’échelonnera sur une
cinquantaine d’années. Le démantèlement final se fera à compter de 2055. Au
total, cinq étapes sont prévues.
« C’est
la meilleure solution économique », a plaidé Mme Ouellet, en ajoutant que
c’est une décision « dictée par la sagesse ». Néanmoins,
Hydro devra radier dans ses états financiers de 2012 des actifs de 1,7 milliard
$, dont les trois quarts vont se répercuter, selon la règle, sur le dividende
versé au gouvernement, soit 1,2 milliard $. Grâce à la
fermeture, toutefois, le bénéfice annuel d’Hydro-Québec pourra croître de 215
millions $ à compter de 2017,
a calculé la société d’État. La
fermeture n’aura aucun effet sur les tarifs d’électricité, a assuré le pdg
d’Hydro, cherchant visiblement à multiplier les arguments en faveur de la
position adoptée.
La
centrale compte 736 travailleurs permanents et M. Vandal a voulu se montrer
rassurant, pour dire qu’ils seraient relocalisés et tous traités correctement,
dans le respect des contrats et conventions collectives. Mme
Ouellet a aussi rappelé de son côté que la région de Bécancour et de la Mauricie pourrait
disposer d’un fonds de diversification économique de l’ordre de 200 millions $.
L’INFORMATION REPRODUITE SEMBLE PRÉSENTER UN DEGRÉ POSSIBLE DE
MANIPULATION DE L’OPINION PUBLIQUE. ON N’EST JAMAIS ASSEZ PRÉVENU.