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Des rabatteurs trouvaient des femmes pour pierre elliot trudeau

Son auteur,
Claude Jean Devirieux, l’ancien reporter vedette de Radio-Canada. Aujourd’hui il porte avec charme ses 81 ans
et il ressemble en tout point à la photo qui orne la couverture de son dernier
opus : « Claude Jean Devirieux,
derrière l’information officielle 1950-2000 ». C’est aux éditions
Septentrion. J’ai passé près d’une heure en sa compagnie. Quel conteur! D’abord
à propos du titre qui coiffe l’article, c’est raconté en page 261. Dans les
années 70, Devirieux est très ami avec une maquilleuse, Anne Trèze, fort
appétissante, si vous voyez ce que je veux dire.

Un jour, l’air embêté, elle
vient voir son ami pour lui raconter ce qu’elle venait de vivre. Je cite : « Elle avait reçu la visite de deux émissaires de Trudeau qui lui avaient
proposé un marché. On lui offrait, contre avantages matériels, des sorties avec
le premier ministre. Il semblerait que Trudeau a des rabatteurs qui
identifiaient les personnes de sexe féminin pouvant faire ressortir ses
qualités de séducteur. »

L’AFFAIRE
LAPORTE

Mais ce qu’il considère comme la grande
révélation de son livre, c’est que ce ne sont pas les felquistes connus qui ont
causé la mort de Pierre Laporte. Après une enquête personnelle menée en 1973,
deux personnes, le romancier et médecin Jacques Ferron et l’avocat du
FLQ, Robert Lemieux, le mettront sur la piste de Jean Magnée, un obscur
individu qui sortait avec Zita Lortie, la sœur de Bernard Lortie, membre de la
cellule Chénier du FLQ. Ce type, d’origine belge, était un marginal qui
fraudait. Ex-militaire, il aurait entraîné les membres du FLQ au maniement des
armes et des explosifs.

Il est mort le 6 juin 1978, immolé par le feu en
s’aspergeant de diluant. Or, il faut savoir que dans le communiqué de Paul Rose, il mentionne que Laporte a été exécuté par la cellule Dieppe-Royal 22e.
Et Magnée, pour des raisons qui ne regardait que lui, faisait une fixation sur
la ville de Dieppe. Faites le lien. Et la disparition, si tragique fut-elle du
ministre du cabinet Bourassa, provoqua une sorte de soulagement dans les milieux politique et policier. C’est que Laporte, et Devirieux le confirme, avait des
liens étroits avec la mafia qui alimentait sa cagnotte électorale. Les
enquêteurs avaient un dossier haut comme ça à son sujet. Sa mort a arrangé bien
du monde.


Le 24 novembre 1983, on annonce la nomination de Claude Blanchet au
poste de président-directeur général du Fonds de solidarité. On le voit ici aux
côtés de Louis Laberge et de Fernand Daoust. (Photo : Paul-Henri Talbot, La Presse)

LOUIS
LABERGE À LA SOLDE DE LA GRC

Une autre bombe contenue dans ses souvenirs,
c’est qu’on apprend que l’ancien président de la
FTQ, Louis Laberge, avait été lancé dans le
syndicalisme, payé par la GRC,
pour débusquer de probables communistes, l’obsession de toutes les agences de
sécurité durant la guerre froide. Et autre information troublante, la CIA, qui avait une cinquantaine
d’agents au Québec durant la
Crise d’Octobre, considérait Louis Laberge comme le chef du
FLQ! Mais à savoir si c’était vrai, on n’a jamais pu contre-vérifier cette
prétention.

DES
POUVOIRS HOMOSEXUELS

En cours de conversation, je pose la
question au vétéran journaliste, est-ce qu’il a vraiment tout mis dans son
bouquin ou il a été obligé de se censurer? Et de me raconter des anecdotes
savoureuses sur l’homosexualité de deux grands premiers ministres, l’un à
Ottawa, l’autre à Québec. Et qui se sont entourés d’un cénacle de proches
collaborateurs tous gais ou bisexuels. À la mention de certains noms, je suis
tombé de ma chaise, dont un ancien gouverneur général du Canada. « Je
voulais inclure ces histoires en donnant les noms, mais mon éditeur n’a pas
voulu, pour ne pas devoir s’embarquer dans toute une histoire », commente
l’auteur. Car comme il le dit bien, au chapitre homosexualité, il n’a rien
contre le milieu homosexuel, mais lorsqu’une minorité raciale, linguistique ou
sexuelle envahit une sphère du pouvoir, ils s’octroient des privilèges entre
eux, comme une chasse gardée, et ça c’est dommageable.

LES
FEMMES TRÈS POLLUANTES

Outre les événements à saveur politique qui
ont été le pain et le beurre durant la carrière de reporter de Devirieux, on trouve aussi des faits de société amusants. Ainsi, à la rubrique écologie, il
nous met sur le nez une évidence, à savoir que malgré elles, les femmes sont de
grandes pollueuses. Et d’expliquer ainsi qu’en raison de l’administration
d’oestrogènes dans le cadre des programmes d’hormonothérapie, lorsqu’elles font
pipi, « ces hormones qui ne sont pas stoppées par les usines d’épuration
vont dans les eaux de nos rivières et du Saint-Laurent que nous buvons et dans
lesquelles nagent les poissons ». Et de compléter avec une étude menée par
l’Université de Montréal qui soulignait avec inquiétude que le taux d’hormones
féminines dépasse de 90 fois le seuil critique dans le Saint-Laurent et on en
trouve même dans les nappes phréatiques!

LES
COMBINES DES MOINES

Au chapitre chômage, une page d’histoire
fort amusante, l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, près de Magog, avait obtenu en
1939 de se constituer en municipalité. Les 50 habitants, c’était les bien sûr
les moines. La communauté bénédictine avait imaginé un passe-passe pour obtenir
des sous du programme d’assurance-chômage. On créait des emplois fictifs et la
trésorerie des moines payait la cotisation patronale. De sorte qu’à tous les
six mois, on en mettait la moitié au chômage et ces moines
« chômeurs » touchaient leur chèque qui, bien sûr tombait dans les
coffres de l’administration monastique.

Puis le gouvernement fédéral octroya un
programme de soutien aux infrastructures dans les municipalités où il y avait
au moins 50% de chômage saisonnier. Merveille, c’était le cas de la communauté
de Saint-Benoît, qui empocha de généreuses subventions pour la réfection de
chemins du domaine et des bâtiments. Claude Jean Devirieux avait tout vu de ces
manèges et préparait son reportage, quand on lui demanda de modifier
substantiellement son texte et d’éliminer toute référence à cette
« gammick » religieuse. Car entretemps le Père Abbé avait appelé le
vice-président de Radio-Canada… Quand on lit tout ça, ça nous confirme dans quelle
hypocrisie la société s’enferme. Mais Claude Jean Devirieux veille… même à son
âge, qui mérite le respect.

LES OPINIONS EXPRIMÉES SONT CELLES DE L’AUTEUR DU LIVRE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT CELLES DE  LaMetropole.com