L’agent secret le plus célèbre du cinéma fête ses 50 ans sans avoir pris une
ride. Celui qui se présente en disant « Bond, James Bond », qui adore
les belles femmes, les gadgets technologiques et les martinis « secoués,
pas remués » est apparu pour la première fois dans les salles obscures le 5
octobre 1962 dans « James Bond 007 contre Dr. No ». Né sous la
plume de l’ancien agent secret Ian Fleming, le personnage a été lancé au grand
écran par les producteurs Harry Saltzman et Albert Broccoli avec un budget de 1
million $.
Pour l’incarner, Sean Connery, acteur écossais relativement inconnu,
a été choisi contre l’avis du studio United Artists, qui aurait préféré une
star établie comme Cary Grant.
Vingt-deux
films plus tard et alors que le nouveau volet de la série,
« Skyfall », sort cet automne, force est de constater que la formule a
pris. Selon Roger Moore, qui a joué 007 à sept reprises, les longs-métrages de
James Bond sont un peu comme les histoires que l’on raconte aux enfants avant
d’aller au lit: tant que l’on ne s’éloigne pas trop de l’original, les petits
sont contents.
Chaque fois, le public a ce qu’il attend: de belles filles, de
l’action, des gadgets technologiques.
« James
Bond 007 contre Dr. No » correspondait aux changements qui se tramaient en
Grande-Bretagne à une époque où l’austérité de l’après-guerre était sur le
point de se terminer pour laisser place à une ère de prospérité. Le monde
de bolides, de casinos et de caviar de l’agent en costume de Savile Row
proposait un tourbillon de glamour inédit. Graham Rye, rédacteur en chef de
« 007 Magazine », estime que le film ne ressemblait à
rien de ce qui s’était fait auparavant. Il explique que beaucoup de films
britanniques de cette période étaient des drames naturalistes, austères, en
noir et blanc, et que, quand « Dr. No » a explosé sur l’écran, il a
pris tout le monde aux tripes.
Depuis,
James Bond a résisté à ses ennemis et à leurs hommes de main effrayants,
trompant la mort à de nombreuses reprises. Surtout, il a survécu aux multiples
changements d’acteur principal, aux poursuites judiciaires, aux difficultés
financières, à la fin de la guerre froide et à l’avènement du terrorisme
islamiste. James Bond
a également résisté aux critiques pourtant abondantes. « Pure foutaise pour
gens cherchant à s’évader du réel », avait jugé Bosley Crowther du New York
Times lors de la sortie du premier film de la série, tandis que
les accusations de sexisme pleuvaient contre les conquêtes féminines légèrement
vêtues de l’agent.
L’un des
secrets de la réussite de la franchise réside dans la virtuosité du marketing
de ses producteurs. Acclamé par le monde entier en la personne de David Craig
lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Londres cet été, James
Bond a su s’associer à de nombreuses marques. Il a notamment bu de la vodka
Smirnoff, de la bière Heineken, conduit une Aston Martin et porté une Rolex.
Les plus
grands musiciens se sont penchés sur sa bande sonore. John Barry a composé le
thème plein d’adrénaline de la série, avant des collaborations avec des stars
comme Paul McCartney (« Vivre et laisser mourir »), Tina Turner
(« Goldeneye »), Madonna (« Meurs un autre jour ») ou, tout
récemment, Adele (« Skyfall »).
Barbara
Broccoli et Michael Wilson, les producteurs actuels, maîtrisent avant tout
l’art de distiller les scoops à des fans avides de connaître le titre, les
lieux de l’action, les vedettes invitées des prochaines aventures de leur héros
préféré. « Skyfall »,
attendu le 9 novembre sur les écrans nord-américains, voit revenir Daniel Craig
dans le rôle d’un James Bond plus sombre que celui interprété par Timothy
Dalton ou Pierce Brosnan. L’acteur aurait déjà signé pour deux autres films,
d’après la presse. Cinquante
ans après sa naissance, James Bond est-il reparti pour un autre demi-siècle?