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Christopher neil criminel sexuel dangereux

Pour Christopher Neil de quoi s’agit-il? Il a été
détenu pendant cinq ans dans une prison de Thaïlande pour pédophilie .En effet
il avait fait des films pornographiques infantiles.  Dans ses films, comme
beaucoup de ces pédophiles qui sont très narcissiques, il se montrait lui-même
causant des abus sur des enfants.  Il faut comprendre que ces films devaient
lui servir pour s’exciter et le fait qu’il soit dans l’écran devait jouer comme
facteur d’excitation.  Il avait suffisamment brouillé et caché son visage
pour être sûr qu’on ne le reconnaitrait pas.

Mais Neil a quand même été arrêté
en 2007. Des policiers allemands avaient réussi à décoder l’image, ce qui avait
permis à Interpol de lancer une chasse à l’homme internationale. Je ne sais pas s’il regardait les films comme les
experts, que ce soit les experts de Miami ou de New-York ou les experts pour
les forces navales (NCIS), il aurait dû savoir, que même si les films exagèrent
de temps en temps, il n’en reste pas moins que les services de police finissent
par avoir de brillants informaticiens qui sont au moins aussi brillants que les
hacker qui utilisent leur métier pour voler.  Et les allemands, qui sont
connus pour leur esprit scientifique, ont fini par décoder son vrai visage et
finalement il a été incarcéré en Asie pendant 10 ans. 


POURQUOI DES PROCÉDURES SPÉCIALES?

LA NOTION DE DÉLINQUANT SEXUEL DANGEREUX

Cela nous porte à analyser l’attitude de la
société envers la délinquance sexuelle.  Pourquoi on peut mettre en prison
d’une manière définitive jusqu’à la fin de ses jours un délinquant sexuel alors
qu’on le fait rarement pour des tueurs et même pour des tueurs en série. Mais,
en ce qui concerne la violence sexuelle, il y a une norme très particulière qui
existe au Canada qui est la notion de délinquant sexuel dangereux. 
Pourquoi donc cette différence entre les crimes violents, sans incident sexuel,
et les crimes à incidences sexuelles. 

Cela peut se trouver dans la dynamique
sexologique de ces individus. Même on peut même considérer que c’est aussi lié
en particulier à la dynamique sexuelle particulière de l’homme.  En effet,
dès l’adolescence on va permettre à des adolescents à partir de 11 ou 12 ans de
voir des films policiers où il y a des meurtres et même des scènes de torture
mais on essaie de leur éviter de voir des scènes sexuelles. 
Pourquoi? 

Cette interdiction ne s’est pas fait d’une
manière très rationnelle mais cela s’est fait d’une manière intuitive.
Cependant, on peut quand même le rationnaliser a posteriori. En effet,
l’adolescent masculin a une émergence de ses hormones sexuelles et plus
particulièrement la
Testostérone qui le met sous une faim sexuelle fréquente,
insistante dont il est libéré lorsqu’il éjacule.  À ce moment-là, son
cerveau produit de la morphine interne c’est-à-dire des endorphines et il sent
sa tension importante et parfois même souffrante se libérer. 

Ce qu’il faut comprendre c’est que ce phénomène
peut devenir une addiction et, à cause de cette addiction, il a tendance à
vouloir répéter cette action.  Moins ce garçon a des opportunités de
libérer ses tensions par des activités socialement acceptées comme par exemple
le sport, les bons repas, les soirées familiales agréables, de la lecture
intéressante, plus ce soulagement sexuel est important pour lui. 

Avant la libération sexuelle en particulier des
années 70, les jeunes garçons entre 13 et 15 ans avaient peu de chance d’avoir
des soulagements sexuels avec une partenaire.  Tout au plus, dans des pays
comme l’Italie ou d’autres pays méditerranéens, il y avait un rituel où ses
frères l’amenaient à des prostituées et il se soulageait de cette manière.
 Mais, par la suite, il réalisait qu’il ne pouvait pas toujours le faire
avec des jeunes filles de son gout et désirées.

Depuis la révolution de 1968, en France, et
surtout en Californie, une certaine liberté sexuelle nouvelle est arrivée et
 les adolescents ont des relations sexuelles dans les pays
occidentaux.  Mais souvent, il y a là un autre problème qui se pose.
 La jeune fille veut bien avoir des relations sexuelles, si cela signifie
une implication émotionnelle importante et durable. Habituellement elle n’aura
pas le même rythme de souhaits de relations que le garçon ce qui va commencer à
amener des conflits. De plus si le garçon n’est pas prêt à investir dans
l’interaction sociale avec  les parents de la fille ou de faire autant de
sorties qu’elle le veut et, souvent, le conflit va s’amplifier. 

Malheureusement ce qui est fréquent c’est que,
lorsqu’elle est enceinte, le garçon qui voyait en elle une chance de sortir,
d’avoir des activités sexuelles sans trop de responsabilités, se voit pris dans
d’immenses responsabilités.   Et, très souvent on voit ce garçon
essayer de se libérer de ses tensions par l’alcool, la drogue ou l’infidélité
ce qui met fin habituellement à ce type de relations et qui laisse une jeune
fille seule avec son enfant et elle devient une mère célibataire.  Donc,
on voit que la sexualité a un impact puissant dès l’adolescence et que la
société, plus ou moins consciemment, s’en est aperçue. Elle a compris que de
montrer trop de scènes sexuelles, trop bien définies aux garçons de cet âge-là,
pourraient les entraîner dans des activités sexuelles répétitives et
compulsives. 

LA CRÉATION DE LA DÉVIANCE

Un autre phénomène vient altérer la sexualité de
certains adolescents qui même va se continuer lors de l’âge adulte.  Si on
se replace dans des pays qui interdisent les activités sexuelles avec des
filles de leur âge, évidemment qu’ils essaient quand même d’avoir quelques
baisers et quelques touchers mais ils doivent se cacher des parents ou de la
société.  Donc, dans ces circonstances-là, l’individu fait une érotisation
du défendu c’est-à-dire quand il a eu des plaisirs, souvent, il devait se
cacher et c’était des plaisirs défendus.  À d’autres moments, dans des
sociétés où il y a plus de liberté, il peut avoir des relations sexuelles avec
sa petite amie mais parfois il en a envie plus souvent qu’elle et il doit la
brusquer jusqu’à un certain point pour y arriver et quand ce n’est pas
tellement important pour lui et que la jeune fille veut casser la relation ou
qu’elle accepte un peu malgré elle, il finit par associer « brutalité et
sexualité ». 

Mais pour les individus qui vont devenir des
délinquants sexuels, parfois, ils sont dans des situations telles qu’ils ne
voient pas comment ils pourraient avoir accès à des partenaires sexuelles de
leur âge et ils finissent par se dire qu’ils ne pourront en avoir que s’ils le
font à travers un viol.   Évidemment, assez souvent, ce souhait de
viol quand quand l’individu a été débouté par une femme qu’il essayait de
courtiser et l’amener à avoir des relations sexuelles.  Il en subit alors
une dévalorisation, une rage. Certains gardent cette rage dans leur esprit sans
la passer à l’acte. Certains se défoulent à travers la littérature où l’art.
Mais d’autres, qui n’ont pas ces possibilités, vont effectivement passer à l’acte. 

Dans le domaine des actes interdits, il y a un
phénomène assez particulier.  C’est que la société, depuis le moyen âge
jusqu’à aujourd’hui, voit ce qui arrive à des criminels après que le crime ait
été dévoilé.  Au moyen âge, c’était des supplices, de nos jours c’est la
prison et aussi la honte sociale. L’individu craignant des représailles essaye
pendant un certain temps, avec ses peurs et ses inquiétudes de bloquer son
comportement.  Puis, il lui arrive de faire un viol et à son grand étonnement
ce n’est pas découvert et il sa personnalité de violeur revient à celle de un
bon garçon.  Il continue à faire des études s’il en a, à faire un travail
s’il en a et il n’est pas repéré du tout par la société. 

Il lui vient donc une espèce de sentiment de toute
puissance.  Il se dit, au fond, on peut se payer ce qu’on veut dans le
crime sans en supporter les conséquences.  Ce sentiment était fort chez
Bernardo qui après avoir violé plusieurs filles était fier d’avoir échappé à
toutes les vérifications policières. Pour se prouver qu’il était au-dessus des
autres et imprenable, il souhaitait aller violer dans un état des États-Unis où
le viol était puni par la peine de mort. 

Donc, quel que soit l’individu, au début, s’il
n’est pas détecté, il a tendance à se voir au dessus des lois et plus malin que
tous. À plus forte raison s’il s’agit d’une personne qui est très respectée
dans la société comme ce colonel de l’armée canadienne Colonel Russell Williams
qui était tellement respecté qu’on lui a donné la tâche de la sécurité au jeux
Olympiques à Vancouver et qui a violé et tué plusieurs femmes des forces armées
sans être découvert au début.  L’individu non détecté au début donc
recommence ses actes criminels.

L’IMPRÉGNATION CÉRÉBRALE À VIE

Ce qui se passe à ce moment-là c’est que
l’individu non seulement a des comportements inadéquats et criminels mais il se
masturbe entre ces comportements là avec des images, des objets volés, et même
des films de ce qu’il a déjà fait.  Et, à chaque éjaculation, cela imprègne
son cerveau des souhaits des crimes déjà faits et cette marque devient de plus
en plus indélébile. 

Je tiens à souligner l’histoire de ce travailleur
de rue qui avait un très bon comportement, qui n’avait pas de tendances
pédophiles. Mais à un moment donné, il avait hébergé un jeune garçon de 13 ans
chez lui pour le protéger de la rue.  Les deux en était venu à tellement
d’affectivité et de promiscuité à cause du fait qu’ils vivaient dans la même
maison. À un moment donné, il s’est laissé aller à masturber ce garçon et en
avoir du plaisir.  Il s’est ressaisi et il a pu fonctionner 7 ans sans
aucun problème en pouvant chasser de son cerveau quelques idées qui pouvaient
apparaître dans ce sens-là. 

Mais, suite à d’autres événements, ou peut-être
le fait que cet événement a été découvert quand le garçon de 13 ans avait 20
ans, il a dû être évalué par mes services. Il a passé ce qu’on appelle la
pléthysmographie pénienne, c’est-à-dire une mesure des changements minuscules
ou à peine perceptibles du pénis pendant qu’on des cassettes audio qui sont
plus faciles à fabriquer et plus éthique que des films et on finit par savoir
quelle est sa déviance s’il en a une.  Dès que le test a été passé, il a
demandé à sexologue qui faisait passer le test quel était le résultat? Elle lui
répond: « Vous devez le savoir vous, ça score uniquement sur les
garçons de 13 ans.
 »  Et, quand il est venu me voir il m’a dit,
je ne comprends pas docteur, j’ai passé 7 ans de ma vie à prouver que je
n’avais pas de tendances de ce côté-là, puis votre foutu appareil le détecte en
moins de 20 minutes.  Cet individu ne comprenait pas que certains
plaisirs, que ce soit de prendre de la cocaïne, de l’héroïne ou un plaisir
sexuel défendu, cela s’enracine dans le cerveau d’une manière quasiment indélébile.

LE TRATEMENT DE LA PRÉVENTION DE RÉCIDIVE

Au début les thérapeutes ont utilisé des
tentatives psychanalytiques, pour traiter les délinquants sexuels. Ils
considéraient que si l’individu se comprenait mieux, si il comprenait son
interaction avec sa mère, son père et sa famille, qu’il arriverait à ne plus
avoir ces comportements criminels.  On s’est vite aperçu que c’était faux,
qu’il n’y avait vraiment pas de manières de changer cette imprégnation
cérébrale très durable un peu d’ailleurs comme cela arrive avec les toxicomanes
ou les alcooliques. 

Par contre, si le phénomène d’imprégnation est à
peu près semblable à la toxicomanie, les conséquences sont différentes. 
En effet, un alcoolique qui reprend un verre après 5 ans d’abstinence, il se
peut très bien que cela se fasse sans bagarre, sans criminalité. Avec son
thérapeute les deux vont travailler à essayer d’éliminer ce comportement. 
Par contre, nos sociétés ont compris que si l’individu est au volant, très
souvent cela se termine par de graves conséquences qui font que lui ou d’autres
sont estropiés ou qu’ils meurent et là, la société a vraiment compris qu’il
fallait sévir d’une manière sérieuse et prévenir l’alcool au
volant.  

Cependant, dans le domaine de la sexualité, vous
serez tous d’accord avec moi qu’il suffit que cet individu qui a pu se tenir
tranquille pendant 5 ans mais qui au bout de 5 ans abuse d’un enfant, les
conséquences pour cet enfant vont être désastreuses ce qui est bien prouvé par
la science.  Donc les traitements vont se pencher beaucoup plus sur ce
qu’on appelle la prévention de récidive c’est-à-dire de ne pas mettre cet
individu dans des circonstances qui pourraient enflammer son imagination.
 

Donc, on le tient loin des écoles, il ne peut pas
garder seul des enfants, il ne peut pas regarder la télévision côte à côte avec
un enfant sans surveillance parentale.  En plus, dans la prévention de
récidive on apprend aux gens à savoir que chaque abuseur a une faiblesse plus
particulière. Certains pédophiles sont hyper excités en balançant un enfant sur
une balançoire publique car ils ont commencé à perpétrer leurs crimes comme
cela. Pour d’autres, c’est en ayant fait pleurer un enfant qu’ils ont eu leur
plaisir sexuel.  Chacun a ses faiblesses particulières, c’est ce qu’on appelle
les situations à hauts risques.  L’individu doit aussi apprendre ce qu’on
appelle la chaîne de pensées et de comportements amenant à la récidive. 
En effet, souvent, l’individu va récidiver lors d’un stress émotionnel, d’une
insatisfaction, d’un deuil ou d’un comportement en particulier. 

Par exemple, le fait d’associer 2 comportements
encourage la récidive si un des deux comportements se produit. Cela est bien
connu dans le domaine de la cigarette.  Beaucoup de gens ont du mal à ne
pas reprendre une cigarette même si ils ont arrêté pendant un certain temps
comme par exemple en buvant un café s’ils avaient l’habitude de mettre ces deux
activités ensemble pendant très longtemps.   La même chose arrive
pour les pédophiles : un comportement en amène un autre.

De plus on s’aperçoit que ces délinquants ont
beaucoup de ce qu’on appelle des idées irrationnelles.  Beaucoup
s’imaginent que les enfants finalement font semblant de ne pas aimer les gestes
qu’ils ont eus avec eux mais qu’ils aiment ça quand même, que cela va leur
faire du bien, que ça va les dégêner. Tant qu’ils ont ces idées irrationnelles,
ils seront beaucoup plus à risque que d’autres.  Ces idées irrationnelles
vont aller jusqu’à penser que c’est une bonne éducation pour l’enfant de
connaître ce type d’abus.  Finalement, l’idée la plus irrationnelle c’est
qu’ils n’ont pas fait de tort à personne.  Tant qu’ils gardent cette idée
irrationnelle, ils sont à un haut risque de récidives. 

CATÉGORIE DE NÉGATEURS

Il y a un autre type d’abuseurs sexuels c’est ceux
qui nient leurs abus jusqu’à la fin.  Ces individus sont beaucoup plus
dangereux puisqu’ils ne peuvent pas accéder à un traitement et souvent ce sont
ces personnes-là qui sont considérées comme des délinquants sexuels
dangereux.  D’autres ne sont pas négateurs ou des négateurs partiels de
leurs activités mais par contre refusent un traitement pour toutes sortes de
raisons.  Ces individus évidemment sont extrêmement à risques s’ils ne
connaissent pas leurs faiblesses, leurs cycles de pensées et de comportements
inadéquats et s’ils ne sentent pas de l’empathie pour leur victime.  Cela
peut être une autre catégorie de délinquants sexuels dangereux.

RETOUR À NEIL ET LA DÉTENTION PRÉVENTIVE

On comprendra dans ces conditions qu’un individu
qui a été pédophile pendant longtemps au point de se filmer et d’envoyer ses
films sur l’Internet, sera un individu qui est à risques.  Comme les pays
asiatiques ont relativement peu de traitements aussi sophistiqués que la
prévention de récidive on comprendra très bien que les chances au départ, sans
qu’on ait analysé complètement la situation par rapport à cet individu
particulier, sont que les risques de récidive sont très élevés.  Donc, si
cette récidive arrive au Canada, on ne voudrait pas qu’un enfant ait à payer
pour cela.

Christopher Neil le producteur ressemble étrangement à Christopher Neil le pédophile.

Bien des gens diront : « Bien, vous
savez, s’il a passé 10 ans dans telle prison, peut-être que cela lui aura fait
une bonne leçon
. »  Par contre, ce qu’il faut comprendre, c’est
que plus l’individu a été stressé, a été humilié, plus sa colère augmente et
plus il a pu chercher à se soulager sexuellement avec des fantasmes déviants et
cela n’a pu qu’augmenter sa dangerosité.  Donc, ici je ne fais pas le
procès de cet individu puisque ce n’est pas moi qui va l’évaluer ou connaître
tous les détails, mais je montre aux lecteurs pourquoi la sexualité a toujours
été mise à part dans nos interdictions et même dans notre prévention.

DR
ÉDOUARD BELTRAMI

AUX QUATREPOINTS CARDINAUX