au parc Émilie-Gamelin vers 21 h 30. La manifestation a rapidement
été déclarée illégale par les forces de l’ordre. Peu avant 23 heures, la
plupart des participants s’étaient dispersés. Une centaine de personnes étaient
présentes. Ils étaient encadrés par un certain nombre de policiers, dont
plusieurs à vélo. Pour les manifestants, congédier la
policière serait la conséquence logique de ses comportements. « Quelqu’un
qui ferait ça, vous ou moi,
je pense qu’il y aurait des conséquences pas mal
plus qu’une suspension », a dit l’une d’entre eux. Certains participants
allaient même jusqu’à réclamer son emprisonnement. La policière a été suspendue de ses
fonctions et désarmée le temps d’une enquête interne relativement à un incident
survenu le 2 octobre dernier. Par ailleurs, cette affaire a une
grande résonnance sur les réseaux sociaux,
où la policière a été sévèrement critiquée, parfois défendue ou tournée
en dérision.
Un groupe Facebook demande
« l’exécution » de Mme Trudeau et l’adresse de la policière a aussi
été mise en ligne. Le SPVM a ouvert une enquête et déployé des policiers autour
du domicile de la policière.
LES PERSONNES BOUSCULÉES ATTENDENT ENCORE…
Simon Pagé, le premier à avoir fourni ses empreintes digitales dans un poste de
police en raison des plaintes qui l’affligent, dix jours après que lui et ses
amis eurent été malmenés par la policière Stéfanie Trudeau. Serge
Lavoie, que la désormais célèbre « matricule 728 » tenait fermement au
collet lors de l’intervention policière devenue virale, admet ne pas avoir
digéré l’événement.
« J’ai
la gorge sensible un peu, je l’ai encore de travers [l’intervention] »,
affirme-t-il calmement.
À propos
des excuses publiques du directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM),
Marc Parent, il ajoute que celles-ci n’ont « pas été un si grand baume,
parce que les accusations sont maintenues ». « Tant
mieux, il [Marc Parent] a eu un bon mot pour la population. Mais le SPVM
devrait passer de la parole aux actes. […] Je trouve ça invraisemblable qu’il
y ait encore des accusations contre nous. Elles devraient être retirées
immédiatement », croit-il.
Le SPVM
n’a toujours pas offert d’excuses personnelles aux trois hommes, pas plus qu’il
ne leur a demandé leur version des faits. En fait, un seul contact a été
établi: en entrevue avec La Presse Canadienne, Rudi Ochietti a indiqué qu’un
représentant du SPVM avait téléphoné à Serge Lavoie pour la première fois ce
vendredi afin de connaître « leurs intentions », une expression dont
aucun des trois individus n’est certain de saisir le sens. M. Ochietti précise
cependant que ses amis et lui-même n’avaient encore pris aucune décision quant
à un éventuel recours juridique contre la policière ou le SPVM, bien qu’ils
aient écarté l’idée d’aller devant le Comité de déontologie au terme d’une
longue réflexion.
« En
fouillant les dossiers pendant nos huit jours de huis-clos après l’incident, on
a constaté que les plaintes en déontologie ne fonctionnent pas. On a revu cette
agente-là patrouiller, on s’est dit que le SPVM ne faisait rien », a laissé
tomber M. Ochietti devant le poste de police, pour expliquer la décision du
trio de transmettre aux médias les images de l’événement et l’enregistrement
des propos de la policière. « J’espère
que le coup de tonnerre [l’essor médiatique] va saisir les gens de tous
horizons pour comprendre que c’est très important d’avoir une police intègre
qui sert les citoyens, et non pas elle-même seulement. »
La
comparution des trois hommes est prévue mercredi prochain. Ils font l’objet de
plaintes de voies de fait contre un policier et d’entrave au travail des
policiers. MM. Lavoie et Pagé pourraient aussi faire face à des accusations
d’intimidation.
Rudi
Ochietti, Serge Lavoie et Simon Pagé ont fait l’objet d’une arrestation fort
musclée, le 2 octobre dernier, dans un local d’artistes qu’ils partagent avec
d’autres créateurs sur la rue Papineau à Montréal. Les images ont été diffusées
à la télévision et sur les réseaux sociaux. L’enregistrement d’une conversation
subséquente de la policière avec ce que l’on croit être un superviseur,
également largement diffusé, démontre que celle-ci véhicule de multiples
préjugés et un langage ordurier à l’endroit, notamment, des artistes, des
habitants du Plateau Mont-Royal et des sympathisants du mouvement étudiant du
printemps dernier.
Au milieu
du tourbillon médiatique, M. Ochietti ne se fait pas d’illusions sur le sort
qui aurait été réservé à leur cas s’il n’avait pas été médiatisé. Selon lui, le
maintien en poste de cette femme en dépit des multiples plaintes à son endroit
démontre clairement l’existence d’un problème systémique au sein du corps
policier et d’une culture de protection des policiers entre eux. Il illustre
également l’inefficacité du système de surveillance actuel des policiers. « Il
faut que la façon dont sont traitées les plaintes change parce que l’agente 728
accumule les plaintes en déontologie depuis 1995 », observe M. Ochietti.
C’est ce
dernier qui a déclenché l’intervention de la policière Stéfanie Trudeau. Une
bière à la main, il est allé ouvrir la porte du local à Simon Pagé qui arrivait
avec sa contrebasse. L’agente a alors estimé qu’il consommait de l’alcool sur
la voie publique et elle a procédé à l’intervention qui fait à présent sensation
sur les réseaux sociaux. Sur le
Web, justement, Simon Pagé a par ailleurs senti le besoin d’intervenir sur une
page Facebook dénonçant la policière au matricule 728 pour rappeler que
celle-ci « est d’abord et avant tout un être humain » qui mérite la
dignité et le respect.
M. Pagé se
dit dégoûté par le fait que des gens aient pu divulguer l’adresse personnelle
de la policière et tenu des propos discriminatoires à son égard. M. Pagé ajoute
« qu’il est tout à fait inapproprié de tenter de faire sa propre justice
dans ce dossier ».
Source :
Radio-Canada