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V.p. sÉcuritÉ du casino ami avec accurso

Le départ
de Richard Bégin, après sept ans à la tête des équipes d’enquêtes de la société
d’État, est survenu alors que la commission Charbonneau tenait ses premières
audiences publiques. Le nom de Tony Accurso et de son empire commercial avait
alors été soulevé pour une première fois devant la Commission d’enquête
sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la
construction. Au cours de son témoignage dévastateur des deux dernières
semaines,

l’ex-entrepreneur Lino Zambito a même lié Tony Accurso au parrain de
la mafia sicilienne à Montréal, Vito Rizzuto. Des
sources fiables soutiennent que Loto-Québec craignait que les travaux de la
commission Charbonneau puissent entacher son image et affecter sa crédibilité
et celle de ses filiales qui exploitent les jeux de hasard et d’argent
(loterie, casino, appareils de loterie vidéo et jeu en ligne). « Ç’a créé de
l’inquiétude », a-t-on raconté. Cela semblait d’autant plus délicat que
Loto-Québec connaissait l’amitié entre MM. Bégin et Accurso depuis longtemps.

Selon ces
mêmes personnes qui ont requis l’anonymat, la candidature de M. Bégin pour la
vice-présidence à la sécurité de la société d’État avait été fortement
recommandée à l’époque par ses amis, dont Tony Accurso. M. Bégin est entré en
fonction en 2005. Il venait alors de quitter la Sûreté du Québec, où il
occupait le poste de directeur des enquêtes criminelles. Dans les rangs de la SQ, la relation entre MM. Bégin
et Accurso est largement connue. Chose
certaine, ces liens étaient suffisamment étroits pour que Richard Bégin invite
Tony Accurso à son mariage, qui a été célébré il y a quelques années.
L’entrepreneur lui aurait d’ailleurs offert un cadeau important à cette
occasion.

Joint il y
a quelques jours, M. Bégin était sur la défensive. Il n’a rien nié, préférant
relancer Le Devoir : « Vous avez un conjoint, vous. Est-ce que vous contrôlez
tous ses liens ? » De plus,
M. Bégin connaîtrait bien l’homme d’affaires Marcel Melançon, partenaire
d’affaires de Tony Accurso. Les deux hommes ont déjà dirigé ensemble
l’entreprise de construction Marton (« Mar » pour Marcel et « ton » pour Tony).
M. Melançon est souvent identifié comme un ancien collecteur de fonds pour le
Parti québécois.

Chez
Loto-Québec, on soutient ne rien savoir des sympathies de M. Bégin pour Tony
Accurso. « Ces choses-là n’étaient pas connues ici », a affirmé le porte-parole
de la société d’État, Jean-Pierre Roy. Ce dernier
a expliqué que le départ de Richard Bégin fait suite à une décision
administrative de procéder à une réorganisation. Les choses se sont faites
rapidement. « On m’a donné trois jours pour faire mes boîtes », a indiqué M.
Bégin. La
vice-présidence à la sécurité n’existe plus depuis juillet dernier. La
responsabilité échoit au premier vice-président à la direction corporative,
Marcel Croux. Ce n’est toutefois pas le seul changement apporté à
l’organigramme de Loto-Québec.

Mercredi
dernier, la société d’État a décidé de réaffecter temporairement Pierre Bibeau,
premier vice-président aux affaires corporatives et communications à la suite
des déclarations sous serment de Lino Zambito devant la commission Charbonneau.
L’ex-entrepreneur a affirmé avoir remis 30 000 $ en espèces à M. Bibeau pour le
financement du Parti libéral du Québec. Le versement de l’argent a été effectué
aux bureaux de Loto-Québec.

ENQUÊTE INTERNE

En 2010,
Richard Bégin a mené une vérification interne dont il a transmis les résultats
à la SQ. Cela
concernait le directeur des opérations immobilières, qui serait soupçonné
d’avoir contourné les règles d’attribution des contrats. « J’ai tenté de mettre
en place des contrôles, mais Loto-Québec, c’est un gros paquebot », s’est borné
à dire M. Bégin. Par la
suite, l’enquête policière a été transférée au Directeur des poursuites
criminelles et pénales (DPCP), qui n’a pas porté d’accusation. Mais selon les
informations recueillies, de nouveaux éléments sont apparus dans le dossier au
début de 2012. L’enquête a été rouverte et serait sur le point d’être finalisée
avant de retourner dans les mains du DPCP.

Selon
certaines sources, ce dossier pourrait être un élément expliquant le départ de
Richard Bégin dont le travail aurait pu être un irritant pour certaines
personnes. Mais les sources ne voulaient pas s’avancer davantage sur un terrain
que l’on qualifie de « miné ». À la SQ, on demeure silencieux. « On
ne peut pas commenter une enquête en cours », a indiqué le porte-parole de la SQ, Guy Lapointe. 

Source: LeDevoir