La
nouvelle maman a ajouté deux Félix à la récolte amorcée lundi dernier à L’Autre
Gala, remportant la mise dans la catégorie du meilleur album pop
(« Blonde ») en plus de mettre la main sur la très convoitée statuette
de l’interprète féminine de l’année lors du 34e Gala de l’ADISQ, présenté
dimanche soir à Montréal. « Je
suis fatiguée. J’ai envie de dormir pendant six mois! Mais c’est la fin d’une
époque et c’est le début d’une autre », a-t-elle lancé dans la salle de
presse.
Quelques
minutes auparavant, sur scène, elle avait remercié sa fille Romi, qu’elle avait
décrite comme étant « la plus belle chanson (qu’elle a) pu écrire ». La
prolifique auteure-compositrice-interprète de 23 ans, qui a fait un tabac en
France et au Québec avec sa deuxième offrande, avait gagné la semaine dernière
le trophée de l’artiste québécoise s’étant le plus illustrée hors Québec.
Richard
Desjardins a lui aussi réalisé un doublé dimanche au Théâtre Saint-Denis.
L’artiste, dont l’absence au gala de 2004 avait fait couler beaucoup d’encre _
et fait voler un Félix dans le décor a été primé dans les catégories du
meilleur album adulte contemporain (« L’existoire ») et du meilleur spectacle. Pour
recevoir chacun de ses trophées, il est monté sur scène accompagné de son complice
Claude Fradette, réalisateur de l’album « L’existoire ». À la fin
de son premier discours de remerciements, il a vaguement feint de lancer son
trophée. Mais il ne s’agissait pas d’une boutade à l’endroit de l’animateur de
l’époque Guy A. Lepage, qui s’était montré vexé de l’absence de Richard
Desjardins.
« Non,
je voulais le ‘pitcher’ à lui », a-t-il expliqué peu après dans la salle de
presse en pointant en direction de Claude Fradette. « C’est
lui le vrai gagnant du trophée. Il a monté l’album, monté aussi beaucoup le
‘show’. Disons que c’est son âme qui orchestre tout ce ‘show’-là », a fait
valoir Richard Desjardins.
Par
ailleurs, comme prévu, l’auteure-compositrice-interprète Lisa LeBlanc a été
sacrée révélation de l’année. La tornade acadienne était donnée gagnante par
bon nombre d’observateurs de la scène musicale québécoise. La foule, qui l’a
accueillie avec des applaudissements nourris lorsqu’elle a joué sur scène les
premiers accords de sa chanson à succès « Ma vie c’est d’la marde » flanquée
de ses « compétiteurs », semblait aussi le pressentir.
Les
premiers mots de Lisa LeBlanc ont été pour les autres finalistes, à qui elle a
tenu à dire un « huge merci » après avoir déposé son trophée. Elle a
également souligné que « tout le monde torchait cette année ». Elle-même
dit ne pas arriver à mettre le doigt sur le secret de son succès, aussi soudain
que fulgurant. « Je
sais pas, dis-moi, je n’ai aucune idée pourquoi ça marche, a-t-elle confié. ‘I
guess’ que les tounes sont comme moi, je suis une personne super simple, super
honnête. Ce que j’écris et ce que je suis, c’est pas mal la même affaire. C’est
peut-être juste ‘le fun’ de voir quelqu’un qui est honnête, qui s’en fout un
petit brin et qui écrit sur les ‘trips’ qu’elle vit et pour ‘le fun’. »
FRED PELLERIN POURSUIT SA LANCÉE
Le
chansonnier Fred Pellerin est reparti avec une statuette dorée sous les bras
pour son nouvel opus, « C’est un monde », nommé meilleur album folk. « Je
suis secoué. Très surpris, en fait. Je ne m’attendais vraiment pas à ça, alors
je suis content. Je m’étais dit qu’avec tous ceux qui étaient là, avec l’année
qu’on a eue, je ne gagnerais pas », a-t-il confié. L’artiste
de Saint-Élie-de-Caxton devra faire un peu de place sur le manteau de sa
cheminée, car pour lui, il s’agit d’un neuvième Félix en carrière. C’est
également la quatrième fois en quatre ans qu’il met la main sur un trophée de
l’ADISQ.
« C’est
‘pété’, hein? Je ne sais pas trop comment prendre ça, a-t-il admis. C’est ben
flatteur. C’est le troisième album que je fais, et c’est le troisième album qui
se ramasse un trophée, ‘faque’ ça dit que ça trouve son écho dans les
oreilles. » Grâce à sa
victoire de dimanche soir, le groupe Mes Aïeux, qui a mérité pour une
quatrième fois en carrière la statuette du meilleur groupe, a été primé le
même nombre de fois que Fred Pellerin. La bande de Stéphane Archambault a
coiffé au poteau Les Cowboys Fringants, Radio Radio, Les Trois Accords et Kaïn.
« Merci
beaucoup! C’est un prix du public, alors ‘vox populi, vox dei’. Merci mon
Dieu », s’est exclamé M. Archambault en acceptant le Félix au nom de sa
formation, qui compte 17 années de carrière.
Vincent
Vallières, dont la très populaire pièce « On va s’aimer encore » avait
été sacrée meilleure chanson l’an dernier, a hérité cette fois du Félix du
meilleur interprète masculin. « Je
ne suis pas si vous êtes aussi surpris que moi de me voir sur scène en ce
moment. Ça me touche infiniment », a lancé d’entrée de jeu l’auteur-compositeur-interprète
avant de remercier ses enfants de lui pardonner ses absences et sa conjointe,
de « garder le fort ».
« Sans
cri ni haine », de Marie-Mai, a eu la faveur du public cette année et ainsi
succédé à la ballade de Vincent Vallières. Il s’agit du seul trophée remporté
par l’un des poulains de l’émission « Star Académie ». Maxime Landry,
qui courait la chance de mettre la main sur le trophée du meilleur interprète
masculin et du meilleur album adulte contemporain, a fait chou blanc.
Les autres
lauréats de la soirée sont les interprètes de la seconde cuvée de « Douze
hommes rapaillés », nommé spectacle de l’année ainsi que
Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque). Une belle performance pour cette
formation, qui a été primée dans deux des trois catégories où elle avait été
sélectionnée.
Un Félix
hommage a par ailleurs été décerné à la chanteuse country Renée Martel.
Vu
l’omniprésence des artistes féminines dans les listes de finalistes, on
s’attendait à une année assez riche en victoires féminines, mais finalement,
les récompenses ont été distribuées de façon assez équitable.
Parmi les
grandes oubliées de ce gala figurent d’ailleurs Marie-Pierre Arthur et Isabelle
Boulay qui sont toutes deux reparties bredouilles en dépit de leur cinq
nominations artistiques (incluant celles de L’Autre Gala).