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Le maire tremblay Était au courant?

M. Dumont,
alors organisateur en chef pour cette élection complémentaire, s’inquiétait de
dépasser le budget maximal de 46 000 $, constatant des irrégularités, comme des
téléphonistes qui se rapportaient au responsable du financement du parti,
Bernard Trépanier, plutôt qu’à lui, ainsi que passablement de va-et-vient au
comité électoral. « Je
voyais qu’il y avait beaucoup de dépenses qui se faisaient. On ne me mettait
pas au courant. On me disait ‘Martin, ça, ce n’est pas ta responsabilité’. J’ai
dit ‘OK, mais arrangez-vous pour que ce soit correct’. »

Il y a
donc eu réunion en présence de l’agent officiel du parti, Marc Deschamps, ainsi
que du maire de Montréal et chef du parti, Gérald Tremblay. « Je
veux savoir ce qui se passe. Est-ce qu’on est dans le trouble, est-ce qu’on
risque de dépasser le budget électoral? À ce moment-là, l’agent officiel m’a
sorti un document imprimé », une feuille avec deux colonnes. « Il m’a
dit ‘Martin, c’est pour ça qu’on a un budget officiel et un budget officieux de
campagne »‘, a-t-il relaté.

Le budget
officiel respectait le plafond et atteignait 43 000 $, à deux semaines du
scrutin, mais le budget réel ou officieux atteignait déjà 90 000 $, soit
presque le double du plafond permis. « Quand
Marc Deschamps a sorti la feuille pour dire ‘c’est pour ça qu’on a un budget
officiel et qu’on a un budget officieux’, c’est à ce moment-là que le maire de
Montréal, Gérald Tremblay, s’est levé et a dit ‘je n’ai pas à savoir ça »‘,
a rapporté M. Dumont. Ultimement,
cette élection partielle aura coûté 110 000 $ à Union Montréal, selon ce que
Bernard Trépanier a avoué à M. Dumont, alors que le plafond permis était de 46
000 $.

Ironiquement,
cette élection complémentaire de décembre 2004 visait à remplacer deux
conseillers reconnus coupables d’avoir reçu des pots-de-vin. L’avocat
d’Union Montréal, Me Michel Dorval, a tenté de lui faire dire qu’il avait
peut-être confondu les deux colonnes de budget présentées par M. Deschamps et
qu’il s’agissait peut-être d’un budget des dépenses pré-électorales et
électorales, mais le témoin l’a assuré du contraire. Le budget des dépenses
pré-électorales était déjà bouclé et avait été transmis à Élections Montréal,
a-t-il soutenu. Me Dorval
a néanmoins protesté contre les affirmations du témoin en demandant lui-même à
rencontrer les médias, après la journée de travail de la commission.

Il a alors
précisé qu’il avait demandé au procureur en chef de la commission d’interroger
le maire Tremblay, le contrôleur d’Union Montréal et l’agent
officiel du parti afin d’avoir leur version. « Il appartient au procureur
chef de faire des entrevues avec ces gens-là et de décider s’il les fait passer
oui ou non devant la commissaire. Mais nous souhaitons ardemment que ces
gens-là puissent s’expliquer, et ce, très rapidement », a lancé Me Dorval.
Il a dit vouloir ainsi « rectifier les faits ».

ARGENT COMPTANT

Par
ailleurs, M. Dumont a relaté plusieurs événements au cours desquels des
enveloppes d’argent comptant ont circulé, notamment une enveloppe de 10 000 $
remise par l’entrepreneur Niccolo Milioto, de Mivela Construction, dans un
urinoir, en novembre 2004. « Viens pisser avec moi », lui a-t-il dit
carrément. Il a pris
l’enveloppe et, « mal à l’aise », l’a prestement remise à Bernard
Trépanier, responsable du financement du parti. Lors de
cette même activité dans Hochelaga-Maisonneuve, deux autres personnes ont voulu
lui remettre une enveloppe. Il a conseillé à ces personnes de s’adresser plutôt
à M. Trépanier directement.

Lors de la
prise d’une photo de groupe, M. Trépanier lui aurait même dit que sa veste
n’arrivait plus à fermer, tant elle contenait d’enveloppes d’argent. À une
autre occasion, comme il est fréquent dans le milieu politique de « passer
le chapeau » pour recueillir des contributions anonymes, généralement de
petits montants, M. Trépanier lui aurait confié: « pas besoin du chapeau
pour recevoir des dons anonymes, le chapeau c’est moi ». Et une
autre fois, M. Trépanier, enrhumé, lui avait demandé de lui rendre un service
et de passer chercher « 50 000 documents » pour lui à Laval. Quand M.
Dumont lui a dit qu’il ne comprenait pas, il lui a rétorqué: « Martin,
c’est 50 000 $ ». Il devait aller chercher la somme au restaurant L’Onyx et
demander le propriétaire, un « restaurateur » appelé Tony Accurso,
qu’il ne connaissait alors pas. Plus tard, il a su qu’il s’agissait d’un
entrepreneur en construction.

Un autre
incident concernant de l’argent comptant l’a étonné. Une jeune femme embauchée
comme réceptionniste s’était plainte à lui du fait que M. Trépanier lui avait
fait compter de l’argent. Elle lui avait rapporté avoir compté quelque 850 000
$ et se plaignait de ne pas avoir été embauchée pour accomplir de telles
tâches. Elle lui avait demandé de transmettre le message à M.
Trépanier, ce qu’il a fait, en lui suggérant d’acheter une machine à compter
les devises. Selon lui, M. Trépanier s’en est procuré une et il l’a entendue
fonctionner quelques fois.

M. Dumont
a également cité le nom d’une dizaine de représentants de firmes de génie qui
se sont rendus dans le bureau du responsable du financement du parti, la porte
fermée, les stores fermés, pendant moins de 15 minutes. « C’est
sûr que j’avais mes doutes » sur la teneur de ces échanges avec des
représentants des firmes de génie-conseil, a-t-il admis à la juge France
Charbonneau, « mais au-delà de mes doutes… »

La
présidente de la commission et le commissaire Renaud Lachance lui ont demandé
pourquoi il n’avait pas parlé au maire Tremblay de toutes ces
irrégularités, puisque le maire lui avait déjà dit que son bureau était
toujours ouvert pour lui, lorsqu’il avait travaillé dans son cabinet de 2001 à 2004.

« Qui
m’aurait cru? » leur a répondu M. Dumont.

TREMBLAY NIE

En
conférence de presse pour présenter le budget de la Ville, le maire
Tremblay
a nié les affirmations de M. Dumont. « Tout ce que je peux
vous dire, c’est que c’est totalement faux », a-t-il lancé, avant d’ajouter
qu’il ne voulait plus répondre à ce genre de questions. « Je
vous demanderais de respecter mon processus de maire de Montréal. Je suis en
train de travailler pour la
Ville de Montréal », a-t-il conclu, en dressant la liste
de ses activités de la semaine.