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Commission charbonneau: un autre ingÉnieur admet avoir reÇu 500 000$

Et il a soutenu qu' »à peu près tout le
monde » à la Ville
était au courant du système de collusion. Et, comme
d’autres témoins avant lui, il a indiqué que le stratagème de collusion et
corruption « était beaucoup plus large que la ville de Montréal » et
touchait notamment la couronne Nord et l’Ouest de l’île. Désinvolte,
il était même à l’aise d’énumérer ces cadeaux et cet argent reçus de la part
d’entrepreneurs, jusqu’à un jambon, lui qui approuvait les travaux en
« extras » aux contrats publics octroyés par la Ville.

Il a
toutefois restitué une somme de 90 000 $ aux enquêteurs de la Commission Charbonneau,
en demandant qu’elle soit remise à son ancien employeur, la Ville de Montréal. Avec
humour, il a lancé que les entrepreneurs avaient droit au « service du
chef » même s’ils ne lui versaient pas de pot-de-vin. Il a trouvé moyen de
blaguer à propos d’un gallon de vin maison reçu en cadeau, en lançant
« lui, c’était un vrai pot-de-vin ». M. Leclerc
a même prétendu qu’il n’était pas si facile que ça de dépenser des milliers de
dollars en argent comptant.

De même,
il a confirmé être allé jouer au golf en République dominicaine avec le parrain
de la mafia, Vito Rizzuto, et son collègue ingénieur Gilles Surprenant. Là
encore, il a dépeint la situation en riant, décrivant Vito Rizzuto comme
« un excellent compagnon de voyage, un excellent golfeur et un gars qui a
le sens de l’humour ». Les pots-de-vin
reçus ont aussi pris d’autres formes que de l’argent comptant. Par exemple, pas
moins de cinq entrepreneurs ont fait des travaux sur sa maison de l’époque,
voisine de celle de l’entrepreneur Paolo Catania. Il s’agissait notamment de
travaux de bordure, de paysagement ou de dalle de béton.

M. Leclerc
a admis que c’est par simple goût du pouvoir et de l’argent qu’il a accepté ces
pots-de-vin pendant des années. Il a avoué que lui et son épouse touchaient un
revenu suffisant, mais qu’il avait rationnalisé le stratagème dans sa tête en
se persuadant que les pots-de-vin étaient une façon d’être reconnu pour le bon
travail réalisé. Au départ,
il recevait 15 pour cent de la « plus-value » qu’il apportait au contrat
de l’entrepreneur, en convainquant la
Ville de lui verser plus d’argent. Mais, lors d’un tournoi de
golf avec des entrepreneurs, après quelques verres, il a entendu quelqu’un
lancer le chiffre de 25 pour cent. Il a donc résolu de demander à l’avenir 25
pour cent de la « plus-value » qu’il apportait au contrat.

Du même
souffle cependant, il a soutenu qu’il n’exigeait pas de l’argent de la part des
entrepreneurs et qu’il prenait ce qu’ils voulaient bien lui donner. Il a
témoigné du fait qu’à peu près tout le monde était au courant du système de
collusion à la Ville
de Montréal. Il a même donné l’exemple d’un signaleur sur un chantier de
construction qui savait à l’avance sur quel prochain chantier son employeur le
dépêcherait, alors que le contrat n’avait officiellement pas encore été octroyé
à un entrepreneur. « Quand
c’est rendu que les signaleurs sont au courant, d’après moi les commis à la Ville, les secrétaires, à
peu près tout le monde ont entendu parler un jour ou l’autre de ça », a
conclu M. Leclerc.