dit : »c’est la chefferie ou la mairie ». Je vous dis aujourd’hui que
ce n’est pas la chefferie », a annoncé le député de Bourassa mercredi aux
côtés de son chef Bob Rae. Depuis
déjà plusieurs mois, Denis Coderre admettait jongler avec l’idée de se lancer
dans la course au leadership du Parti libéral du Canada (PLC) et celle de se
porter candidat à la mairie de Montréal. Devant les
médias, il a mis fin au suspense mercredi, après avoir avisé ses collègues
libéraux réunis en caucus.
Il s’est engagé à conserver ses responsabilités de
député jusqu’à l’issue de la course au PLC, en avril 2013. « Je
me suis dédié totalement à ce parti et à mon pays depuis les 30 dernières
années. Je suis avant tout député de Bourassa. J’aurais pu aujourd’hui dire
« je m’en vais », mais je pense qu’il faut être aussi loyal à son parti
et il faut avoir un certain sens du devoir », a-t-il signalé. Son
annonce survient au moment où l’actuel maire de la métropole québécoise est
éclaboussé par des révélations sur le financement de son parti
à la Commission Charbonneau.
Tout porte ainsi à croire que Gérald Tremblay ne sollicitera pas un nouveau
mandat, laissant le champ libre à M. Coderre. « Je
pense que Montréal mérite mieux (…) J’adore Montréal et c’est clair que je
trouve désolant ce qui se passe. Mais on va laisser faire le travail de la Commission, on va
laisser faire les gens dans leur propre juridiction », a-t-il noté. Il n’a
cependant pas voulu dire s’il pensait que M. Tremblay devrait démissionner. « C’est
une situation très inconfortable, mais c’est à lui à la prendre (sa
décision) », a-t-il tranché.
Âgé de 49
ans, Denis Coderre est député de la circonscription montréalaise de Bourassa
depuis 1997. Dans le gouvernement de Jean Chrétien, il a été tour à tour en
charge du Sport amateur, de l’Immigration et de la Francophonie. Fervent
utilisateur de Twitter, à l’aise devant les caméras et amateur de figures de
style imagées, il est sans conteste l’un des députés fédéraux les plus connus
du grand public québécois. S’il avait
choisi de se lancer dans la course à la chefferie du PLC, il aurait eu à
affronter un autre député montréalais très médiatisé, Justin Trudeau.
DÉMISSION
Le chef
intérimaire Bob Rae n’a pas paru mal à l’aise du fait que son député envisage
de faire le saut en politique municipale tout en exerçant ses fonctions de
député fédéral. « La
question de la mairie, c’est une question pour l’avenir. Et (M. Coderre) m’a
dit clairement qu’il n’y aura pas d’autres annonces de sa part _ parce qu’il
n’y aura pas de décision de sa part finale _ avant la sélection du nouveau chef
permanent du PLC au mois d’avril », a conclu M. Rae. Fait à
noter: pressé de questions à cet égard, M. Coderre n’a pas infirmé ni confirmé
qu’il attendrait en effet jusqu’au 14 avril avant de prendre sa décision pour
la mairie.
Malgré
tout, l’ancien chef libéral Stéphane Dion ne craint pas que M. Coderre puisse
jouer un double jeu. « Il ne fera pas campagne, il sera 100 pour 100 pour
nous, à travailler avec nous », a-t-il noté. Du côté du
Nouveau Parti démocratique (NPD), on ne voit cependant pas l’affaire sous cet
angle et on demande à M. Coderre de chasser le flou. « C’est
comme s’il nous avait présenté une feuille de papier sur laquelle c’était écrit
un plus un et qu’il nous laissait trouver la solution et le résultat », a
illustré le néo-démocrate Alexandre Boulerice.
Aux yeux
du député de Rosemont-la-Petite-Patrie, M. Coderre a intérêt à mettre les
choses au clair le plus rapidement possible. « La
ligne est mince entre le fait d’être candidat à la mairie de Montréal
officieusement, tout en recevant son salaire de député », a-t-il souligné. À l’instar
de M. Boulerice, le chef bloquiste Daniel Paillé croit d’ailleurs que M.
Coderre devra laisser immédiatement son siège de Bourassa s’il plonge pour la
mairie. « C’est sûr que dès l’instant que M. Coderre annoncerait autre
chose que son mandat fédéral, il faudrait qu’il arrête son mandat fédéral pour
lequel il est payé », a-t-il expliqué.