Par cette
décision, annoncée jeudi, M. Tremblay pourrait vouloir gagner du temps afin
d’éviter la tenue d’une élection partielle à la mairie de Montréal. Les
prochaines élections municipales au Québec auront lieu le 3 novembre 2013. Or
l’article 336 de la Loi
sur les élections et les référendums dans les municipalités stipule que lorsque
le poste de maire devient vacant moins de 12 mois avant le scrutin, le conseil
municipal n’a pas à décréter une élection partielle puisque le nouveau maire
peut être désigné entre les conseillers.
Lundi, 5
novembre, la période de 12 mois obligeant la tenue d’une élection partielle
sera levée. Le
président du comité exécutif de la
Ville de Montréal, Michael Applebaum, s’est porté à la
défense du maire, en spécifiant qu’il avait droit à quelques
jours de repos et que la Ville
« fonctionnerait pareil ». L’administration
Tremblay retournera d’ailleurs à la planche à dessin afin de réviser son budget
2013 en raison de la grogne des citoyens. Elle n’exclut pas la possibilité
d’annuler la hausse d’impôts fonciers de 3,4 pour cent annoncée cette semaine.
M.
Applebaum a avoué que les contribuables « étaient frustrés » par les
révélations entendues à la Commission Charbonneau et c’est pourquoi il a
demandé au service des finances de la
Ville de préparer différents scénarios « pour que le
budget soit mieux accepté par la population ». « C’est
un budget qui est difficile à cause de ce que les payeurs de taxes entendent à la Commission »,
a-t-il indiqué. M.
Applebaum a aussi réitéré sa ferme intention de récupérer l’argent volé à la Ville de Montréal.
Pour la
chef de l’opposition officielle, Louise Harel, le parti du maire,
Union Montréal, donne « dans l’improvisation totale » et la volte-face
budgétaire, bien que souhaitable pour les contribuables, témoigne « d’un
amateurisme incroyable ». « Tant
mieux, mais c’est une diversion », a-t-elle lancé. La chef de
Vision Montréal croit aussi qu’il était nécessaire pour M. Tremblay de prendre
un congé, afin qu’il réalise « qu’il a perdu la confiance des
Montréalais ». Elle croit
d’ailleurs que Union Montréal agonise à petit feu devant la multiplication des
allégations et estime que la situation ne s’améliorera pas.
« C’est
un congé obligé, parce qu’il ne peut plus se présenter devant les journalistes,
devant n’importe quel auditoire, sans avoir à répondre de son administration »,
a-t-elle soutenu. Mme Harel
dit déjà se préparer à la démission du maire. « La
pire du pire, c’est ce qu’on vit présentement. Tous les autres scénarios sont
bons », a-t-elle lancé. Selon Mme
Harel, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, pourrait
décider d’imposer une élection générale prématurée dans la métropole ou même
choisir un successeur à Gérald Tremblay. Le
ministre possède ces pouvoirs en vertu de la loi sur les cités et villes, a
expliqué Mme Harel, elle-même ancienne ministre des Affaires municipales.
Dans
l’éventualité de la démission de M. Tremblay, Richard Bergeron
s’est quant à lui montré favorable à la nomination d’un maire par intérim. Le chef de
Projet Montréal a déclaré qu’il n’était « pas partisan du désordre maximal,
mais qu’il était plutôt partisan d’un apaisement ». « Je
veux que la Ville
livre ses services aux citoyens et je veux qu’elle ralentisse l’attribution de
contrats », a-t-il ajouté. À
l’inverse de Mme Harel, M. Bergeron a bien reçu la décision du
comité exécutif de réévaluer le budget déposé en début de semaine. Il est
d’avis que cela permettra de « soulager l’étranglement fiscal » des
Montréalais.
Le
gouvernement Marois a aussi réagi à la période de repos prise par M. Tremblay. Le
ministre Gaudreault a dit que son retrait temporaire ferait baisser la tension
à l’hôtel de ville, mais a précisé que « la suite des choses serait suivie
avec intérêt » à Québec. « Nous
lui avons demandé depuis plusieurs jours de réfléchir, il a décidé de
réfléchir. Respectons sa période de réflexion », a pour sa part répondu le
ministre responsable de la région de Montréal, Jean-Francois Lisée.