L’économie n’ayant généré que 1800 nouveaux emplois, ce qui s’est avéré insuffisant pour faire reculer le taux de chômage, stable à 7,4 pour cent. Mais les
chiffres sur l’emploi ont été étonnamment forts aux États-Unis, ce qui n’a pas
manqué d’impressionner les économistes. Quelque 171 000 emplois tous dans le
secteur privé ont vu le jour en octobre, soit plus qu’attendu. En outre, les
données de septembre et d’août ont été révisées à la hausse. « La
grosse histoire aujourd’hui se trouve dans les chiffres sur l’emploi aux
États-Unis,
qui ont généralement été meilleurs que prévu », a observé
l’économiste en chef adjoint de BMO Marchés des capitaux, Doug Porter. « Entre
la reprise du secteur immobilier aux États-Unis et le portrait de l’emploi qui
s’améliore, il y a plus de raisons d’être optimiste et de croire que cela va se
propager au Canada. » Le dollar
canadien a avancé après la publication des chiffres sur l’emploi et a terminé
la journée en hausse de 0,12 cent US, à 100,44 cents US.
La torpeur
de la performance canadienne était attendue par les économistes, qui estimaient
qu’après les hausses impressionnantes des deux derniers mois _ pendant lesquels
plus de 86 000 emplois ont été créés une pause était pratiquement de mise.
Les spécialistes avaient prévu en moyenne 5000 nouveaux emplois pour octobre,
mais certaines estimations étaient bien plus élevées tandis que d’autres
misaient sur des pertes d’emplois. Les
analystes calculaient qu’avec une économie qui progressait sous la barre des
deux pour cent, les gains d’emplois des derniers mois n’étaient pas
soutenables.
DONNÉES MITIGÉES
Dans une
déclaration aux médias, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty s’est
consolé en notant que le marché du travail n’était pas au point mort, même s’il
a admis qu’encore trop de Canadiens n’arrivaient pas à se trouver un emploi. « Bien
que les chiffres du mois soient modestes, je suis ravi de voir que notre
économie continue de créer des emplois », a-t-il indiqué. « Nous avons
eu plus de 820 000 nouveaux emplois créés depuis juillet 2009 et la plus grande
partie de ceux-ci étaient des emplois à temps plein et dans le secteur
privé. »
L’économiste
Derek Holt, de la Banque
Scotia, a jugé que les données d’octobre étaient mitigées. « L’angle
optimiste de cette histoire est de considérer que la récente croissance de
l’emploi persiste malgré les inquiétudes de voir un contrecoup », a-t-il
expliqué dans une note aux clients. « (Mais) cela reste toujours une
possibilité dans les mois qui s’en viennent. » Selon lui,
un des principaux facteurs de découragement réside dans le recul de 0,3 pour
cent du nombre d’heures travaillées en octobre, lequel pèsera sur le revenu
moyen.
Puis,
d’autres éléments du rapport de Statistique Canada laissent présager une faiblesse
d’ensemble. L’emploi
dans le secteur privé _ considéré comme le meilleur indicateur de la vigueur
économique _ a retraité de 20 300. Cela a été contrebalancé par un gain de 36
900 emplois dans le secteur public, tandis que le nombre de travailleurs autonomes
a reculé de 14 900. Les
résultats d’octobre portent le total d’emplois créés au Canada ces 12 derniers
mois à 229 000, tous des emplois à temps plein, ce qui représente un gain de
1,3 pour cent, légèrement inférieur au taux de croissance de l’économie.
L’emploi a
surtout diminué dans le secteur de l’agriculture, qui a fait disparaître
environ 16 000 postes, tandis que le gain de plus important a été observé dans
le secteur de l’éducation, avec 16 200 nouveaux emplois. Il y a eu peu de
changements dans les industries importantes de la fabrication, de la
construction et des ressources naturelles. Dans
l’ensemble, les industries productrices de biens ont cédé 19 300 emplois,
tandis que le secteur des services en a ajouté 21 000. Autant de
provinces ont affiché des gains d’emplois que des pertes pour le mois
d’octobre. Le gain le plus important a été réalisé au Québec, où 20 100 emplois
ont vu le jour. Le taux de chômage y a reculé de 0,3 point de pourcentage pour
s’établir à 7,7 pour cent.
L’Institut
de la statistique du Québec a précisé que cette croissance de l’emploi était
cependant attribuable à la hausse de 23 300 du nombre d’emplois à temps
partiel, tandis que 3300 emplois à temps plein ont disparu. Au total,
le Québec comptait 4,02 millions d’emplois en octobre, un sommet historique. Le
nombre d’emplois dans la région métropolitaine de Montréal s’est pour sa part
établi à un peu plus de deux millions, ce qui représente aussi un niveau
inégalé. La Colombie-Britannique a pour sa part affiché le plus
grand nombre de pertes d’emplois, soit 10 900.