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Simple plan: l’histoire officielle

« C’était
fascinant, parce que d’une année à l’autre, on a commencé à se faire appeler
‘sell outs’. On jouait exactement les mêmes chansons du premier album, de la
même manière, mais là on était devenus des ‘sell outs’ parce que tout d’un
coup, la radio et la télévision ont commencé à embarquer », se souvient le
guitariste Jeff Stinco. « On a
entendu de ces choses au Québec… qu’on utilisait la scène pour s’élever
au-dessus de la foule, ce qui est absolument l’affaire la plus stupide que j’ai
entendue de ma vie »,

ajoute-t-il, bien installé dans la suite d’un hôtel
du Vieux-Montréal. Le
bassiste David Desrosiers fait peu de cas de ceux qui lèvent le nez sur Simple
Plan essentiellement parce que le groupe a vendu neuf millions d’albums et
qu’il se produit dans de gigantesques amphithéâtres aux quatre coins de la
planète. « On a
tous toujours rêvé de jouer devant le plus de monde possible. En fait,
personnellement, je pense que les groupes qui font croire qu’ils n’aiment pas
ça jouer devant beaucoup de monde ou qui ne jouent pas de la musique pour se
faire entendre, ben… » « Ils
sont défaitistes », l’interrompt Jeff Stinco.

« C’est
ça, poursuit David. T’as juste à rester dans ton sous-sol si tu veux jouer de
la musique d’abord. Fais pas des ‘shows’ si tu veux la faire juste pour
toi. » Le batteur
Charles « Chuck » Comeau véritable locomotive du groupe depuis ses
débuts tenait cependant un tout autre discours à l’époque où il faisait
partie, avec le chanteur Pierre Bouvier, du groupe Reset, l' »ancêtre »
de Simple Plan. « C’est
ça, notre projet. Rester ‘undergrounds’ et rester accessibles », avait-il
confié en 1996 sur les ondes de MusiquePlus, comme on peut le lire dans la
biographie « Simple Plan: l’histoire officielle », qui sera en
librairie jeudi.

L’histoire
nous a évidemment appris qu’il en fut tout autrement. Et que ce même Charles,
se faisant passer pour l’agent du groupe Reset, a fait parvenir plusieurs lettres
de sollicitation aux compagnies de disques avant de décrocher, enfin, un
premier contrat avec l’étiquette Lava Records, une étiquette d’Atlantic
Records. Avant de
connaître le succès planétaire qu’ils savourent depuis maintenant une bonne
dizaine d’années, les musiciens ont dû faire leur chemin de croix au Québec. Car s’ils
faisaient courir les foules au Japon dès 2002, ils peinaient encore à remplir
le Métropolis à la même époque.

« C’était
un peu frustrant, un peu choquant, mais en même temps, les fans (du Québec)
étaient au rendez-vous, (…) on avait une belle carrière. C’était décevant,
c’est sûr, d’arriver chez nous et de voir que les journalistes ne parlaient de
personne d’autre que Kevin Parent ou Éric Lapointe », fait valoir Jeff
Stinco, sans pour autant dénigrer le talent de ces artistes.

Plusieurs
années auparavant, en 1998, un autre écueil _ de nature interpersonnelle,
celui-là _ avait bien failli avoir raison de Reset: une querelle entre Pierre
Bouvier et Charles Comeau a mené à l’éclatement de Reset. Mais après un an et
demi de silence, les anciens camarades de classe du collège Beaubois, à
Pierrefonds, ont renoué et décidé de repartir la machine, rapporte la
journaliste Kathleen Lavoie dans son ouvrage « Simple Plan: l’histoire
officielle ». Les gars
de Simple Plan se sont impliqués dans la mise au monde de cette biographie,
comme ils le font dans tout ce qu’ils entreprennent: à fond la caisse, en
suivant leur credo _ « DIY » (« Do it yourself »). « C’est
ça la philosophie du groupe. On a toujours eu cette éthique-là », expose
Jeff.

Pour les
besoins de la cause, les musiciens ont ressorti de leurs archives personnelles
billets de spectacle, croquis, paroles de
chansons manuscrites, photos et autres souvenirs qu’ils avaient conservés au
cas où, un jour, leur formidable aventure ne prenne fin. « Il y
avait une partie de nous qui savait que nous vivions quelque chose de
particulier. Il y avait aussi la peur de: ‘Ça finit quand, cette histoire-là?’
Quand tu penses que peut-être c’est ton dernier ‘single’, ton dernier album, tu
te dis que c’est peut-être important de garder ces choses-là », fait valoir
Jeff Stinco.

SIMPLE PLAN: L’HISTOIRE OFFICIELLE

« Simple
Plan: l’histoire officielle » a permis aux cinq musiciens montréalais de
jeter un regard en arrière sur la dernière décennie, mais aussi de se projeter
dans le futur. « La
musique, c’est vraiment ce qui occupe la plus grande partie de notre vie. Je
peux seulement parler pour moi, mais je suis persuadé que dans 10 ans, je ferai
encore de la musique », lance David Desjardins, qui cite comme modèle de
longévité le groupe punk-rock californien Green Day. « T’as
raison », renchérit Stinco, qui lui, aspire à une carrière comme celle du
groupe U2.

« Ce
qui rassemble le groupe, c’est le fait que les cinq on ‘trippe’ musique. Alors
je ne vois pas pourquoi on décevrait nos ‘fans’ en arrêtant maintenant. Il y a
vraiment un souci de sortir de la bonne musique et de se dépasser. Ça s’inscrit
nécessairement dans une continuation de ce qu’on fait », ajoute-t-il.