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Le maire vaillancourt dÉmissionne

Après
avoir été visé par des allégations devant la Commission Charbonneau
et ciblé par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), le maire n’a toutefois
pas cherché, durant son allocution de neuf minutes, à se défendre ou à réfuter
les allégations de corruption dont il a fait l’objet. Plutôt,
M. Vaillancourt, qui est âgé de 72 ans et qui était au repos depuis le 24
octobre dernier, a dit se présenter devant les médias malgré les recommandations
contraires de son médecin. « Nous
entendons toutes sortes de choses, nous faisons face à des allégations qui,
sans être prouvées,

altèrent de façon irrémédiable la réputation des gens en
qui vous aviez placé votre confiance. Je suis une de ces personnes et je suis
profondément blessé. Mes proches le sont aussi. Et, malgré tout ce que je
pourrais dire ou faire, force m’est de constater que le mal est fait »,
a-t-il dit, se présentant comme une victime des circonstances. Tout
au plus, M. Vaillancourt a-t-il tenté de se justifier en invoquant le bien
commun. « Je tiens à assurer aux Lavalloises et aux Lavallois que j’ai
toujours agi dans leur intérêt en pensant d’abord et avant tout à leur
mieux-être et à celui de leurs familles. »

Le
reste de son allocution a été consacré à dresser un bilan flatteur de ses
années à la tête de Laval qui, sous son règne, a connu une importante expansion
économique et démographique. Le
ministre des Relations internationales et responsable de la région de Montréal,
Jean-François Lisée, a salué cette décision. « Légalement,
il n’avait pas d’obligation de le faire. Il n’est pas sous le coup d’une
accusation. Donc c’est un geste politique qu’il a posé pour le bien de l’avenir
de Laval », a noté le ministre, lors d’un événement à Montréal.

Après
le départ, plus tôt cette semaine, de Gérald Tremblay, M. Lisée a promis que
Québec serait là pour accompagner Montréal et Laval, faisant valoir que même en
l’absence de leurs maires, leurs institutions étaient toujours fonctionnelles. « Elles
ne sont pas en crise économique, elles ne sont pas en crise sociale, elles ne
sont pas en crise institutionnelle, elles sont en crise politique. (…) On va
faire confiance aux institutions et on va les accompagner parce qu’il ne faut
pas que les citoyens des deux villes soient victimes d’un décrochage ou que les
dossiers ne progressent pas », a dit le ministre Lisée.

Le
porte-parole de la Coalition
avenir Québec en matière de justice, Jacques Duchesneau, a pour sa part exigé
du gouvernement Marois qu’il nomme un observateur indépendant à Laval, faisant
valoir que le parti du maire Vaillancourt ne fait face à aucune opposition à
l’hôtel de ville. M. Duchesneau n’a d’ailleurs pas été tendre à l’endroit du
maire à l’issue de sa courte allocution. « Il
joue à la victime, a-t-il laissé tomber. C’était la même chose quand j’ai
écouté Gérald Tremblay. C’est une occasion pour lui de faire son bilan; bilan
politique, bilan économique. Oui, la ville de Laval a changé mais à quel prix?
C’est ça la question. Au prix de victimes, de gens qui ont voulu faire affaire
avec (la ville) mais qui ont été empêchés de le faire, des gens qui ont été
écartés.

« Est-ce
qu’on va nous parler aussi de compagnies qui ont fermé leurs portes parce
qu’elles ne pouvaient pas avoir de contrats municipaux, de gens qui ont perdu
leur emploi? Ça, pour moi, ce sont des vraies victimes et on n’en parle
jamais », s’est indigné le député caquiste. Le
député Amir Khadir, de Québec solidaire, s’est aussi montré tranchant, estimant
que les départs de MM. Tremblay et Vaillancourt signalaient la fin d’une
époque. « Il
est clair que, dorénavant, il ne pourra pas y avoir du moins je l’espère d’autres politiciens qui s’accrocheront comme ça au pouvoir, régneront comme des
monarques en toute impunité avec des pratiques douteuses », a-t-il lancé.

Par
ailleurs, la conseillère Claire Le Bel, élue en 2009 sous la bannière du parti
de M. Vaillancourt, a annoncé sa démission du parti Pro des Lavallois. Elle
siégera dorénavant comme indépendante au conseil municipal. Les
perquisitions menées par l’UPAC ont notamment visé les bureaux du maire
Vaillancourt à l’hôtel de ville de Laval, sa résidence personnelle ainsi que
des coffrets bancaires lui appartenant. Début
octobre, le maire a aussi fait l’objet d’allégations de la part de
l’ex-entrepreneur Lino Zambito devant la Commission Charbonneau.
Celui-ci a affirmé que Gilles Vaillancourt recevait un pourcentage des contrats
de construction octroyés par la
Ville de Laval.

Plus
tôt cette semaine, un ancien huissier de Laval a déclaré à Radio-Canada lui
avoir personnellement remis deux pots-de-vin de 15 000 $ en espèces. Il
y a deux ans, en novembre 2010,
l’ancien député bloquiste Serge Ménard a affirmé que M.
Vaillancourt lui avait offert illégalement 10 000 $ comptant dans une enveloppe
pour sa campagne à l’élection complémentaire provinciale de 1993 dans la
circonscription de Laval-des-Rapides, qu’il avait remportée sous la bannière
péquiste. L’ancien
député libéral provincial de Vimont, Vincent Auclair, avait ensuite dévoilé que
M. Vaillancourt lui avait déjà aussi offert une enveloppe pour « l’aider
dans son élection ».

QUÉBEC N’INTERVIENDRA PAS

À
Québec, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, a dit que le
gouvernement n’entend pas intervenir et va laisser aux élus municipaux de Laval
le soin d’assurer la transition jusqu’à l’élection d’un nouveau maire en 2013. En
point de presse, le ministre Gaudreault a dit faire confiance « aux
institutions en place » pour désigner un successeur intérimaire à Gilles
Vaillancourt, nommer un conseil exécutif de transition et administrer les
deniers publics d’ici au prochain scrutin. En
revanche, le gouvernement Marois va « tout faire » pour soutenir la
ville de Laval dans la réalisation de ses projets, a affirmé M. Gaudreault,
réitérant l’engagement qu’il a pris à l’égard de Montréal à la suite du départ
du maire Gérald Tremblay en début de semaine.

DÉPLOIEMENT DE POLICIER

Le
service de police de Laval a diffusé un communiqué, vendredi en fin de journée,
pour justifier le déploiement policier qui a pu être observé à l’hôtel de ville
lors de la conférence de presse de M. Vaillancourt. Selon
le service, la décision de procéder à un tel déploiement a été prise à
la suite d’une information reçue d’un autre corps policier laissant croire que
« l’intégrité physique du maire Vaillancourt pouvait être en cause ». Le
service de police ajoute ne pas avoir été en mesure de confirmer ou infirmer
cette information. Douze
policiers étaient présents à l’hôtel de ville pour cette conférence de presse.